Les ministres ADEMA se sentent redevables à IBK qui a directement négocié avec eux pour qu’ils entrent dans le gouvernement. C’est une pratique que l’actuel président de la République avait lui-même combattue sous ATT. Aujourd’hui, c’est Kalifa Sanogo, le maire de Sikasso, qui se bat contre la même pratique dont l’une des conséquences est l’allégeance des ministres au chef de l’Etat.
«Il est candidat », assène Dr. Abdoul Kader Diamoutènè, assis à table aux côtés de Sambou Sissoko, responsable de communication à la coalition Kalifa 2018. Derrière les deux hommes se trouve plaquée au mur une photo de Kalifa Sanogo. Le 18 novembre, cette coalition avait déjà montré sa détermination à cheminer avec le candidat Kalifa Sanogo même si l’ADEMA en décidait autrement. Et le maire de Sikasso, semble être prêt à saisir l’occasion. Le 24 décembre dernier, sur Africable TV, il a dit qu’il mettait fin au dilatoire.
Kalifa a été choisi par la section ADEMA de Sikasso en 2017 pour être le candidat de l’ancien parti au pouvoir, mais le parti le bloque, selon les militants de Sikasso. « Nous, nous sommes en train de mener un combat féroce au sein du parti, pas pour Kalifa mais pour le parti. Ceux-là qui sont en train de violer les textes du parti ne le font pas pour le parti mais pour leur propre intérêt », a poursuit Dr. Diamoutènè.
Le CE ADEMA est accusé de trainer volontairement le pas pour ne pas voir à choisir un candidat autre que IBK à la présidentielle 2018. L’année dernière, l’ADEMA a organisé une retraite à l’hôtel Timbouctou lors de laquelle il a été choisi de chercher un candidat consensuel. Si les membres du CE n’arrivent pas à trouver cet homme providentiel au sein de l’ADEMA, ils vont le chercher en dehors du pari. «Cela démontre clairement de la volonté du comité exécutif actuel de ne pas chercher un candidat. Ils veulent seulement accompagner le président IBK », indique Dr. Diamoutènè.
Kalifa, membre fondateur de l’ADEMA, militant de première heure de ce parti, n’est pas dans cette dynamique. Et d’ailleurs, il y a d’autres militants qui ne sont pas dans cette dynamique, y compris les militants de la section ADEMA de Sikasso. Et c’est cette section qui a proposé Kalifa qui venait de faire un score remarquable lors de l’élection communale de novembre 2016. «La section ADEMA de Sikasso voulait un candidat parce que cela a été proposé lors de la 15è conférence nationale. Vu que Kalifa est présidentiable, ils ont donc choisi un candidat au niveau de la région qui peut se présenter à la candidature interne », raconte Sambou Sissoko.
Selon ce dernier, si l’ADEMA n’arrive pas à choisir un candidat jusqu’à présent, c’est parce qu’il y a un vilain principe qui a été instauré au détriment des partis. «C’est une pratique qui a commencé sous ATT. Quand ils veulent nommer les ministres, ils ne passent pas par les partis ; ils essayent de négocier directement avec la personne », déclare Sambou.
Une fois nommée ainsi, la personne ne se sent pas liée au parti, elle se sent liée à la personne qui l’a nommé ministre. « Je me rappelle bien Toumani Djimé Diallo. ATT voulait le nommer ministre, IBK a refusé parce que ATT n’était pas passé par le parti. C’est ce qui se passe au niveau de l’ADEMA. Tous les ministres ADEMA qui sont là, ce n’est pas le parti ADEMA qui les a mis là-bas. Donc ils se sentent au compte d’IBK plus qu’au compte du parti », affirme Sambou Sissoko.
C’est cette pratique qui est à l’origine de tous les problèmes, dit-on dans l’entourage de Kalifa Sanogo. Si les ministres se sentaient liés au responsable du parti qui l’a nommé, ils n’allaitent pas se comporter de cette manière. « Pour changer cette situation, il faudrait que les militants à la base plus les candidats qui sont décidés à aller vers une candidature interne parlent le même langage pour provoquer un congrès extraordinaire. Et cela est possible parce que sur les 55 sections, il suffit que les 3 /4 acceptent », rassure Sambou Sissoko.
Mais la coalition Kalifa 2018, elle va au-delà de l’ADEMA en fédérant plusieurs mouvements et organisations d’origines diverses. Elle représente un peut tous ceux qui sont dans la dynamique de la rupture d’avec le régime. Trente partis politiques et plus de 100 associations y sont représentés, selon ses membres. Par ailleurs, beaucoup de chefs de parti acquis à l’alternance ont pris contact avec Kalifa Sango : Soumaila Cissé, Modibo Sidibé, Moussa Sinko Coulibaly, Yeah Samaké.