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Accaparement des terres / L’opposition de la société civile

Lors de la campagne présidentielle, Ibrahim Boubacar Keita n’a pas caché sa volonté de trouver une solution aux problèmes fonciers. En zone rurale comme dans les zones urbaines, une chasse effroyable est ouverte au foncier. Certains maliens, des individus ou organisés en société, ne jurent que par l’accaparement des terres. Et, aujourd’hui, vu l’ampleur du fléau, si des dispositions urgentes ne sont pas prises, il faut craindre un beau matin que le pays ne bascule sous le courroux des victimes. IBK a dit qu’il va mettre de l’ordre dans le domaine. Les attentes sont énormes. Et, en attendant les solutions présidentielles, des organisations de la société civile malienne ont décidé de prendre le taureau par les cornes.

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Au Mali et un peu partout en Afrique, la terre constitue la principale ressource dont dépend les petits producteurs ruraux pour produire la nourriture nécessaire à leur propre subsistance, mais également pour nourrir une population urbaine en progression constante.  Malheureusement, depuis quelques années cette ressource subit une pression constante. En 2010, dans une note de la Banque Mondiale rappelait que 45 millions d’hectares de terres ont fait l’objet de transactions au cours de l’année 2009. Mais, sans oublier d’attirer l’attention sur le fait que cela met dangereusement en péril la sécurité et la souveraineté alimentaire des pays ciblés dont le Mali.
Face au silence des autorités sur ce phénomène à conséquences incalculables pour notre devenir commun, des organisations de la société civile ont décidé de sortir de leur torpeur et de prendre le taureau par les cornes. Le 19 novembre 2013, au Musée national du Mali, la Convergence malienne contre l’accaparement des terres (CMAT), composée de cinq organisations faitières de la société civile que sont l’AOPP, la CAD-Mali, la CNOP, la LJDH et l’UACDDDD/No vox, a lancé sa campagne intitulée : « Stop aux accaparements des terres au Mali ». L’ampleur du phénomène est tel que l’on pourrait aujourd’hui assimiler cet intitulé à un crie de détresse. « L’accaparement des terres par certaines firmes étrangères, des notabilités politiques, coutumières et des promoteurs immobiliers et touristiques, met sérieusement en péril l’avenir des petits producteurs et celui de  l’agriculture familiale », a indiqué Issa Kamissoko, représentant du Secrétaire national de CAD-Mali. Selon lui, le phénomène est tel que les paysans maliens deviennent, de plus en plus, des ouvriers agricoles sur leurs terres. Pire, il a estimé que le pastoralisme perd également ses repères, faute de terres de pâturage. Face à toutes ces menaces et tant d’autres qui ont été révélées par l’étude réalisée par la CMAT dans la région de Ségou et qui établit une situation de référence des victimes de violations de droits liés à l’accès à la terre, «  les organisations de la société civile ont compris qu’il fallait réagir avant que la situation ne gagne des proportions incontrôlables, pour sécuriser l’accès au foncier des exploitations familiales, dénoncer et combattre les spoliations et replacer ces exploitations agricoles familiales au cœur de la lutte pour la sécurité et la souveraineté alimentaire », a indiqué Issa Kamissoko.  En attendant la réaction promise par le Président Ibrahim Boubacar Keita, la CMAT inaugure aujourd’hui à Niono au cœur de l’Office du Niger, son Vestibule d’écoute des paysans fonctionnel depuis quelques mois.
Remettre les populations rurales et paysannes dans leurs droits est le but que s’est assigné la CMAT à travers sa campagne  «Stop aux accaparements des terres au Mali». Selon Issa Kamissoko, la campagne a pour ambition de contribuer à l’amélioration du niveau de respect des droits des exploitations paysannes de l’office du Niger. Dans une étude qu’a menée la Coalition, il est ressorti que les ressources terrestres de cette zone subissent une pression de plus en plus forte. Des investisseurs privés nationaux et étrangers ont montré un intérêt particulier pour ces terres, détenues par des populations paysannes pendant de longues années. Cette ruée des investisseurs vers les terres cultivables a abouti à de vives tensions, sinon à de violents conflits.
L’étude a aussi fait ressortir que la demande extravagante des terres met dangereusement en danger la sécurité alimentaire du Mali. Les populations vivant de ces terres sont également en danger vu le risque pour les exploitations familiales.
Assane Koné
Dansira DEMBELE

Source: Lerepublicainmali

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