« C’est avec peu d’enthousiasme, relève Le Républicain à Bamako, que les Maliens ont voté hier pour le premier tour des élections législatives. Ce n’était pas le grand engouement, comme ce fut le cas lors de la présidentielle. » Pourquoi cette faible mobilisation ? Et bien, elle est « l’expression, répond le quotidien bamakois, d’une déception des Maliens qui ont voté, à la présidentielle, pour un homme à poigne, IBK, mais dont les actes se révèlent plus compromettants que ceux de ses prédécesseurs. Le nord, notamment Kidal, échappe toujours à la souveraineté du Mali et on note le règne notoire de deux capitaines dans le bateau Mali à Bamako où la justice se révèle à double vitesse sans que le premier magistrat s’en émeuve. » Allusion au général Sanogo qui refuse toujours de se rendre à la convocation du juge d’instruction…
En effet, renchérit le site d’information Fasozine, « le constat général est que la mobilisation n’a pas été à la hauteur de celle de la présidentielle. » Et Fasozine de s’interroger : « les résultats seront-ils à la hauteur des espoirs de changement, d’unité nationale et de sécurité au Nord ? »
Cette « faible mobilisation des électeurs doit interpeller dans la mesure, relève Guinée Conakry Infos, où il y a moins de quatre mois, pour les élections présidentielles, les longues files devant les bureaux de vote avaient émerveillé le monde entier. (…) Il est bien possible qu’au vu des trois premiers mois du nouveau régime, poursuit le site d’information guinéen, les populations éprouvent une certaine déception qui a eu raison de leur enthousiasme. Une lassitude politique précoce, en somme. En effet, entre les élections présidentielles et celles, législatives, d’hier, aucun miracle ne s’est produit dans la vie des Maliens. Bien au contraire, on peut avoir l’impression que sur le plan sécuritaire, les choses se gâtent davantage. Or, conclut Guinée Conakry Infos, c’est là le principal défi sur lequel Ibrahim Boubacar Keïta sera le plus jugé. »
Le discrédit des Pparlements africains
Plus largement, Le Pays au Burkina, s’interroge : « pourquoi, en Afrique, les élections législatives ne passionnent-elles plus grand monde ? Pourquoi se focalise-t-on exclusivement sur l’élection présidentielle ? En vérité, répond le journal, nombre de pays africains ont fait le choix de “régimes présidentiels forts”. Ainsi, les députés se trouvent rabaissés au rôle de délégués pour ne pas dire sujets des princes qui gouvernent. Mais allons plus loin. En Afrique, constate encore Le Pays, d’un point de vue culturel, il existe une certaine sentimentalité, un certain respect sinon un culte à l’égard du mot “Président”. Et dans les faits, les citoyens du continent observent que les présidents, bien qu’élus démocratiquement, ne gouvernent pas franchement avec l’Assemblée nationale. D’où un discrédit des parlements africains auprès des opinions publiques. »
Et puis « dans le cas malien, relève encore Le Pays, la faiblesse du taux de participation à ces législatives, peut aussi s’expliquer par le choix du scrutin de listes, trop compliqué pour l’entendement de l’électeur. En plus de cela, il ne faut pas oublier les survivances des séquelles de “la démocratie consensuelle” avec le régime ATT qui avait fini par installer la résignation et le fatalisme au sein du peuple malien. On a donc le sentiment qu’avec ces législatives, les Maliens semblent dégoûtés du parlementarisme républicain. »
D’un Karim à l’autre…
Enfin, L’Observateur Paalga, toujours au Burkina, note un « petit grain de sel dans ce rendez-vous électoral » : l’entrée en politique de « Karim Wade… pardon, s’exclame le journal, de Karim Keïta, 34 ans, fils de l’actuel président malien, candidat à la députation dans la commune II de Bamako. »
Et le quotidien ouagalais de souhaiter la « bienvenue à cet autre fils de… dans le marigot politique aux eaux boueuses (…). Maintenant, il reste à lui à apprendre à nager seul. Et visiblement, relève L’Observateur, il n’est pas accepté par les vieux crocodiles de la mare, à commencer par ceux du Rassemblement pour le Mali, le parti du père, qui estiment que ce “Papa m’a dit”, né à Paris, qui a vécu ensuite en Belgique et au Canada, ne connaît rien à la politique. »
En tout cas, conclut le quotidien burkinabè, la décision d’entrer en politique de Karim Keïta « pose une fois de plus le cas des ces fils de… qui posent leurs pas sur ceux de leurs géniteurs. (…) Aucune Constitution n’interdit à un fils ou à un frère de président de faire ceci ou cela. Mais vu les antécédents bien fâcheux, il faudrait y réfléchir par deux fois. »
Source: RFI