L’Accord de paix, issu du processus d’Alger signé à Bamako en 2015, a bouclé son 3e anniversaire, le mercredi 20 juin dernier. La mise en œuvre de cet outil pour la paix au Mali connait des difficultés liées aux groupes armés signataires, la CMA, malgré les sacrifices consentis par le Gouvernement.
Le 20 juin 2015 marque le parachèvement de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali par le MNLA au Centre international de conférences de Bamako (CICB). Le mercredi dernier, l’Accord de paix issu du processus d’Alger, a bouclé son 3e anniversaire.
Depuis cette signature à maintenant, selon certains observateurs du processus de paix et de réconciliation nationale en cours, rien n’a changé sur le terrain. Des attaques terroristes sont fréquentes, le Gouvernement malien ne contrôle toujours pas entièrement la Région de Kidal malgré la présence de son Gouverneur ; le nombre des FAMA est insignifiant à Kidal ; les groupes armés sont toujours armés et mènent des opérations ; la MINUSMA et Barkhane, censées de mener des opérations de lutte contre le terrorisme et l’insécurité, sont cantonnés.
Face à cette situation qui évolue à leur volonté, les groupes armés qui contrôlent et empêchent l’arrivée des autorités du pays démontrent qu’ils sont toujours dans la dynamique de conflit avec l’Etat central du Mali.
De son côté, le Gouvernement, conformément à l’esprit de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale signé à Bamako, le 21 juin 2015, sous l’égide de l’Algérie, de la CEDEAO et de l’ensemble de la communauté internationale, a fait des efforts dans le sens de la mise en œuvre du document.
En effet, il faut noter, à ce niveau, qu’il y a eu l’installation des autorités intérimaires, la création des nouvelles Régions (Ménaka et Taoudéni), le démarrage du MOC, la tenue des réunions statutaires du CSA ; la prise en charge des Responsables des groupes armés et de leurs troupes ; la construction des bâtiments administratifs ; le retour des services sociaux de base ; le retour de certains Refugiés dans leurs familles ; le soutien aux initiatives personnelles de certaines victimes de la crise du Nord, etc.
Lenteur du MOC
Le manque de volonté des ex-rebelles dans la mise en œuvre de l’Accord s’explique par la lenteur du démarrage du MOC à Kidal, survenu en mai dernier, soit 3 ans après la signature de l’Accord.
Pourtant, dans son annexe 2 consacré aux chapitres ‘‘Défense et Sécurité’’, l’Accord de paix issu du processus d’Alger note que le MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) est chargé d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
A cet effet, le MOC a pour mission de « travailler en étroite collaboration avec les forces internationales en présence. Il est chargé de planifier et de conduire les patrouilles mixtes incluant des éléments des forces armées et de sécurité maliennes et des éléments de la Coordination et de la Plateforme avec, si nécessaire et si possible, l’appui de la MINUSMA et des forces internationales de la place. Aussi, le MOC est chargé de planifier et de coordonner toutes les actions et mouvements des combattants pour toute la durée du processus de cantonnement », ressort du document de paix signé à Bamako.
Deux visites des Premiers ministres
Depuis 2012, début de la crise malienne, la ville de Kidal n’a enregistré que deux visites officielles des Premiers Ministres. La première intervenue en 2014 par Moussa Mara, s’est soldée par la débandade des forces armées et de sécurité maliennes parce que le MNLA et ses alliés étaient contre l’arrivée de l’Administration dans leur ville.
En mars 2018, Soumeylou Boubèye Maïga, quant à lui, a effectué une visite sans incident. Cette fois-ci, les rebelles, maîtres des lieux, ont assuré eux-mêmes la sécurité du Premier Ministre et de sa délégation toute la durée de sa visite.
L’attitude belliqueuse des groupes armés signataires de l’Accord de paix n’est pas de nature à favoriser le retour de la paix et de vivre ensemble conformément à l’Accord de paix issu du processus d’Alger.
Face aux résultats de la mise en œuvre de l’Accord, trois ans après, constate-t-on, le chemin à parcourir reste toujours long et parsemé d’épines du fait de la mauvaise volonté des groupes rebelles.
Habi Sankoré
Le Soft