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Une surfacturation de plusieurs milliards FCFA au projet de réhabilitation et d’équipement de hôpitaux de Bamako

A fin de doter l’hôpital Gabriel Touré d’une machine IRM, l’Etat malien s’est tourné vers une entreprise Ivoirienne, Marylis BTP, une filiale de Snedai Groupe, une entreprise plus connue pour les passeports bio-métriques qu’elle produit pour plusieurs pays de la sous-région dont le Mali. Elle est également présente dans le transport urbain (navigation lagunaire à Abidjan) et la production d’électricité. Marylis BTP se spécialise dans la construction de bâtiments et les travaux publiques.

 

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Marylis BTP avait défrayé la chronique au Sénégal quand elle a demandé aux autorités sénégalaises un avenant de 13 milliards de FCFA – rien que pour les fondations qu’il avait lui-même évalué à 2 milliards – sous le prétexte que le sol sur lequel doit être érigé l’université Moctar M’Bow de Diamnaidio est argileux ce que les études n’avaient pas prévu.

En mai dernier, Le Sphinx (N° 736 du 24/04/ 2019) dénonçait un contrat gré à gré de 15 milliards CFA passé entre Marylis BTP et l’ex-premier ministre Soumeylou Boubéye Maiga. Le conseil des ministres du 14 Août dernier approuva ledit contrat pour 15,7 milliards CFA ; annonçant que 3 hôpitaux – Hôpital Gabriel Touré, Hôpital du Point G et Polyclinique des Armées de Kati – allaient être réhabilités et équipés pour « la mise en œuvre du Programme présidentiel d’Urgence sociale. »

Dans sa précédente parution (N° 747 du 22/08/2019), Le Sphinx présentait une comparaison de prix entre la proposition de Marylis BTP et les prix disponibles sur le marché européen. La machine IRM coûtera 1,25 milliard FCFA au contribuable malien alors que son prix réel de 746 millions FCFA – le surcoût de Marylis BTP est de 68%. Il y a certes une urgence, mais cette surfacturation n’a rien de social. Une analyse plus approfondie couvrant 6,4 milliards FCFA du contrat dévoile un coût réel de 2,8 milliards FCFA, soit un différentiel de 128% et un écart de 3,6 milliards de FCFA.

Un minuteur qui coûte 32 800 FCFA est facturé à 215 947 FCFA, 6,6 fois le prix réel. Un réfrigérateur médical de 1,3 million FC FA est surfacturé au double du prix au contribuable malien, les 2 échographes avec fonctions générales qui coûtent sur le marché à 30 millions de nos francs sont surfacturés à 119 millions soit un surcoût de 297% et cela avec l’acquiescement de État malien. Lequel, dans un premier temps, avait demandé, par sa voix la plus autorisée, celle du président de la République elle-même, l’annulation pure et simple du marché avant de se rétracter et d’approuver ledit marché en y apportant même sa garantie.

Une garantie qui permit à la Banque de développement du Mali (BDM) de débloquer 6 milliards pour Marylis sur lesquels 700 millions de FCFA ont été retirés cash, en 3 ou 4 tranches pour donner certainement des bakchichs aux kleptocrates qui ont sollicité à titre exceptionnel de passer ledit marché par entente directe à Marylis BTP, une filiale du Snedai Groupe dirigé, comme nous l’avons dit, par l’ex-ministre et homme d’affaires ivoirien Adama Bictogo, surnommé dans le milieu des affaires : « Le Roi de la retro- Commission. »

Pour financer le marché, la BDM avait exigé de l’État malien l’établissement d’un contrat de marché inscrit dans les budgets de 2020 et de 202, d’une domiciliation irrévocable dans laquelle il engage le Trésor à payer la banque aux différentes échéances.

Retro-commissions et blanchiment

Outre les 700 millions retirés cash, un second retrait de 1,3 mil- liards de FCFA a été effectué sur le compte, ce qui prouve qu’ils ont commencé à utiliser les fonds. Plusieurs autres opérations de l’ordre de 2 milliards de FCFA ont été effectuées. A l’heure nous mettons sous presse on constate un solde débiteur de 4 milliards sur le compte de fonctionnement. La plupart sont des transferts financiers.

C’est un secret de Polichinelle, si les gens ne veulent pas lever d’intention d’importation, ils chan- gent la nature de l’opération en transferts financiers, et ce de préférence en dehors de l’Union monétaire ouest-africaine. Histoire de brouiller les pistes et de voler le fisc. C’est du blanchement pur et simple auquel nous assistons.

Si l’on tient compte de l’avis des spécialistes qui évaluent les travaux de réhabilitation à moins d’un milliard pourtant facturés par Marylis à 3 milliards, on est en face d’une surfacturation de 5 à 6 milliards de nos francs. Le procureur Mamoudou Kassogué doit se saisir de ce dossier et demander à une structure de contrôle de passer au peigne fin toutes les factures de Marylis. Il y va de la crédibilité de la justice malienne. Sa crédibilité de l’État malien tout court.

Le Sphinx Mali

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