Suite à l’affrontement survenu, le vendredi 13 mai, entre les groupes armés du nord, en l’occurrence le GATIA et le Ganda Izo, nous avons rapproché le secrétaire général du Gatia, Fahad Ag AlMahmoud, pour en savoir plus.

Il faut tout d’abord rappeler que N’Daki, où ont eu lieu les combats, est une localité située à 65 Km au sud de Gossi, région de Gao, à la frontière entre le Mali et le Burkina. A la question de savoir comment le Gatia est arrivé dans la zone du Gourma, en général, et dans le village de N’Daki, en particulier, Fahad répond que son organisation est présente, dès sa création, dans le Gourma. Cette présence s’est accentuée en octobre 2014 avec la création, dans la zone, d’une base militaire du GATIA. Cette base, destinée à sécuriser la localité d’Intilit, a, sur l’insistance des populations locales, été élargie à Rhahous. Un autre poste du GATIA a été érigé à Gossi, ainsi que d’autres postes de moindre importance un peu  partout dans les alentours de cette ville. « Grâce à ces structures, le GATIA a pu protéger les populations, notamment les forains contre les razzias des bandits inconnus », narre Fahad. Qui estime cependant que le GATIA n’a jamais souhaité créer de petits postes, lesquels sont source d’insécurité pour ses combattants. C’est donc sur insistance des populations que le poste de N’daki par le GATIA, avec l’assentiment de tous les acteurs militaires de la zone (armée malienne, force Barkahne, MISNUSMA).

Combats

Parlant de l’incident intervenu entre ses hommes et ceux de la milice pro-Mali Ganda-Izo, Fahad le qualifie de « malheureux ». L’affrontement est, à ses dires, arrivé le 13 mai 2016. « Il y a un peu plus d’un mois, un groupe important de combattants appartenant à la communauté peulhe de la sous-région, à bord de 7 véhicules, est venu à N’Daki. Ces combattants ont exprimé le  besoin de créer une base militaire Peulhe à N’daki ; le problème, c’est qu’ils exigeaient que le GATIA quitte les lieux qui, selon eux, est un fief peulh. La GATIA leur a répondu qu’ils n’étaient pas des Peulhs de N’daki mais d’ailleurs et que par conséquent, le GATIA ne quitterait pas ses positions. Il s’est avéré que 11 combattants du nouveau groupe étaient effectivement originaires de N’Daki : le GATIA a accepté qu’ils rejoignent ses rangs pour sécuriser la ville. Il se trouve que cinq jours avant ces événements, le chef du nouveau groupe peulh avait fait dire partout qu’il n’était affilié ni à la Plateforme, ni à la CMA, et que lui et ses hommes formaient un groupe autonome. Pendant les échanges avec la GATIA, un jeune Peulh a tiré en l’air, déclenchant ainsi les combats ». Fahad dit avoir été informé de l’incident par voie de presse, la zone de N’daki n’étant pas couverte par les réseaux téléphoniques. Après un premier accrochage entre les deux groupes, le GATIA a fait 5 prisonniers et a saisi de nombreuses armes. Il y eut 1 mort du côté des Peulhs et 1 blessé dans chaque camp. Le lendemain, samedi 14 mai, les Peulhs revinrent à la charge ; montés sur une quarantaine de motos, ils attaquèrent les positions du GATIA. Qui eut le dessus, faisant prisonniers une dizaine de combattants adverses (dont des Maliens, des Nigériens et des Burkinabé). « Les prisonniers ont été bien traités par les combattants du GATIA », note Fahad.

Apaisement

Lundi 16 mai, suite à la médiation du MAA (Mouvement Arabe de l’Azawad) et des chefs traditionnels peulhs de N’daki, de Boni et de Djibo (au Burkina), le GATIA a libéré les prisonniers. Mais  la grande surprise du Gatia, certains prisonniers auraient refusé de rejoindre Ganda-Izo, leur groupe d’origine, émettant le souhait d’entrer au GATIA. « Les pourparlers sont en cours ; en attendant leur intégration éventuelle dans le GATIA, ils ont donc décidé de rester avec les combattants du GATIA à N’daki », fait savoir notre interlocuteur.

Pour Fahad, depuis la période précoloniale,  les Touaregs Imghads (principale composante du GATIA) ont régulièrement affronté les Peulhs. La colonisation française a fait que cette inimitié s’est transformée en fraternité et depuis lors, les deux communautés ont entretenu de bons rapports. « Elles ont intérêt au retour de la paix », conclut Fahad.

Abdoulaye Koné

Source: Le Procès Verbal