Depuis Assise, sur les terres de Saint-François dont il a choisi de porter le nom, le pape a dénoncé “l’indifférence à l’égard de ceux qui fuient l’esclavage, la faim pour trouver la liberté, et trouvent la mort”, comme à Lampedusa jeudi.
La visite est qualifiée d’historique. Sept mois après son élection, le pape François a marché, vendredi 4 octobre, dans les pas du saint dont il choisi de porter le nom à Assise, en Ombrie dans le centre de l’Italie.
Peu après sa désignation en mars, l’ex-archevêque de Buenos Aires avait souhaité “une Église pauvre pour les pauvres”, suscitant beaucoup d’attentes à travers le monde. Cette visite revêt ainsi une dimension symbolique. En le menant sur les terres de Saint-François-d’Assise, connu pour son engagement auprès des pauvres, elle est l’occasion pour le premier pape originaire d’un pays du Sud d’expliquer son choix d’incarner une Église pauvre.
Dans “la salle du dépouillement”, le pape a appelé les chrétiens à suivre le modèle de pauvreté initié par Saint-François en combattant “la mondanité, une lèpre, un cancer de la société, qui tue la personne, qui tue l’Église”. C’est dans cette salle que celui qui allait devenir Saint-François-d’Assise s’était dépouillé en 1207 de ses vêtements devant son père, un riche marchand, pour indiquer que les biens terrestres étaient destinés par Dieu aux plus pauvres.
“Une journée de pleurs”
Visiblement ému, le souverain pontife a dénoncé “l’indifférence à l’égard de ceux qui fuient l’esclavage, la faim pour trouver la liberté, et trouvent la mort comme hier [jeudi 3 octobre] à Lampedusa”.
“Aujourd’hui est une journée de pleurs”, a-t-il dit en allusion à la journée de deuil décrétée en Italie pour le naufrage qui a coûté la vie à quelque 300 migrants.
François, qui avait qualifié, jeudi, le drame de “honte”, avait déjà tempêté en juillet lors de sa première visite hors de Rome sur cette île, contre la “mondialisation de l’indifférence” face à des gens qui fuient la guerre et la misère.
Comme il a pris l’habitude de le faire, le souverain pontife, qui était accompagné des huit cardinaux dont il s’est entouré pour le conseiller, s’est exprimé de manière improvisée, renonçant à lire les versions de deux discours préparés pour ce déplacement.
Cette spontanéité a de nouveau ému l’assemblée venue à sa rencontre pour découvrir ce pape qui a imposé un style qu’il souhaite fait d’ouverture, de simplicité et d’écoute. Entre 60 000 et 100 000 fidèles étaient présents dans la ville du “Poverello”. Ceux qui n’avaient pu entrer dans la vieille ville suivaient les cérémonies sur huit écrans géants.