Connus pour être le peuple le plus nomade avec un amour particulier pour les animaux, les peulhs sont cette ethnie que l’on retrouve un peu partout sur le continent africain. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ?
Les Peuls, encore appelés Foulani, Fulbhés, Fulfulde, Pular ou encore Fellata selon les pays, sont un peuple traditionnellement pasteur établi dans toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà la bande sahélo-saharienne, soit au total plus d’une quinzaine de pays. Un peuple présent et particulièrement nombreux au Nigeria, au Niger, dans le nord du Cameroun, au Mali, au Sénégal, en Mauritanie et en Guinée, également présents au Tchad, en Ethiopie en Gambie, au Burkina Faso, au Bénin en Guinée-Bissau, en Sierra Leone, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Togo, au Soudan, et au Soudan du sud. Ils sont souvent minoritaires, à l’exception de la Guinée, où ils représentent la communauté la plus importante avec 33,4 % de la population. Les peulhs sont très majoritairement musulmans, avec une minorité de bahá’ís. Leur dispersion et leur mobilité ont favorisé les échanges et les métissages avec d’autres populations subsahariennes.
Origine
La transmission orale des traditions et des légendes est très importante chez les Peulhs. Enseignée auprès des adolescents par les personnes les plus âgées et en particulier les femmes par le moyen de chants, de comptines. La langue est encore essentiellement orale et transmise par les femmes. Elles véhiculent l’histoire du peuple, ses exploits, ses rites et ses vertus. Goût prononcé pour les langues, la poésie, les louanges, les épopées (joutes verbales : Kirlé au plur ; Hiirdé au sing, développement d’une littérature. Dans cette transmission orale des traditions, n’oublions pas de mentionner le rôle important que jouent les griots (historiens). La plupart des Peuls sont polyglottes. La beauté est recherchée, la probité, la sagesse, l’intelligence et la discrétion figurent parmi les règles à suivre du pulaaku, ces règles souples régissant la “pulanité”.
Les épopées semi-historiques sont un genre très développé de la littérature orale peulh. Une épopée peule est la geste de Ham-Bodêdio, dit Hama-le-Rouge, beau-fils de Da Monzon, roi de Ségou, dont il devient l’ennemi en raison de la discorde persistante entre Peuls et Bambaras à l’époque. Il existe de nombreuses épopées peulhs, plus ou moins proches d’événements historiques réels ou optant pour des péripéties relevant du merveilleux. Certaines évoquent les conflits survenus dans la région du Macina, notamment à l’époque de l’empire peulh du Macina. L’épopée de Boûbou Ardo Galo se situe ainsi au XIXe siècle, à l’époque où la région du Macina voit la confrontation entre les différentes factions peulhs, parfois rivales entre elles, et la diffusion de l’islam, dont les valeurs morales divergent de celles du pulaaku peulh.
La poésie peule montre une grande variété de formes. Dans la région du Macina, certaines formes poétiques sont pratiquées par les jeunes bergers tandis que d’autres sont maîtrisées par tous les poètes. La culture musulmane a donné naissance à une poésie mystique. Les contes dans la culture peulh peuvent être racontés de façon informelle au cours de soirées entre amis, où ils peuvent être dits par des narrateurs de sexe, d’âge et de métiers variés.
Les Peulhs sédentaires pratiquent l’artisanat, un artisanat typiquement peul, mais on peut trouver dans certaines zones des fusions de styles ethniques. Les Peulhs sont d’excellents tisserands. Ils tissent le coton et la laine. Ce sont, à l’image des Touaregs, des orfèvres. Ils sculptent des bijoux en or et en fer qu’ils associent au cuir et à des perles. Le sens esthétique chez les Peuls est très poussé et célèbre. Chez les Peulhs sédentaires, il existe des castes d’artisans : les maboulé, qui sont des tisserands ; les wailoubé, qui s’occupent des productions en métal, alors que leurs femmes pratiquent la poterie ; les garankobé, qui s’occupent du cuir; les laobés, qui travaillent le bois.
Habillement
Les nomades portent également des tabliers de cuir colorés de dessins géométriques et des tuniques sans manches, les yeux sont cernés de khôl. Le “chapeau point” est également une exclusivité peulh. Les femmes portent le pagne, bleu indigo, et le boubou de couleur très foncée, parfois noire.
Les hommes peulhs nomades portent une tunique, le bolare, de couleur brune qui arrive à mi-mollet, un bâton, un chapeau de paille conique, un tablier de cuir, des boucles d’oreille. Ils ont la tête enturbannée, comparable au taguelmoust des Touaregs, et portent un pantalon bouffant. Le chapeau conique (typiquement peulh) est porté, et souvent y est accrochée une plume d’autruche. Les talismans ou gris-gris, sont portés pour se protéger des djinns.
Peulh et élevage
La plupart des Peulhs en milieu rural sont essentiellement éleveurs et leur mode de vie est rythmé par les besoins saisonniers de l’élevage. La vache tient une grande place, non seulement dans l’alimentation et l’économie des ménages, mais aussi dans les relations sociales et dans la mythologie. L’élevage de bovins est principalement pratiqué pour le lait. Il est extensif c’est-à-dire pratiqué avec un minimum d’investissement monétaire (avec dépenses limitées aux vaccins et aux médicaments) et par l’utilisation de pâturages librement accessibles. Dans un troupeau moyen l’effectif est de cinquante têtes environ, dont les trois quarts sont des femelles. Ces femelles permettent de reconstituer le troupeau rapidement en cas d’épidémie. Les taureaux mâles sont consommés lors de rites précis et constituent la dot traditionnelle. Les animaux d’une même ferme sont en général conduits ensemble aux pâturages. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient la propriété collective des habitants de cette ferme – ni d’ailleurs la propriété privée d’une seule personne. Tous, femmes et enfants peuvent détenir des animaux dans un même troupeau.
Le lait et le mil sont les bases de la cuisine des peuls. On y trouve donc des préparations lactées, des préparations céréalières, des préparations mixtes, des sauces, des viandes et poissons et des douceurs et encas comme Abaakuru ou encore le Bonbon aleewa ou bonbon Haoussa.
Aminata Agaly Yattara
Source : Mali Tribune