Depuis le 18 février jusqu’au 1er mars, plus de 2000 soldats de 33 pays, dont 16 Africains notamment de la zone sahélo-saharienne en proie constante à la menace terroriste, sont en train de participer à l’exercice militaire Flintlock, organisé par le commandement militaire des États-Unis pour l’Afrique (Africom). Pour ses initiateurs, ce plus important exercice international des forces spéciales en Afrique servira à la résolution des conflits de manière inclusive.
Vu le contexte sécuritaire extrêmement difficile de son pays et de ses voisins, le ministre burkinabé de la Défense justifie l’organisation de Flintlock par la convergence des préoccupations des pays de la sous-région : la lutte contre le terrorisme et le banditisme. Ce qui nécessite, selon le parrain américain, une synergie entre les différentes armées engagées. Lesquelles, pour une approche plus «globale» de la question sécuritaire, s’entraîneront à élaborer ensemble des stratégies d’opération, en collaboration avec des équipes de juristes et des responsables de la société civile.
En se projetant jusqu’à l’horizon 2013, un quart du pétrole et des matières premières consommés aux USA proviendrait d’Afrique. Un think tank israélo-américain, l’Institute for Advanced Strategic & Political Studies (IASPS), a préconisé la création d’un Commandement des États-Unis pour l’Afrique (en anglais ‘’United States Africa Command’’ – Africom).
L’annonce de ce dispositif avait suscité une forte résistance en Afrique et aucun État n’a, jusque-là, accepté d’héberger le commandement général, lequel s’est définitivement installé en Allemagne. Africom est donc un commandement unifié pour l’Afrique créé par le Département de la Défense des Etats-Unis en 2007. Entré en fonction en 2008 pendant l’administration Bush, il coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des USA sur notre continent.
Or, si le pays de l’Oncle Sam justifie aujourd’hui le déploiement fréquent d’Africom sur le continent par son souhait de lutter contre le terrorisme international, il serait en réalité vu dans la conception européenne comme un instrument de géopolitique du pétrole et de compétition économique pour contrer les pays du «vieux continent» et d’autres influences, notamment chinoise. De sorte que la création d’Africom nourrit bien de polémiques sur les véritables intentions américaines en Afrique.
Pour de nombreux observateurs, Africom est l’expression de la volonté américaine d’établir des bases militaires sur notre continent. Pour d’autres, ce commandement s’inscrit dans le soutien américain au renforcement des capacités africaines de maintien de la paix amorcé depuis 1996. Cette dernière conception cadre avec les explications officielles américaines qui sous-tendent qu’Africom sert d’abord les intérêts africains afin de mieux défendre ceux des Etats–Unis sur le continent.
Dans le cadre de sa mission de développement et pour rendre durables les actions de sécurité dans la région, le G5 Sahel a élaboré en 2014 un Programme d’investissements prioritaires (PIP) composé de 40 projets régionaux, pour un coût de 2,4 milliards d’euros. Ces projets concernent principalement les zones frontalières du Sahel et illustrent la solidarité et la coopération entre ces pays traversés par les mêmes crises et qui ont choisi d’y apporter une réponse régionale.
Ce Programme d’investissements prioritaires contient principalement des initiatives d’infrastructures en matière de désenclavement (routes, ponts, liaisons aériennes, extension de la couverture téléphonique), d’accès aux ressources (projets agro-hydrauliques, électrification) et de gouvernance (inclusion des femmes, appui à la justice). Il comprend également un programme de stabilisation d’urgence à déployer immédiatement dans les régions les plus vulnérables.
S’il est vrai que la montée du terrorisme et du banditisme est surtout liée à la paupérisation de nos populations, notamment dans la frange juvénile, l’aide financière et matérielle concrète des USA pour soutenir ces projets du G5 Sahel ne serait-elle pas meilleure à une simple manœuvre militaire ?
Gaoussou M. Traoré