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Abdoulaye Maïga, directeur d’exploration de Ségala Mining de Tabakoto : « Il faut que l’Etat sache générer les fonds nécessaires… »

L’invité de cette semaine de votre hebdomadaire préféré d’analyses, d’enquêtes et d’informations générales, ‘’Ziré’’, est Abdoulaye Maïga, géologue et directeur d’exploration de Ségala Mining de Tabakoto. Dans cet entretien réalisé le 18 novembre 2021, à l’occasion de la 9e édition des Journées minières et pétrolières du Mali, le spécialiste des questions minières nous parle des enjeux liés au secteur. Lisez donc l’entretien !

 

Bonjour monsieur Abdoulaye Maïga, le Mali a organisé la 9e édition des Journées minières et pétrolières du 16 au 18 novembre 2021. Parlez-nous un peu de cette initiative.

Merci de l’intérêt que vous portez à ma personne. Je pense que c’est devenu une tradition, parce que ces journées sont organisées chaque deux ans au Mali. Seulement cette année, je pense qu’il y a eu beaucoup plus de monde que les années passées avec plusieurs participants venus d’ailleurs. C’est une bonne initiative d’autant plus qu’elle permettra au Mali de rester dans la dynamique de sa promotion pour le secteur, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Comme vous le savez, le Mali est un grand producteur d’or. Donc, c’est une occasion de réunir beaucoup de monde autour des thématiques concernant les questions géologiques, c’est-à-dire des différentes ressources naturelles et surtout de l’or.

Justement, vous venez de parler de l’or qui suscite pas mal de débats aujourd’hui. Comment voyez-vous la gestion minière au Mali ?  

C’est peut-être la deuxième fois qu’on me pose cette même question au cours de ces Journées. Les gens se posent la question de savoir pourquoi l’or malien ne brille pas pour les Maliens ? Malgré le fait que le Mali est le troisième producteur d’or en Afrique, le pays continue de s’appauvrir. Pour moi, cette question se comprend aisément. Vous savez, les activités minières sont très complexes et demandent beaucoup de capitaux. Le nerf de la chose, c’est l’argent, ce sont les financements. Donc, tant que nous ne sommes pas à mesure de financer les différentes phases d’une découverte, cela devient difficile, ce qui fait que le Mali continue de se contenter de ses 10 et 20%.

Vous en tant qu’acteur du secteur, déplorez-vous cela ?    

Evidemment, je le déplore. Mais, on n’a pas trop le choix. Aujourd’hui, ce qui est positif est que 80% des travailleurs dans ces mines sont des Maliens et je peux même dire que toutes les mines du Mali ont été découvertes par des Maliens. Mais, comme je l’ai dit, tout tourne autour de l’investissement.

M. Maïga, peut-on savoir très exactement le nombre de sites miniers dont dispose le Mali ?

Il y en a beaucoup. Il y a ceux qu’on appelle les big players tels que Loulo-Gounkoto détenu par Barrick Gold Corporation qui produit jusqu’à 700 000 onces d’or par an. Il y a aussi la société minière de B2Gold qui est à Fékola qui est, je pense bien, dans les 400 000 onces par an. Il y a aussi Syama S.A, pour parler des gros. Il faut noter aussi qu’il y a beaucoup de mines de moyennes tailles qui sont notamment vers Yanfolila. C’est pour dire que vu les possibilités données par le nouveau code minier, nous voyons qu’il y a un accroissement de petites mines un peu à travers le pays.

Vous avez tantôt parlé du faible pourcentage que le Mali a, à travers les exploitations minières. Est-ce que les autorités nationales n’auraient pas pu mieux faire pour améliorer ce quota ?

Effectivement et je pense qu’il y a eu beaucoup de politiques à travers le temps qui ont été mises en place. Des stratégies sont également en cours d’ailleurs pour pallier cette situation. Je me rappelle que feu honorable Soumaïla Cissé avait proposé que si le Mali renonçait à ses 20% pour le réinvestir dans des actions au fil du temps, il pouvait atteindre près de 80%. Je pense que cette vision à long terme pouvait bien évidemment pallier la situation que nous vivons aujourd’hui.

Maintenant pour que l’or brille pour le Malien, il faut des ambitions fortes accompagnées des décisions fortes. Donc, il faut que l’Etat sache générer les fonds nécessaires pour ce faire. Je ne sais pas si vous avez déjà vu la mise en place d’une structure d’exploitation minière, mais ça demande beaucoup de millions en dollar. Cela, du début à la fin, soit des recherches jusqu’à l’exploitation. Ce n’est vraiment pas une petite affaire.

Monsieur Abdoulaye Maïga, au-delà de la question minière, il y a aussi le pétrole. Vous en tant qu’expert en géologie, qu’en est-il exactement de la question du pétrole au Mali ?

Je me rappelle quand même que le Mali détient certains bassins pétroliers sédimentaires qui occupent presque toute la partie septentrionale du Mali et plus majoritairement au nord et surtout à Taoudéni. Les délimitations ont été faites, mais comme vous le savez avec la question géopolitique, ce n’est pas facile. Il y a quand même eu beaucoup de recherches et, selon mes dernières informations, la présence de gaz a été confirmée. Selon beaucoup de données, la question pétrolière est plutôt une réalité.

Entretien réalisé par Amadou Kodio

Source : Ziré

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