SON EXCELLENCE MONSIEUR IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président de la République du Mali, Chef de l’Etat.
Objet : Sauver l’école Malienne et empêcher que l’avenir de milliers d’enfants soit hypothéqué.
Excellence Monsieur Le Président de la République, Chef de l’Etat,
A l’entame de cette lettre que je vous adresse avec la plus haute déférence, accostée malheureusement à une exaspération totale pour l’avenir du Mali, et une frustration n’ayant d’égale que l’amertume qui asphyxie exponentiellement la quiétude des parents, de ces centaines de milliers d’enfants Maliens, élèves des écoles publiques Maliennes, cloués à la maison, ou errant un peu partout dans les rues, parce que : « Maitriw bé grève la », pendant qu’au même moment, les enfants des nantis, eux, dans un calme olympien étudient, dans des écoles privées ; lesquelles écoles privées qui, pour la plupart (pas toutes) appartiennent à des hauts cadres de l’Etat sous couvert de l’anonymat.
Excellence Monsieur Le Président, j’espère que vous êtes au courant de cette situation macabre (ne pas le savoir, signifierait que le citoyen lambda Malien ne vit pas dans le même pays que le Président qu’il a élu ou soit : nous sommes dans un pays où les gouvernants ne gouvernent rien ou les gouvernés n’ont en réalité pas de de gouvernants, et à chacun d’être son propre gouvernail ; chose qui serait « kabaco-fantasmagorique ! »). Le quotidien de ces enfants et de leurs parents se résume en des matins glacés, des midis de feu et des soirs sans étoiles, car « Maitriw bé grève la. »
Je vous sais un très grand fan de feu Nelson MANDELA ; je me permets alors de vous rappeler l’un de ses nombreux propos vibrant en vérité et sagesse : « C’est grâce à l’éducation que la fille d’un paysan peut devenir médecin, que le fils d’un mineur peut devenir chef des mines, que l’enfant d’un travailleur agricole peut devenir Président d’une grande nation. ». Depuis belle lurette malheureusement, l’éducation Malienne n’est pas seulement en panne, mais elle est en « volcan » et c’est le Mali même qu’elle risque de mettre en panne si l’on ne prend garde. D’une « école Malienne à la renommée transcendant fièrement et vigoureusement les cieux » nous en sommes à une « très triste école Malienne : hybride et très hybride » (j’emprunte le terme « hybride » à quelqu’un, qui ne m’en voudra pas j’ose l’espérer et ne me demandera pas de payer des « droits d’auteur »). A chaque fois que notre école est malade (je parle bien sûr et surtout de l’école publique Malienne), vous les dirigeants, vous préférez lui donner un « calmant » au lieu du « vrai médicament curatif » et rarement vous prenez des mesures préventives contre une myriade de pathologies dont elle souffre. Vous préférez vous attaquer au problème de façon superficielle, alors que pour exterminer un problème assez profond et récurrent, on ne s’attaque pas au problème mais plutôt à la source du problème. Pour ce qui de la grève des enseignants de l’école publique Malienne, j’en suis donc venu auxquestions suivantes : Est-ce que c’est le gouvernement Malien qui fait des (fausses) promesses qu’elle n’honore pas ? Ou est-ce que ce sont les enseignants qui en demandent toujours trop ? Et s’ils demandent toujours trop, est-ce parce que la façon dont l’élite dirigeante vole ou gaspille l’argent souvent dans des futilités, est, ce qui les pousse à croire que « wari tiaman tiaman baden beyi » ? Ou est-ce finalement le scénario : « dô bé Nia la, wa dôbé Nia tièla kaw la »
Excellence Monsieur Le Président de la République, Chef de l’Etat, s’il vous plaît, faites quelque chose, et daredare pour que ces enfants, puissent reprendre avec leurs enseignants le chemin de l’école. Dans un pays, où rarement le programme annuel arrive à son terme en temps normal, s’il y’a encore des mouvements de grève « banbali », c’est l’extrême chaos qui pointe à l’horizon alors. Que Dieu nous en garde ! Un vieux de mon quartier m’a dit : « tu sais Zégué, si les enfants des chefs de nos institutions, ceux de nos ministres, et ceux des directeurs généraux ou nationaux et autres grands cadres du pays, étudiaient dans nos écoles publiques, jamais elles ne se seraient retrouvées dans une telle déliquescence. » Me le confirmez ou infirmez-vous, Excellence Monsieur Le Président ?
Quels que soient les investissements que vous ferez dans tous les domaines, si les enfants Maliens n’ont pas la chance de bénéficier d’un enseignement de qualité, le développement réel du Mali sera donc une arlésienne et l’avenir prometteur du Mali risque d’être compromis !
Assumez-vous autorités Maliennes, pour régler ce problème de grèves récurrentes et faire en sorte que jusqu’à la fin de l’année scolaire, il n’y ait plus de grèves, renvoyant les enfants à la maison, malgré eux-mêmes. Il en était déjà de trop et ce trop devient de plus en plus de trop. L’école Malienne est dans une décrépitude totale. Et cet état piteux de notre école, n’est à l’honneur d’aucun Malien, à commencer par vous qui êtes au sommet. Ayez pitié du citoyen lambda Malien. L’espoir de ce pauvre citoyen lambda Malien, c’est son enfant, et son plus grand souci, c’est de le voir bénéficier d’un enseignement de qualité pour que demain, il ait une vie plus meilleure à celle que lui, il a aujourd’hui. Même si vous ne donnez rien d’autre à ce citoyen lambda Malien, ne lui ôtez pas le plein droit de voir son enfant étudier pleinement, loin de grèves incessantes, s’il vous plait !
Si les cœurs doivent vibrer de confiance, le Mali ne peut et ne doit avoir confiance qu’en ses propres écoles, ses propres enseignants, ses propres élèves et étudiants, ses propres fils, et les mettre dans les conditions idoines. Si les champs fleurissent d’espérance, le meilleur espoir du Mali, doit résider en la très bonne qualité de ses ressources humaines d’aujourd’hui et de demain.
De la même façon dont vous avez effectué un sain appel téléphonique le jour de la saint-valentin à l’endroit de votre jeune frère (appel qui a été apprécié par moult Maliens soucieux de voir le pays hors de ce marasme anesthésiant), faites en sorte que votre gouvernement trouve dans les prochains jours un accord sain avec les « enseignants » pour que les enfants (mes petits frères et petites sœurs) retrouvent les chemins de l’école : ce haut lieu saint de l’apprentissage pour développer et émerger.
Pour que « anw ka Maliba ka ta gnè, fo lacôli ko ni jamana
D’amont en aval de ces quelques lignes, je vous, prie ; Excellence Monsieur Le Président de la République, Chef de l’Etat, de bien vouloir agréer, mes plus hautes considérations et emblématiques salutations !
Kalabancoro, le 18 février 2019
Zégué dit Moussa DIARRA
Citoyen Malien
Ingénieur en Electronique et Technologies et systèmes embarqués.
Source: figaromali