C’est pour un objectif de production céréalière de 11 126 012 tonnes pour une enveloppe nécessaire de 300 milliards de FCFA à la saison prochaine, que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, des présidents d’Institutions et des diplomates accrédités auprès du Mali, a procédé le mardi 18 juin, au lancement de la campagne agricole 2019-2020, dans le cadre de la 15ème journée du paysan célébrée à Bougouni. Le Président IBK a mis à profit cette occasion pour échanger avec les notabilités de la cité du Banimonotié sur les préoccupations qui sont les leurs.
C’est exactement à 11h03mn, que le président de la République et sa délégation ont fait leur entrée à Kola, une localité située à quelques kilomètres de la ville de Bougouni. Accueillis par le ministre de l’Agriculture avec le président de l’APCAM, le président IBK, a fait le tour des lieux afin de saluer les populations sorties massivement et très tôt sous un soleil de plomb pour lui réserver un accueil chaleureux.
Du maïs à l’élevage, des contraintes de taille soulevées !
« A la suite du Conseil Supérieur de l’Agriculture, vous avez voulu mettre en avant la filière maïs. Vous ne vous êtes pas trompés, car le maïs est très important dans la sécurité alimentaire au Mali » a déclaré Bakary Doumbia, président de l’interprofession maïs.
Pour M. Doumbia, le choix du maïs est éclairé et visionnaire. Mais, dit-il, pour l’atteinte des objectifs escomptés un accent particulier doit être mis sur la protection des cultures contre la chenille légionnaire. Sur ce point, le porte-parole de l’interprofession maïs a invité le président IBK de s’impliquer personnellement pour la résolution de ce problème.
Dans son intervention, il a soutenu sans langue de bois que les cultivateurs du maïs rencontrent aujourd’hui des difficultés énormes en termes d’accès aux dotations en engrais. « Après la production, la conservation et la transformation de nos produits posent des problèmes » a-t-il souligné, tout en supposant la nécessité de renforcement de l’OPAM pour faciliter l’écoulement de la production destinée à la vente pour le stock national et la construction d’usines de transformation de maïs.
A sa suite au pupitre, le porte-parole des acteurs du sous-secteur élevage, Sanoussy Sylla, a notifié plusieurs difficultés rencontrées par les éleveurs cette année. De façon très spécifique, il a soutenu que la situation d’insécurité au nord et au centre considérée comme des zones d’élevage par excellence, affecte négativement les éleveurs. « Des animaux sont enlevés et calcinés chaque jour » a-t-il déclaré.
Selon lui, de nos jours la seule recommandation qui permettra de résoudre toute la problématique de l’élévation est la tenue des états généraux de l’élevage. De même, il a demandé au président de la République de faciliter l’accès aux éleveurs à 100 000ha de terre à l’office du Niger.
Avant de terminer, il a annoncé que l’unité de production laitière ouvrira bientôt ses portes.
Filières poissons et mangues, des résultats satisfaisants, mais…
A leur tour au pupitre, la présidente de la filière poisson au Mali, Mme Fatoumata Diallo et Goundia Sidibé, représentant des arboriculteurs et des exploitants forestiers ont tous attiré l’attention du président IBK, sur les difficultés que leurs différentes filières rencontrent.
Pour la présidente de la filière poisson, la campagne 2018-2019, s’est bien passée et marquée par une abondance d’eau. Cela a permis, dit-elle, d’enregistrer en termes de production dans les fleuves et les zones de pisciculture 100 tonnes. « Le centre est une grande zone de production, mais l’insécurité fait en sorte que les pécheurs ne peuvent pas entrer dans l’eau » a-t- souligné comme la difficulté majeure qui a émaillé la campagne de cette année.
En plus, elle a mis le curseur sur les difficultés liées au coût élevé d’aliments de poisson et des équipements pour la pisciculture. « Tout le monde veut faire de la pisciculture, mais le coût des intrants est très élevé » a-t-elle affirmé, avant d’inviter les autorités à solutionner ce problème afin que la pisciculture puisse jouer son rôle dans la croissance économique au Mali.
A son tour, Goundia Sidibé, dans un langage on ne peut plus clair a formulé deux inquiétudes. Selon lui, l’exportation de la mangue au Mali cette année a connu un arrêt précoce à cause de la mouche de mangues. Aussi, il a interpellé les plus hautes autorités face à la coupe abusive des arbres importants dans la forêt, en l’occurrence le Karité, le Caïcedra, le Néré …
Des acquis à pérenniser !
D’autres interventions très importantes ont été celles de la présidente des femmes rurales, Mme Niakhaté Goundo Kamissoko et le président de l’APCAM, Bacary Togola. A la lumière de ces deux interventions, le public aura saisi à sa juste valeur, les efforts considérables déployés par le président de la République à la faveur du développement rural.
Pour Mme Goundo Kamissoko, le président IBK de part ces bonnes initiatives en faveur du développement rural a révolutionné l’autonomisation de la femme rurale. « Aujourd’hui, nous l’interpellons par rapport à l’application de la loi 032 qui consacre 15% des terres agricoles au Mali aux femmes » a-t-elle martelé.
De son côté, le président de l’APCAM a témoigné au président IBK le soutien de la communauté paysanne du Mali. « Nous n’avons rien à te donner, mais te confions à Dieu » a soutenu Bakary Togola.
Dans son intervention le président de l’APCAM a noté que la campagne agricole 2018-2019, s’est soldée par un résultat satisfaisant. A ses dires, en termes de céréales la production obtenue est de 10 159 539 tonnes sur une prévision de 10 081 083 tonnes, soit un taux de réalisation de 101%.
En ce qui concerne le coton, il a rapporté une production en coton graine de 656 548 tonnes sur une prévision de 750 000 tonnes, soit un taux de réalisation de 87,53%.
Après avoir souligné des actions fortes en termes de dotation en équipement des exploitations agricoles et des subventions en engrais et d’autres intrants, le président Togola, a annoncé pour bientôt l’ouverture de trois usines pour le développement agricole grâce à des investisseurs privés.
IBK, rassure !
Dans son propos, le président de la République s’est montré plus rassurant. Comme à son habitude.
Revenue à plusieurs reprises dans son intervention, la question sur la situation d’insécurité qui sévit au centre du pays, dira le président IBK, mérite qu’on l’aborde avec beaucoup de sérénité. « Que les gens se calment, le Mali peut tanguer mais ne chavirera jamais » a-t-il rassuré, tout en soulignant qu’il est grand temps aujourd’hui pour le bonheur du Mali de mettre fin à l’orgueil.
Selon lui, le Mali a besoin de tous ses fils pour une convergence des efforts. « Les ennemis de la paix au Mali veulent nous faire disparaitre, mais ils ne le pourront pas » a-t-il déclaré.
D’un ton très humble, il a invité l’ensemble de la classe politique à sortir de la lutte politicienne et de se donner la main.
Par ailleurs, le président IBK dira que les effets de l’initiative des 15% du budget alloué à l’agriculture sont encourageants. « J’ai entendu tout ce qui a été dit aujourd’hui. Les ministres aussi ont entendu les doléances, soyez rassurés ! » a – t – il promis.
Après ces mots, le président de la République a procédé à la visite des stands Agricole avant de lancer officiellement, à partir d’un tracteur la campagne agricole 2019-2020 aux environs de 13h20 mn.
Moïse Keïta, envoyé spécial
Source: Le Sursaut