Des nouveaux nés sont abandonnés chaque jour. Le phénomène prend de l’ampleur au Mali où il n’y a pas de cadre légal pour avorter. Cet abandon frappe les esprits et touche la sensibilité de nombreuses personnes.
Il ne s’agit pas majoritairement de filles mères, mais de femmes entre 18 et 30 ans. Si une grande partie des femmes qui abandonnent leur enfant est célibataire, une partie d’entre elles vivent avec leur mari, et l’enfant qu’elles abandonnent est issu d’une relation extra-conjugale. Pour d’autres, il s’agit d’une grossesse qui suit un abus, tantôt un viol, tantôt un inceste.
Les causes de l’abandon d’un nouveau-né sont d’ordre social, religieux et ou économique. On entend le plus souvent, qu’elles auraient des difficultés financières, qu’elles se trouveraient dans l’incapacité physique et morale d’élever un enfant avec parfois le désir d’un avenir meilleur pour lui ou bien que le père de l’enfant serait absent, il aurait abandonné femme et enfant, ou ne serait pas au courant de cette grossesse.
Difficile de voir une mère abandonner son enfant au profit d’une société faite de règles exigeantes. Awa DOUCOURE, nous donne son témoignage: “J’ai une cousine qui était venue étudier chez nous, elle est tombée enceinte. Après son accouchement, par peur de ne pas déshonorer sa famille, elle a abandonné son bébé devant une porte pour retourner au village. Des années plus tard, elle est revenue du village, pour chercher son enfant mais en vain.
A cause des réprimandes de sa famille, elle a préféré abandonner son enfant. Voilà, qu’aujourd’hui elle s’est mariée, mais n’arrive pas à concevoir malgré des multiples traitements”
A rappeler que ce n’est pas seulement pour des représailles de la famille, la société joue un grand rôle dans cette affaire. Nous avons recensé des propos d’une mère qui a été contrainte d’abandonner son fils pour pouvoir rester dans son foyer. ” Mon mari vit à l’étranger, il vient une fois par an, mais ne dure que deux semaines. L’année passée, il est venu comme prévu et on a passé deux semaines ensemble. Après deux mois, je me suis rendue compte que j’étais enceinte. Aussitôt que je l’ai informé de la nouvelle, il a pris le soin d’en informer sa famille. Hélas ma belle-famille n’était pas sûre de la paternité de l’enfant. Il y avait des rumeurs qui circulaient dans le quartier comme quoi j’avais un amant qui me rendait visite la nuit. Je ne pouvais plus sortir sans subir des injures par ci et par là. Mon mari à un moment donné m’a ordonné de me débarrasser de l’enfant ou bien de rentrer chez moi. Après l’accouchement, j’ai fait croire à ma famille que l’enfant été mort-né, mais en réalité j’étais obligée de l’abandonner le jour même de sa venue.”
Pour finir, mise à part la société, la religion pèse plus dans la balance lors des prises de décisions quant à ce qui concerne les femmes adultères, infidèles ainsi que les mères célibataires.
AFANOU KADIA DOUMBIA stagiaire
Malijet