Après une première comparution le 4 avril 2018, le présumé terroriste, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud sera à nouveau devant les juges de la Cour pénale internationale, ce 8 juillet 2019, pour la confirmation de ses charges. Cet ex-commissaire islamique très craint lors de l’occupation jihadiste en 2012, à Tombouctou, avec plusieurs dizaines d’hommes sous ses ordres, aurait arrêté des personnes qui ne respectaient pas cette loi et les présentait devant le tribunal islamique, ou encore appliquait les décisions énoncées par ses juges.
Le 31 mars 2018, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud a été remis à la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre de charges de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre qui auraient été commis à Tombouctou. Sa remise fait suite à un mandat d’arrêt délivré le 27 mars 2018 par la Chambre préliminaire I (« la Chambre »). Le 4 avril 2018, Al Hassan a été présenté au juge unique de la Chambre pour l’audience de comparution initiale, qui s’est tenue en présence de son conseil et du Procureur. Le juge unique avait fixé initialement la date provisoire d’ouverture de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire « Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud (« l’affaire Al Hassan ») au 24 septembre 2018. Cette date a été décalée au 8 juillet 2019 par décision du 18 avril 2019 au lieu du 6 mai 2019 (précédente décision du 20 juillet 2018). Cette nouvelle date correspond à un ajustement nécessaire, justifié par des questions procédurales, selon la CPI.
Visé par un mandat d’arrêt délivré le 27 mars par la CPI, ce jihadiste malien présumé a été transféré de Bamako à La Haye le 31 mars. Selon un communiqué de la CPI, il est reproché à ce présumé terroriste, des charges de Crimes de guerre, contre l’humanité (torture; viol et esclavage sexuel; persécution de la population de Tombouctou pour des motifs religieux et sexistes ; et autres actes inhumains) et crimes de guerre (viol et esclavage sexuel ; atteintes à l’intégrité corporelle et atteintes à la dignité de la personne ; attaques intentionnellement dirigées contre des bâtiments consacrés à la religion et monuments historiques ; et condamnations prononcées sans un jugement préalable, rendu par un tribunal régulièrement constitué et assorti des garanties judiciaires généralement reconnues comme indispensables) commis à Tombouctou, au Mali, entre avril 2012 et janvier 2013.
Touareg de la tribu des Kel Ansar, Al Hassan est originaire de la communauté d’Hangabera, située à une dizaine de kilomètres au nord de Goundam. Il est un ex-membre présumé d’Ansar Eddine, un groupe jihadiste malien qui a fait régner la charia aux côtés d’Aqmi à Tombouctou entre avril 2012 et janvier 2013.
Il aurait notamment été commissaire de la police islamique dans la cité aux 333 saints et chargé d’y faire respecter la charia (la loi islamique) par la population civile. Avec plusieurs dizaines d’hommes sous ses ordres, il aurait arrêté les personnes qui ne respectaient pas cette loi, les présentait devant le tribunal islamique, ou encore appliquait les décisions énoncées par ses juges.
Craint de la population de Tombouctou à l’époque de l’occupation de la ville par les jihadistes, Al Hassan se serait aussi rendu coupable de crimes sexuels contre des femmes. Il aurait ainsi laissé faire des mariages forcés entre des combattants et des femmes de Tombouctou, lesquels étaient très souvent synonymes de viols et d’esclavage sexuel.
« Le transfert d’Al Hassan à la CPI permet d’enfin mettre l’accent sur les très nombreux crimes sexuels commis par les différents groupes armés lorsqu’ils ont occupé le nord du Mali entre 2012 et 2013 », explique Florent Geel, directeur Afrique à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui avait déposé plainte contre lui et 14 autres auteurs présumés de crimes similaires en mars 2015 devant la justice malienne.
Par Sidi DAO