Organisé du 26 au 28 octobre dans un hôtel de Bamako par le Centre pour le Dialogue humanitaire (HD), cet atelier national a permis d’instaurer un cadre d’échanges entre les médiateurs agro-pastoraux, les autorités administratives ainsi que les partenaires techniques et financiers en matière d’amélioration des cadres législatifs. Il participe surtout aux efforts de prévention et de résolution des différends liés à l’accès aux ressources naturelles, à la transhumance et la prise en charge des besoins de développement.
Ces journées d’échanges s’inscrivaient dans le cadre de la mise en œuvre du Projet médiation agropastorale au Sahel, financé par l’Union européenne avec l’appui des royaumes du Danemark et des Pays-Bas. Un projet dicté par la nécessité d’instaurer des cadres formels d’échange entre les communautés pastorales et agricoles qui sont aujourd’hui confrontées à la raréfaction des ressources naturelles.
Ce qui a engendré des tensions, amplifiées par l’insécurité que vit le Sahel depuis quelques années. À travers ce projet, le Centre pour le dialogue humanitaire (HD) appuie près de 2.000 leaders communautaires repartis en réseaux à travers 129 communes frontalières, dans leurs efforts de médiation et de gestion des conflits d’accès aux ressources naturelles.
La cérémonie de clôture des trois jours de travaux a été présidée, mercredi dernier, par le secrétaire général du ministère de Réconciliation nationale, Attaher Ag Iknane. C’était en présence des représentants du ministère des Affaires foncières, du Médiateur de la République et du Représentant spécial du président de la République pour le Centre.
Après les mots de bienvenue du représentant du Centre pour le dialogue humanitaire (HD), Amadou Almoustapha, le secrétaire général du ministère de la Réconciliation nationale a souligné que la survie des agropasteurs est dépendante de leur accès, de plus en plus compromis, aux ressources naturelles. Avant de déplorer la résurgence des conflits armés dans la bande sahélienne qui a perturbé les cycles de transhumance et suscité la méfiance entre les différentes communautés. C’est dans ce contexte que «certains conflits opposant les communautés agropastorales pour l’accès aux ressources, se retrouvent souvent instrumentalisés par des groupes armés rivaux présents à travers la région sahélienne», a regretté Attaher Ag Iknane.
Convaincu que la démarche entreprise par le Centre HD permettra sans doute du temps pour trouver des solutions aux diverses difficultés, le secrétaire général a invité les acteurs du processus à s’impliquer davantage dans la prévention et la résolution des conflits par les mécanismes endogènes et flexibles.
À sa suite, le porte-parole des médiateurs communautaires, Hadji Bah, a rappelé leurs contributions dans la consolidation de la cohésion sociale et du vivre ensemble, avant d’énumérer les principales difficultés persistantes. «Depuis avril 2019, nous avons contribué à la résolution de 340 conflits sur 400 saisines, récupéré 1.250 têtes de bétail sur 1.366 animaux déclarés volés ou égarés. S’y ajoutent 5 motos et la somme de 1.750.000 de Fcfa», a détaillé Hadji Bah.
Parmi les difficultés, il citera l’inadéquation du cadre légal avec les réalités du terrain, la faible disponibilité des points d’eau et leur répartition inadéquate en période de soudure, l’insuffisance d’intrants zootechniques et agricoles. En plus, il a dénoncé le retard accusé dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et les recommandations issues du Dialogue national inclusif.
À travers un exercice similaire, la porte-parole des femmes, Alimatou Cissé, a égrené un chapelet de difficultés que rencontrent au quotidien les femmes des communautés rurales au Mali. Au nombre desquelles, il y a «l’analphabétisme aggravé par la déscolarisation des filles pour des mariages précoces, le brigandage, les menaces, viols et assassinats perpétrés par les animateurs des conflits au Mali».
La remise des messages des porte-paroles au secrétaire général du ministère de la Réconciliation nationale a été un moment important de la cérémonie. Ce dernier a promis de les transmettre à qui de droit.
Aboubacar TRAORÉ
Source: ESSOR