Dans l’affaire Al Faqi pendante à son niveau, la CPI a accordé une réparation individuelle et collective aux personnes considérées comme ayant le plus souffert de la destruction des bâtiments protégés, du fait du lien exclusif qu’elles ont avec ces monuments. L’annonce a été faite au cours de la deuxième réunion du Comité de pilotage de l’affaire l’Al Faqi le vendredi 5 juillet 2024 au ministère de la Culture. Elle a regroupé le maire de la Commune rurbaine de Tombouctou, Aboubacrine Cissé, la représentante du Fonds au profit des victimes, Aulde Le Goff, le représentant de l’Unesco au Mali, Ali Daou, celui du gouverneur de Tombouctou, Malick Guindo et plusieurs autres partenaires.
Selon le comité de pilotage, la Cour pénale internationale a établi que la destruction des bâtiments protégés a eu des impacts négatifs sur les communautés de Tombouctou. Les préjudices sont moraux, sociaux, économiques, culturels, affectent le tissu social et économique de Tombouctou désorganisé du fait de déplacements massifs, de l’interdiction de certaines activités par les femmes et des artistes, de la fermeture d’espaces de loisirs et des hôtels. Le tout au grand dam du tourisme, une source principale des revenus de la ville.
La Cpi a donc ordonné plusieurs mesures de réparations collectives destinées à la communauté de Tombouctou pour répondre à ses préjudices matériels, économiques, sociaux et psychologiques. Le Fonds les met en œuvre à travers trois dispositifs : le dispositif de Restauration du patrimoine culturel, le dispositif de commémoration et le dispositif de résilience économique. L’objectif de la deuxième réunion consistait à faire le compte rendu de la session de la Cpi aux parties prenantes de l’affaire Al Faqhi. Ainsi, les membres du Comité de pilotage ont affirmé que des indemnités individuelles accordées sont destinées à réparer le préjudice économique, le préjudice moral ou les deux. Il s’agit d’une compensation monétaire dont le montant confidentiel varie en fonction du préjudice subi. Le nombre de victimes potentiellement éligibles avait été initialement estimé par le Fonds, dans son plan d’implémentation, à 1217 personnes, soit 1000 pour le préjudice moral et 217 pour le préjudice économique. Cette évaluation était basée sur les échanges préliminaires avec les représentants des différentes familles descendant des saints dont les mausolées ont été détruits et des personnes – ressources ayant une connaissance approfondie de Tombouctou.
Selon le ministre, Andogoly Guindo, «ce programme de réparations a permis, dans une approche participative et inclusive, de réaliser plusieurs activités. Il s’agit, notamment, la réalisation des études techniques et architecturales, la reconstruction d’un mausolée détruit, le renforcement de la protection des mausolées de saints par la réhabilitation du mur de clôture de deux cimetières et le lancement des travaux de plantation d’arbres et de haies vives autour des enceintes de cimetières… j’ose espérer que les bénéfices et les impacts attendus du programme permettront de renforcer la résilience des communautés victimes, la promotion de la culture de la paix, la cohésion sociale, le dialogue des cultures, le vivre ensemble et de recoudre le tissu social, car le patrimoine culturel est sans doute facteur de toutes ces valeurs fondamentales sociales.»
Rokia Coulibaly, stagiaire