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Me Abdoulaye Garba Tapo, ancien ministre : “Le pays est en lambeaux avec malheureusement un lendemain moins rassurant”

Le mouvement “Le Mali avance” a tenu son assemblée constitutive le 14 octobre 2017. Son coordonnateur n’est autre que Me Abdoulaye Garba Tapo, ancien garde des Sceaux, ministre de la Justice sous ATT. Il répond ci-dessous aux questions d’Abdoul Latif. Entretien exclusif.

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Vous êtes le coordonnateur du mouvement “Le Mali avance”. Pouvez-vous nous parler de votre mouvement ?

“Le Mali avance” est une association qui se désigne comme non politique pour se dissocier des partis politiques et marquer sa proximité avec la société civile. Le mouvement affiche comme ambition de sensibiliser l’électorat et les Maliens pour bannir toutes ces pratiques : achats de conscience, naïveté dans le choix des hommes chargés par les élections de prendre en mains les destinées du pays… Bref contribuer à l’émergence d’une nouvelle race de citoyens conscients de leurs devoirs et obligations et ayant un sens patriotique poussé de nature à les amener en avant l’intérêt général et de ne pas se laisser abuser par des personnes sans scrupules animées par le seul désir de s’enrichir au détriment du pays.

Nous voulons aussi constituer un contrepoids qui nous permettra de nous opposer et de dénoncer toutes ces dérives qui minent le pays et freinent son développement  et qui ont pour noms : corruption, concussion, népotisme, gabegie, fraudes électorales, dysfonctionnement des services publics, meilleure prise en charge des préoccupations des populations, notamment l’école,  la santé.

Est-ce un mouvement de trop ? Qu’est-ce qui fait votre spécificité?

Ce n’est pas un mouvement de trop. La nouveauté c’est que jaloux de notre indépendance nous ne sommes affiliés à aucun mentor et nous fonctionnons selon nos maigres ressources provenant des cotisations et contributions des adhérents. Nous ne sommes liés ni au pouvoir ni à ceux qui se réclament de l’opposition, et n’hésiteront pas à porter un regard impartial sur tout ce qui se passera de bien et de mauvais.

Justement, quel regard portez-vous sur la classe politique malienne ?

Le regard n’est pas forcément bienveillant. Nous avons tendance à critiquer le pouvoir, mais ce n’est pas un signe d’approbation de la façon dont l’opposition se manifeste. A vrai dire, on peut faire les mêmes reproches à l’opposition qui semble mettre en avant les ego avant l’intérêt général, et sont pour beaucoup enclins à utiliser les mêmes voies.

Le président IBK a bouclé le 4 septembre 2017 ses 4 ans à la tête du Mali. Quelle appréciation faîtes-vous de son bilan?

Un regard négatif,  un président qui donne toujours l’impression de naviguer à vue et qui n’a jamais eu de programme.

Quatre années de gâchis, de laisser-aller qui ont terni son image, et un choix malheureux en termes d’hommes à qui confier les rênes du pays. Aucune de ses promesses et slogans de campagne n’a donné l’impression de compter à ses yeux, ni même le sort d’un pays qu’il semble connaître au fond très peu. Bref le président, comme je l’ai dit, a raté son départ avec un gouvernement qui n’a jamais donné l’impression d’une bonne cohésion depuis Tatam Ly, et cela n’a fait qu’empirer après le départ de celui-ci.

Et aujourd’hui on le voit foncer comme une fusée pour à hue et à dia dans une improvisation absolue entreprendre des réalisations aux lendemains incertains pour abuser des esprits et rempiler pour un second mandat. On est loin de l’éradication de la corruption, de l’insécurité et du redressement militaire et moral d’un pays qui n’a jamais plongé aussi bas qu’en ces dernières années.  Le pays est en lambeaux et malheureusement avec un lendemain encore moins rassurant.

En 2018, ce sera l’élection présidentielle au Mali. Quel doit être, selon vous, le profil du prochain président de la République, que devra-t-il incarner ?

Un président fort, qui saura se départir de toute influence négative ou de toute complaisance vis-à-vis de tous, y compris ses proches, et qui n’aura pour seul dessein que le bonheur de son peuple, et non pas son confort personnel, celui de sa famille et de ses affidés.  Un président visionnaire, avec un programme,  et qui ne transigera avec aucune de ces valeurs qui fondent une nation émergence.  Un président qui donnera la priorité à la réhabilitation des services publics vitaux, justice, santé,  éducation.

Votre dernier mot ?

Alerter les Maliens sur ces cinq longues années qui nous attendent après 2018 et ma hantise de les voir revivre ces années de cauchemar que nous vivons. Ils ne doivent pas se laisser duper ni acheter par quiconque. Chacun, doit penser à son présent, à son futur et celui de ses jeunes frères et de ses enfants, privés aujourd’hui du plus petit minimum, y compris au niveau de la santé et de l’éducation.

Les Maliens doivent se donner les moyens de bannir toutes ces dérives qui ont pour noms : népotisme,  corruption et pouvoir imposer au pouvoir l’obligation de tenir ses promesses électorales.

La lettre du Mali

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