Alors qu’il était annoncé pour fin mars, le congrès de l’Adema-Pasj a finalement été repoussé de deux mois. Si le non renouvellement en entier des différentes structures du parti est évoqué comme principale cause de ce report, la « guerre » de positionnement de certains cadres dans la course à la présidence du parti ferait également des ravages dans la Ruche.
Seules deux candidatures pour la présidence du parti sont officiellement déclarées et actées au niveau du Bureau exécutif de l’Adema, selon une source interne. Il s’agit de celles du président sortant, le Pr. Tiémoko Sangaré, ancien ministre, qui veut rempiler après un premier mandat, et du Secrétaire général adjoint de la section de Sikasso, Adama Noumpounon Diarra, qui a perdu suite à l’arrêt de la Cour constitutionnelle les élections législatives de mars 2020.
À côté de ces deux candidatures, d’autres noms circulent, à l’instar de ceux de Moustapha Dicko, déjà candidat à la candidature du parti en 2018, d’Abdoul Karim Konaté dit Empé, ancien ministre du Commerce, de Dramane Dembélé, ancien candidat à la présidentielle de 2013, de Marimantia Diarra, Vice-président actuel et membre du CNT ou encore de Yaya Sangaré, ancien ministre de la Communication et actuel Secrétaire à la communication du parti. Mais, toujours à en croire notre source, aucune de ces potentielles candidatures n’est encore parvenue au Bureau exécutif national de l’Adema.
Le dernier cité affirme d’ailleurs qu’il n’a, jusqu’à preuve du contraire, pas annoncé sa candidature et qu’il « travaille plutôt à ce qu’il y ait une équipe qui puisse prendre en main les destinées de notre parti ». « Je m’inscris dans une logique de leadership d’équipe et si, au finish, mes camarades pensent que je peux remplir ce rôle, je ne m’y déroberai pas », clame Yaya Sangaré.
Retour des vieux démons ?
Comme à la veille de chaque congrès de l’Adema ou lors de la tenue des primaires pour la désignation du porte-étendard des Abeilles à une élection présidentielle, les divergences de position entre les cadres et l’absence de consensus autour d’une personnalité semblent refaire surface.
« Personne ne veut céder la place à l’autre. Chaque fois qu’il y a des élections, chacun pense en réalité qu’il est la personne idéale au sein de cette formation politique pour en être le porte-flambeau. C’est ce qui explique la pluralité des candidatures à l’Adema. Ce sont des questions d’ambitions personnelles », souligne le politologue Dr. Bréhima Mamadou Koné, qui pointe également un problème de leadership au sein de la Ruche.
« Le Président actuel n’est pas un homme de consensus, ni un homme d’union qui puisse jouer sur la psychologie mobilisatrice pour une convergence des points de vue, afin que les uns et les autres puissent sortir des positions tranchées au sein du parti », dit celui pour lequel il ne faut pas exclure l’éventualité d’une dissidence dans l’Adema avant la présidentielle de 2022.
« Je pense qu’ils ont dû repousser le congrès parce qu’ils ont intérêt à stabiliser le parti sur plusieurs plans, pour éviter que certains cadres ne quittent le navire », ajoute Dr. Koné.
Mais, pour Yaya Sangaré, la pluralité des candidatures à la présidence de l’Adema ne doit pas être source de divisions ni de déchirures, mais participera plutôt d’une dynamique démocratique, étant donné que toutes les personnes qui aspirent à diriger l’Adema portent un projet et une vision pour le parti mais aussi pour le Mali.
« Contrairement à beaucoup d’autres partis, l’Adema n’appartient à personne. C’est un parti de masse et ce qui se dit aujourd’hui autour de l’alliance n’est pas nouveau. À chaque congrès les gens annoncent une implosion. Ce qui ce qui se dit dénote un peu de la vitalité de notre parti. Cela prouve également que la démocratie y règne et que chacun est libre d’exprimer ses opinions et de se porter candidat », soutient le Secrétaire à la communication.
À l’en croire, la nouvelle échéance établie pour le renouvellement de toute les sections du parti devra être respectée pour la tenue d’un congrès « apaisé et inclusif » en juin prochain.
Germain Kenouvi
Source : Journal du Mali