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Affaire Khashoggi: Ben Salman a plus à craindre de la «menace intérieure»

Mohammed ben Salman s’est pour la première fois exprimé publiquement ce mercredi 24 octobre au sujet de la mort de Jamal Khashoggi. Le prince héritier a brisé le silence à l’occasion de la conférence internationale sur l’investissement de Riyad, largement boudée par les Occidentaux en raison du scandale. Mohammed ben Salman a évoqué un « incident douloureux », un « acte abject » et promis de faire prévaloir la justice. Les pays alliés de l’Arabie saoudite réclament que la lumière soit faite. Pour Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, si menace il y a pour le prince héritier, elle viendra plutôt de l’intérieur.

Pour Pierre Conesa, malgré la réaction ferme des Occidentaux sur l’affaire Khasoggi, prince héritier saoudien Mohammed ben Salman devrait s’en tirer à bon compte et l’Arabie saoudite ne pas trop souffrir de ses relations avec les grandes puissances. « Il (Ben Salman) peut faire amende honorable, ça ne veut pas dire que les Occidentaux et en particulier les Américains vont demander sa tête. Par contre, la menace peut venir de l’entourage. L’Arabie Saoudite, c’était un système assez consensuel de redistribution de la rente, et Mohammed Ben Salman a tout à fait installé une espèce de verticale du pouvoir et de ramener tout à lui-même. Or, cette affaire Khashoggi vient après une longue série d’échecs et de fautes de Mohammed Ben Salman. La guerre au Yémen quand il était ministre de la Défense, l’embargo sur le Qatar qui tourne exactement au désavantage de l’Arabie Saoudite ».

« On connaissait les pratiques de MBS »

L’ancien haut fonctionnaire s’étonne à peine de la réaction de Donald Trump depuis le début de l’affaire. « Cet homme, on en connaissait les pratiques. Pourquoi les Occidentaux ont-ils fermé les yeux et tout d’un coup font-ils semblant de les ouvrir à propos de l’affaire Khashoggi ? S’il y a une explication c’est que, d’abord, c’est un journaliste dans un journal américain. Trump ne peut pas se permettre de passer l’éponge autour d’un journaliste américain. La presse est suffisamment puissante. Le Washington Post est quand même le principal média d’opposition à Trump, je crois qu’il est obligé, vis-à-vis du reste de la population américaine, d’avoir une attitude ferme. »

Pierre Conesa pense que la famille du défunt journaliste devrait poursuivre l’affaire devant les tribunaux américains. « Si j’étais membre de la famille Khashoggi je déposerais plainte auprès de la justice américaine. Parce que cette justice a tellement montré ses pouvoirs d’extraterritorialité que c’est une manière de ficeler Trump dans ses futures relations avec l’Arabie saoudite qui ne peut pas résister non plus à la justice ».

RFI

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