À 53 jours des élections présidentielles au Mali, le climat est tendu. Avec le soutien de quelques anciens ministres sans poids, frustrés du régime, l’opposition malienne qui demande des élections transparentes, a opté pour la rue.
Plus s’approchent les échéances électorales dont le premier tour est prévue pour le 29 juillet prochain, plus l’atmosphère politique se dégrade.
Le marigot politique malien est surtout troublé avec la marche interdite de l’opposition politique qui a battu le pavé samedi dernier pour exiger des élections transparentes et crédibles, et un égal accés à l’ORTM, la chaîne de télévision publique, depuis, métamorphosée en une sorte de propriété privée des barons du régime.
Malheureusement, cette opposition a voulu faire face à la détermination des forces de sécurité dont la mission était d’éviter ce qui est considéré mordicus, du côté du pouvoir comme un « trouble à l’ordre public « , du fait que la marche du 02 juin n’était pas autorisée.
À Bamako, l’obstination des marcheurs les a conduits à subir les coups de matraques et du gaz lacrymogènes des policiers mobilisés pour éviter tout débordement.
Le lendemain dimanche 3 juin, les opposants Tiébilé Dramé, les éhontés Bathily père et fils (Ras Bath), Soumaïla Cissé, Mamadou Igor Diarra et autres sont montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils appelleront « la dictature rampante » du pouvoir.
Très en amertumes, ignorants d’un tel traitement policier, ces apologistes d’une alternance jusqu’ici ambiguë au Mali, projettent une autre marche pour le vendredi 8 juin prochain.
Comme une réponse du berger à la bergère, les responsables du mouvement ‘’Jeunesse Ensemble Pour le Mali’’, pro régime, Adboul Niang, Yacouba Diakité, Bouba Fané, répliquent. Ils veulent aussi marcher contre les marcheurs.
Lors d’une conférence de presse qu’ils ont animée le lendemain 3 juin, ils ont regretté le comportement des organisateurs de la marche qui, selon eux, cherchent à créer un chaos et déstabiliser le pays. Avant de projeter eux-aussi une gigantesque marche le même vendredi 8 juin 2018.
Les deux marches prévues pour ce vendredi pour une même destination créent la psychose.
Aujourd’hui, la tension est palpable dans les deux camps, exposant le Mali à une crise pré-électorale. Vers un vendredi noir comme le prédisent certains pessimistes ? Une guerre civile couve-t-elle au Mali ? Nul ne le sait encore.
Néanmoins, la tension qui prévaut à Bamako de nos jours, est annonciatrice d’un malaise profond qui guette la vie de la nation malienne.
À moindre mesure, une crise pré-électorale est synonyme du report de l’élection présidentielle, par conséquent d’un vide juridique qui pourrait ouvrir la porte, soit à une période transitoire, soit la prise du pouvoir par l’Armée.
Or, si la grande muette fait irruption sur la scène, le Mali revivra le scénario de 2012 où la bande d’Amadou Aya Sanogo a saboté les institutions de la République pour imposer son candidat.
Une junte au pouvoir aujourd’hui ne profiterait ni à l’honorables Soumaïla Cissé et compères, ni à la classe politique dans son ensemble.
Chacun de son côté doit diluer son vin pour ne pas créer un chaos au Mali. Ni la Côte d’Ivoire, ni le Rwanda ne peuvent affirmer la main à la poitrine qu’ils ont fini avec leurs crises. Les séquelles sont là toujours et les plaies peinent à se cicatriser.
À moins de deux mois des scrutins, les Maliens sauront- ils mettre le dialogue en avant comme le souhaitent les Nations Unies et l’union européenne ? Le temps nous le dira.
D.C.A
Le Soft