Le Centre international de conférences de Bamako (CICB) abrite, du 13 au 15 juillet, des journées d’information à l’attention des membres du Conseil national de transition (CNT) sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. La cérémonie d’ouverture était présidée, hier mardi, par le premier-vice-président du CNT, Assarid Ag IMBARCAOUNE, en présence de la représentante du chef de la MINUSMA, Joanne ADAMSON, et les membres du CNT.
Donner une nouvelle dynamique à l’accord
Le président de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation, de la justice, des droits de l’homme et des institutions de la République, Souleymane DE, a rappelé que le Mali est un État en crise depuis l’indépendance. Il a souligné que les différentes crises ont occasionné quatre ruptures de la légalité instaurant un climat d’instabilité institutionnelle, la signature de trois Accords de paix pour endiguer les crises sécuritaires nées des rébellions.
Selon lui, les accords politiques constituent un instrument de règlement des conflits qui reflètent les limites ainsi que les insuffisances de toutes les normes juridiques au plan interne.
« Ils sont très complexes, politiquement difficiles à mettre en œuvre et financièrement coûteux. Pour autant, ils se présentent comme une solution à ces conflits caractérisant désormais le nouveau désordre international », a affirmé Souleymane DE.
Il a fait comprendre que la mise en œuvre de chacun des accords a pesé sur notre architecture institutionnelle et sur notre gouvernance.
Pour M. DE, le premier piège au demeurant de ces journées d’information serait d’identifier et de restituer les différents accords que le Mali a connus de l’indépendance à nos jours sur la crise au Nord, alors même que les contextes de leurs signatures ne se recoupent pas.
« Face à l’impuissance du droit à réguler ces crises, force est de constater que les accords de paix ont encore de beaux jours devant eux. Mais, sont-ils réellement efficaces ? Concilient-ils le droit et la politique ? Sont-ils vraiment la solution ? S’ils ne parviennent pas, d’une part, à instaurer la paix, d’autre part, à être appliqués ? Quelles sont les difficultés d’application ? Quelle est la place de la communication, du degré de dissémination ? Quels sont les instruments de la réconciliation nationale ? », s’interroge Souleymane DE.
Il a soutenu que ces questionnements méritent une réponse dans un contexte de désinformation, de rumeur et de manipulation sur les réseaux sociaux, dans les médias et autres supports de communication. Ce qui n’est pas de nature à faciliter le dialogue, mais plutôt à entretenir un climat de doute et de méfiance entre acteurs, d’une part, et à l’endroit des forces étrangères et des missions onusiennes qui soutiennent le processus de paix dans notre pays, d’autre part.
Selon Souleymane DE, la situation sécuritaire du pays et les débuts de contestations de plus en plus grandissants de la présence des forces armées étrangères au Mali exigent la relance de la vulgarisation de l’Accord pour la paix de Bamako, la levée des obstacles à sa mise en œuvre.
Faible appropriation du contenu de l’Accord
La représentante de la MINUSMA, Joanne ADAMSON, a indiqué que l’intérêt de la Mission onusienne à la fin de ces journées d’échanges est d’aboutir à une meilleure compréhension par les membres du CNT des différentes dispositions de l’Accord avec l’espoir que cela favorisera davantage leur implication dans le processus de paix.
Elle a apprécié le fait que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix soit inscrite parmi les priorités de la Charte de la transition.
« La mise en œuvre d’un accord pour la paix suscite parfois des préoccupations légitimes de part et d’autres. C’est pourquoi, depuis sa signature jusqu’à la date d’aujourd’hui, l’Accord pour la paix et la réconciliation fait l’objet de beaucoup de controverses souvent nourries par une déférence de points de vue sur certaines dispositions tant dans sa lettre que dans son esprit », a reconnu la représentante de la MINUSMA.
Pour elle, le faible niveau d’appropriation national des dispositions de l’Accord est à la base de méfiances de beaucoup de Maliens.
Elle a soutenu que le rôle du Conseil national de Transition est essentiel pour la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix en cette période pour insuffler une nouvelle dynamique positive porteuse de plus d’espoir pour une paix durable et pérenne.
Mme ADAMSON compte sur l’engagement des membres du CNT à aller dans le sens de la mise en œuvre dynamique de l’Accord pour la paix en veillant à ce que le processus soit inclusif, transparent et soutenu.
Trouver des réponses aux appréhensions
Le premier vice-président du CNT, Assarid Ag IMBARCAOUANE, a ajouté qu’après 6 ans d’existence la mise en œuvre effective de l’Accord pour la paix constitue plus que jamais pour le Mali et ses partenaires un centre d’intérêt majeur.
Il a noté que l’application de l’Accord connaît des avancées notoires, avant de souligner qu’elle continue aussi d’enregistrer diverses appréhensions auxquelles des réponses idoines doivent être nécessairement trouvées.
« L’objectif ultime de l’Accord étant de recoudre le tissu social malien, nous nous devons, chacun en ce qui le concerne, de veiller à sa mise en œuvre efficace et efficiente tout en faisant en sorte que toutes les parties prenantes puissent cheminer collégialement dans la même direction pour le sursaut du Mali. De là ressort d’ailleurs toute l’importance pour les membres du CNT de s’approprier davantage du contenu de l’Accord et des éventuelles insuffisances relevées dans son application », a déclaré le premier vice-président du CNT.
Il a rassuré que le CNT demeure déterminé à s’acquitter, avec lucidité, de toutes ses obligations visant à conforter le processus de mise en œuvre de l’Accord.
Les thématiques qui sont décortiquées et débattues au cours de ces trois jours d’atelier sont entre autres : vision du gouvernement sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation : défis et opportunités ; esprit de l’Accord et grands principes généraux ; questions de défense et de sécurité ; développement socio-économique et culturel ; réconciliation, justice et questions humanitaires.
PAR MODIBO KONÉ
Source: Info-Matin