Les causes de l’abandon d’un nouveau-né sont d’ordre social, religieux et économique. On entend le plus souvent, que les mères qui y sont contraintes auraient des difficultés financières, qu’elles se trouveraient dans l’incapacité physique et morale d’élever un enfant avec parfois le désir d’un avenir meilleur pour lui ou bien que le père de l’enfant serait absent. Ce dernier aurait abandonné la femme et l’enfant ou ne serait pas informé de cette grossesse.
Cet acte répréhensible est le plus souvent posé par les jeunes filles, issues de couches vulnérables, à l’instar des aide-ménagères qui viennent à Bamako pour chercher de l’argent. Certaines d’entre elles tombent enceintes durant cette aventure et le retour au village avec une grossesse ou un bébé sous les bras est inacceptable. L’acte est souvent posé par des jeunes filles à Bamako. Peut-être parce que le père est inconnu ou de peur du jugement de la famille ou de la société. Mais aucune raison ne peut justifier l’abandon ou l’assassinat d’un enfant dès la naissance.
Plusieurs centres d’accueil de ces enfants ont vu le jour à Bamako et à l’intérieur du pays. Et il y a aussi des femmes qui ne connaissent pas la joie d’être mère qui s’occuperaient volontiers de ces enfants si elles en ont l’occasion. C’est le cas de Hawa, une femme mariée depuis plus de 20 ans mais qui n’a pas eu la chance de connaitre la joie de la maternité : « mon fils a été abandonné par sa mère biologique dès la naissance. Elle était ici à Bamako en tant qu’aide-ménagère. Elle a accouché dans ma cour en pleine nuit sans l’aide de personne alors que je ne l’avais jamais vu auparavant. Au lever du jour elle refusa d’allaiter le bébé et disait qu’elle n’en voulait pas. Je l’ai alors menacée d’appeler la police si elle ne nourrissait pas l’enfant. Quand je m’occupais de mes tâches quotidiennes, elle s’est enfuie en laissant l’enfant chez moi. J’ai alors fait une demande d’adoption auprès de la police qui m’a été accordée. Aujourd’hui, l’enfant porte légalement mon nom et je n’ai plus jamais revu la jeune femme ». Affirme Hawa.
« Un jour en partance pour la ville avec ma cousine, nous avons été surprises d’attendre des cris de bébé venant d’un fossé d’égout. Quand nous nous sommes approchées, nous avons aperçu un nouveau-né enveloppé dans un tissu wax. Eprises de peine, nous l’avons récupéré et ramené chez nous. Cet acte de bonté et d’innocence a failli nous porter préjudice ». Déclare Oumou Isac Diagne une jeune Etudiante.
« Arrivées à la maison, nous avons informé notre mère de la situation. Cette dernière nous a dit qu’on aurait dû appeler la Brigade des mœurs sur le champ. Nous avons alors amené l’enfant à la police et les policiers nous ont pris pour principales suspectes, pensant que l’une de nous aurait pu accoucher de cet enfant pour ensuite l’abandonner. Après des enquêtes approfondies et nous avoir soumis à des examens médicaux, nous avons été innocentées. Nous avons eu à faire des démarches administratives avec la police avant d’envoyer l’enfant à la pouponnière de Bamako ». Ajoute notre témoin.
S’exprimant sur la question dans les colonnes du journal Le Républicain, le Dr Makan Bagayogo, médecin de son état, affirme qu’il y a un autre aspect à ne pas négliger : la lâcheté et l’irresponsabilité de certains pères qui refusent la paternité de leurs enfants. De son avis, il est aujourd’hui important de sensibiliser les jeunes sur la contraception.
« Chacun doit jouer son rôle dont l’usage des moyens de contraception, le préservatif pour éviter aux jeunes filles les grossesses non désirées. Et en cas de grossesse, les deux parents doivent assumer leurs responsabilités et se soutenir. Il faut plus particulièrement faire connaitre aux jeunes filles, les méthodes de contraception pour éviter les grossesses non désirées et leur apprendre à être conscientes des conséquences des rapports sexuelles non protégés ». Explique le médecin.
Aminata Maiga
Source: Bamakonews