vicissitudes prochaines. Bien évidemment, nous ne disposons ni de boule de cristal ou
encore de don pour la voyance. Cependant, des faits çà et là peuvent nous aider dans cet
exercice assez périlleux. Dans les lignes qui suivent, nos prédictions pour l’année 2020,
qu’elles soient positives ou négatives.
Sur le plan de la gouvernance, l’on s’attend à ce que l’instabilité gouvernementale, un des
traits caractéristiques du pouvoir du président IBK, continue son bonhomme de chemin.
Annoncé dans les arcanes depuis de longues semaines, il se murmure dans les couloirs des
départements ministériels qu’un remaniement est imminent. Avec en moyenne plus d’un
Premier ministre par an, avec un taux légèrement plus haut concernant les remaniements,
en toute logique, ce début d’année devrait voir le pays se doter d’un nouveau
gouvernement. Particularité cette fois, il serait plus succinct et moins budgétivore,
certainement une forte recommandation des Partenaires Techniques et Financiers. Seule
question qui intéresse réellement les Maliens, c’est si Boubou Cissé sera maintenu ou pas.
Ce dernier parait aux yeux de beaucoup comme le Premier ministre le plus puissant de la
troisième république, lui qui en plus de la Primature, prend logis également à l’hôtel des
Finances.
Sur le plan institutionnel, car oui la Constitution d’un pays est bel et bien une institution, le
Mali devrait se doter d’une nouvelle loi fondamentale. Projet avorté lors du premier mandat
d’IBK, cette fois-ci, l’élan devrait poursuivre son cours. L’Opposition semble disloquée avec le
ralliement de Tiébilé Draméet d’Amadou Thiam les rangs du gouvernement, et la société
civile semble prioriser ce qui touche au quotidien du malien lambda. Sans oublier le fait qu’il
s’agit d’une exigence de la communauté internationale pour faire écho à l’Accord pour la
Paix et la Réconciliation. Sauf énorme rebondissement, en 2020, un référendum sur une
nouvelle constitution aura lieu. Et il sera sanctionné par un grand oui.
Le lundi 13 janvier prochain, la rencontre tant attendue de Pau entre le président Macron et
ses homologues du Sahel aura lieu. Elle sera décisive dans la lutte contre le terrorisme. Le
président français voudrait un éclaircissement de la position des pays concernés par rapport
à la présence militaire française dans la zone. Mais ce qui suscite l’étonnement, c’est que
Macron ne comprenne pas que les populations du Sahel se posent des questions quant à la
bonne foi de la politique africaine française. Car, l’évidence s’impose d’elle-même. L’état de
santé sécuritaire du Sahel ne s’est jamais aussi mal porté malgré la présence d’une multitude
forces étrangères. Alors, certes les chefs d’Etats du G5 Sahel devront montrer plus que des
déclarations d’intentions quant à l’opérationnalisation de leur force conjointe. Mais, le
président français devra aussi faire montre de discernement géopolitique et surtout
militaire. Notre prédiction, ou plutôt, notre souhait, c’est l’éclaircissement de la position
française au Sahel, et surtout, plus de moyens à la force Barkhane pour valablement
accomplir sa mission.
Sur le plan de la Justice, la poursuite des délinquants en col blanc continuera. D’autres
bandits chefs seront placés sous les verrous et l’appareil judiciaire poursuivra sa petite
révolution pourvu que le ministre de la Justice, Malick Coulibaly, continue son travail sans
aucune interférence politique. Le président IBK devra donner tous les moyens et les
garanties nécessaires pour se faire. Cette mue, si elle se poursuivait, sera peut-être, une
ligne toute tracée pour la révolution de la mentalité malienne tant nécessaire pour un Etat
fort. Il s’agit d’un autre vœu pieux de notre part. Mais, aussi compétent qu’il soit, le Ministre
Coulibaly devra s’attaquer à l’épineux dossier du général putschiste Amadou Haya Sanogo.
C’est plus qu’un dossier judiciaire ! Et l’opinion publique se demande ce que cache
l’incarcération prolongée de Haya. Les spéculations vont bon train. Certains pensent que
c’est surtout pour le protéger d’une mort certaine par des militaires qui auraient crié
vengeance. D’autres estiment tout simplement que le dossier est d’une grande complexité
juridique.
Enfin, le mercure social devra atteindre les hautes températures. Un ras-le-bol s’est installé
au fil des ans au sein de la masse populaire mêlé à un sentiment de révolte envers l’élite
malienne plus préoccupée à pérenniser ses privilèges qu’à l’essor de l’intérêt général. Il
s’agit là d’un aspect de la gouvernance que le président IBK ne devra point négliger.
Aujourd’hui, la crise sociale se hisse quasiment au même niveau de gravité que celle
sécuritaire. Pas de solution miracle, l’Etat devra tout résoudre, ou espérer sur un sursaut
patriotique quasi inespéré des « revendiquants ». Au risque de voir approcher de Koulouba
de gros nuages noirs, qu’à Dieu ne plaise !
Ahmed M. Thiam
Source : Infosept