Le 22 avril 2025, la justice malienne a une fois de plus démontré qu’elle demeure une institution résolument attachée aux principes de l’État de droit. Ce jour-là, le juge d’instruction du cabinet n°9 du Pôle économique et financier de Bamako a prononcé la mise en liberté provisoire de deux personnalités de haut rang : M. Issiaka Sidibé, ancien président de l’Assemblée nationale, et M. Mamoutou Touré, président de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT). Une décision légale, encadrée par la loi, et qui rappelle que la justice n’est pas affaire de popularité, mais de règles de droit appliquées avec impartialité.
Une décision conforme à la procédure, suspendue par un recours légitime
Bamada.net-Bien que cette mise en liberté provisoire ait suscité de vives réactions dans l’opinion, elle n’a nullement signifié l’arrêt des poursuites judiciaires. En effet, dans le cadre légal malien, le ministère public dispose d’un droit fondamental : celui d’interjeter appel d’une ordonnance de mise en liberté dans un délai de trois jours. Le parquet général a exercé ce droit, suspendant ainsi l’exécution immédiate de la décision dans l’attente de la position de la chambre d’accusation.
Ce recours, loin d’être une entrave, fait partie intégrante de l’équilibre procédural. Il témoigne de la volonté de la justice de respecter toutes les voies de recours et d’assurer un traitement rigoureux de chaque dossier.
Un dossier emblématique d’un engagement judiciaire pour la transparence
Le dossier dans lequel sont impliqués M. Sidibé et M. Touré remonte à une période allant de 2013 à 2020, et porte sur des faits présumés de gestion délictueuse des fonds publics de l’Assemblée nationale du Mali. Les accusations formulées par les autorités judiciaires reposent sur des enquêtes méticuleuses menées par les services compétents de l’État. Aux côtés des deux mis en cause figure également M. Mamadou Diarrassouba, ancien questeur du Parlement et ex-membre du Conseil national de Transition.
Depuis leur inculpation et leur incarcération le 9 août 2023, les personnes concernées ont vu leur situation évoluer dans le respect scrupuleux du Code de procédure pénale. Leur libération provisoire, aujourd’hui remise en question par le parquet, constitue une étape procédurale normale et encadrée, loin de tout arrangement.
Défendre la justice, c’est défendre l’équité
Dans un pays comme le Mali, où les attentes en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption sont immenses, la justice est souvent mise sous pression. Pourtant, il est essentiel de rappeler que la magistrature n’est pas là pour venger, ni pour plaire à une opinion publique avide de sanctions immédiates. Son rôle est d’instruire, de juger avec impartialité, et de garantir à chaque citoyen – quel que soit son rang – le droit fondamental à un procès juste et équitable.
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La mise en liberté provisoire n’est ni une grâce, ni un abandon de procédure : elle s’inscrit dans le respect du principe de présomption d’innocence. Défendre la justice, c’est aussi défendre ce principe, indispensable à toute démocratie.
Ne pas instrumentaliser la procédure
La justice ne doit ni se soumettre aux passions, ni devenir l’instrument de règlements de comptes politiques ou sociaux. Elle doit continuer à agir avec rigueur, mais aussi avec retenue, en se fondant exclusivement sur le droit. Toute tentative de pression ou d’instrumentalisation de la procédure judiciaire serait une menace directe à l’indépendance des magistrats et à la stabilité de notre État de droit.
En ce sens, il convient de saluer le professionnalisme avec lequel le Pôle économique et financier conduit ce dossier depuis son ouverture. Les magistrats, en assurant à la fois la poursuite des enquêtes et le respect des droits de la défense, prouvent que notre justice reste debout.
La responsabilité citoyenne
Il revient également à chaque citoyen, à chaque acteur politique ou médiatique, de faire preuve de retenue et de discernement. Comment prétendre construire un Mali nouveau si nous ne faisons pas confiance aux institutions censées incarner notre pacte républicain ?
Au moment où la justice est appelée à se prononcer sur des dossiers sensibles, Bamada.net tient à rappeler l’importance de la patience, du respect de la procédure, et du refus de toute interférence extérieure. Laissons la justice faire son travail. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle pourra pleinement jouer son rôle de garant de la vérité, de l’équité et de la paix sociale.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net