Dans un document intitulé “Le mirador des G5 Sahel”, avec le Sénégal comme sentinelle, publié le 16 avril 2020, l’ancien militaire Abdoulaye Fall Mao avait prédit le “chaos” au Mali, si les autorités maliennes et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne prenaient pas certaines dispositions. Cinq mois après, le chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est contraint à la démission par l’armée. Dans cet entretien, l’ex-militaire aborde les conditions de transfert du pouvoir aux civils et salue la décision de la junte de diriger le pays pour les deux années à venir.
La délégation de la CEDEAO conduite au Mali par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, est presque repartie bredouille. Elle n’a pu trouver d’accord avec la junte militaire sur diverses questions. Qu’est-ce qui a conduit à cet écheç
Vous parlez d’échec! Mais l’échec était prévisible. Il est même cuisant, parce que la CEDEAO n’a aucune crédibilité. C’est une institution qu’il faut dissoudre et passer à autre chose. La CEDEAO, qui est supposée être là pour le peuple, travaille plutôt à maintenir des chefs d’Etat au pouvoir. Encore que ces présidents ne respectent pas cette organisation. La junte connaît bien la CEDEAO. Dans les discussions, les militaires n’ont pas montré de limites. Ils ont compris que cette institution sous-régionale n’est là que pour défendre les intérêts des présidents des différents Etats, notamment sur la question du troisième mandat.
Voilà pourquoi la mission conduite par Goodluck Jonathan a lamentablement échoué. Cette CEDEAO doit être destituée. Si on prend l’exemple du Cap-Vert, c’est un pays lusophone qui n’a jamais connu ce genre de situation. Les coups d’Etat et la question du troisième mandat, c’est pratiquement en Afrique francophone et occidentale. Je salue la position des putschistes.