Sitan Ouattara s’est forgée une réputation par la singularité de son profil : Pilote d’amphibie, unique personnel féminin à être déployé au sein d’une force spéciale sur la ligne de front, spécialiste en neutralisation et destruction des explosifs… Les choix hardis de l’adjudant Sitan en disent long sur son amour du métier des armes. Certainement influencée par son père, désormais commandant à la retraite, elle a manifesté dès son enfance cet amour pour le métier des armes. «Je regardais beaucoup les films et documentaires sur la vie militaire, surtout sur le champ de bataille», se souvient-elle. Ce qui l’a d’ailleurs confortée dans sa conviction que c’est le métier le plus noble, au grand dam de sa mère qui a toujours estimé que cette profession était réservée aux hommes.
Le rêve de l’adjudant Sitan Ouattara se concrétise en 2006. En effet, cette année-là, elle est incorporée au compte du Génie militaire, après avoir interrompu ses études secondaires. Elle suit sa formation au Centre d’instruction (CI) de Markala, avant d’être affectée à la 262è FCG (Compagnie de franchissement du Génie). Là, le soldat de 2è classe Sitan suivra la formation de franchissement et de pilotage d’amphibie avec les Allemands. Parmi les sept pilotes à passer le permis, elle était le seul personnel féminin.
Un exploit qui a valu à la jeune dame désignée, avec un autre personnel féminin, pour une mission de franchissement à Kayes en 2009. «Cette mission a été un franc succès», se félicite notre amazone qui a passé au grade de 1ère classe en 2011. La même année, elle a fait le CAT1 (certificat d’aptitude numéro1).
Déterminée, la jeune dame s’est portée volontaire pour la force spéciale qui, de Sofara, avait été redéployée, fin 2012, sur la ligne du front à Konna pour contrer l’avancée des terroristes. Au sein de cette force d’élite, elle était l’unique personnel féminin. Pour l’adjudant Ouattara, les femmes suivent les mêmes formations que les hommes, donc rien ne les empêche d’aller défendre leur pays au front. Une expérience qui lui a permis d’apprécier l’engagement du soldat malien à sa juste valeur. De retour de Konna, Sitan intègre l’École des sous-officiers d’active de Banankoro. «Cela a coïncidé avec l’attaque de Konna où j’ai perdu plusieurs compagnons d’armes», dit-elle, d’un ton triste. Après cette formation, elle a été désignée instructeur pour le CAT1 et 2 en 2014, puis examinateur pour la sortie des contingents 2015.
Aussi, Sitan Ouattara a été trois fois au Bénin pour des formations sur l’EOD1 (identification des munitions), l’EOD2 (neutralisation des explosifs) et l’EOD3 (neutralisation et destruction des explosifs) au Centre de perfectionnement à l’action post-conflictuelle de déminage et de dépollution (CPADD).
En 2016, elle a fait la démolition avec les éléments de (The Development Initiative) à Sogoîba. Et l’année suivante, elle a suivi la formation des moniteurs-contre EEI (engins explosifs improvisés) avec la Mission de formation de l’Union européenne au Mali et décroché son BA1 (brevet d’armes numéro1). Ajoutez-y une formation en fouilles complémentaires avec les légionnaires, à l’issue de laquelle elle a été sélectionnée pour une mission à Gao pour le chantier de l’axe Gao-N’taka.
«Issue d’une famille de militaires, j’avais cette vocation depuis mon jeune âge. Je voulais l’être, enfin je le suis. Dieu merci !», explique l’adjudant Sitan Ouattara, qui arrive à combiner sans problème sa vie professionnelle et sa vie de famille. Son secret ? « Juste une question de préparation mentale. Il s’agit d’accepter de souffrir comme le dit le slogan des militaires », répond notre sous-officier.
Depuis 2018, notre Amazone est affectée au Secrétariat permanent pour la lutte contre la prolifération des armes légères et de petits calibres. Et elle adapte, là aussi, son profil à ce nouvel environnement à travers des formations.
A. D.
Source: Journal L’Essor-Mali