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Adama Kané : « Les députés sont dans une posture qui les met mal à l’aise »

Candidat malheureux à la présidentielle de 2018, où il avait récolté 0,8% des suffrages, terminant 16ème sur 24 candidats, Adama Kané est discret sur le terrain, mais pas sur les réseaux sociaux. Député à l’Assemblée nationale, l’élu y affiche ses convictions et ses prises de position, le plus à souvent à l’encontre du gouvernement.

 

Vous avez récemment demandé la démission du chef de l’État. Quelle alternative proposez-vous ?

Je suis profondément attaché aux institutions de la République. Si j’ai eu à faire cette demande, c’est suite à tout ce qui a concouru à nous mener à cette situation. L’élection du Président pour un second mandat n’y est pas étrangère. Depuis bientôt un an et demi qu’il a été investi, la situation a empiré. Il n’arrive pas à mener le pays dans une bonne direction. Mais, franchement, je dois le dire, n’ayant pas beaucoup de solutions alternatives, s’il venait à partir, je demanderai à réfléchir.

L’un des partis soutenant votre candidature en 2018 demandait le départ des forces étrangères. De nombreux Maliens adhèrent à ce discours. Les comprenez-vous ?

Je les comprends. Ils sont exacerbés par l’échec de leur présence. Mais je ne suis pas davantage convaincu que leur départ nous apportera plus de stabilité. Nous n’avons pas de force alternative solide et aguerrie pour leur succéder, même si elles ne nous donnent pas satisfaction pour contenir une menace qui s’est aggravée. Dire que ceux qui sont venus nous aider connaissent nos ennemis ou sont au courant de leurs faits et gestes? Je pense que les forces alliées doivent l’être au même titre que nous. Je suis d’avis que puisqu’elles sont déjà là les forces vives de la Nation doivent plutôt essayer de tirer le meilleur d’elles plutôt que de réclamer leur départ, qui laisserait un vide que notre armée actuelle ne saurait combler. Ceux qui peuvent le faire, ce sont des personnes dont les voix portent, notamment le Président de la République, ou encore comme vu récemment le chanteur Salif Keita. Ils peuvent contribuer à équilibrer le rapport de forces qui existe entre l’État Malien et ses partenaires.

Beaucoup de Maliens sont sceptiques quant au travail des députés…

Je le comprends. Quand l’Assemblée était dans son mandat normal, nul ne pouvait ignorer le nombre d’interpellations, de questions posées au gouvernement. Les députés sont actuellement dans une posture qui les met mal à l’aise. Notre pays a organisé une élection présidentielle et n’a pas pu organiser de législatives. Ce n’est pas un bon signal démocratique. Les ministres interpellés ne fourniront plus d’efforts parce qu’ils peuvent remettre en cause la légitimité de ceux qui le font.

Journal du mali

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