Les patients et parents de malades hospitalisés au CHU Gabriel Touré vivent un véritable calvaire. La raison ? Le manque de toilettes publiques dignes du nom. Au cours de nos investigations, nous avons découvert que ce sont seulement cinq toilettes publiques qui fonctionnent sur dix disponibles pour un peu plus de cinq cent patients.
Récemment, le CHU Gabriel Touré, a accueilli le lancement des journées de salubrité des structures sanitaires dans le District de Bamako. Une initiative des techniciens de surface qui a mobilisé quatre ministres et des chefs de service afin de faire la promotion de la propreté dans les structures sanitaires de Bamako, y compris au le CHU Gabriel Touré.
Mais ce que les autorités n’ont pas vu ou n’ont pas voulu voir, c’est l’état des toilettes réservées aux usagers venus pour des soins de santé. Sur les dix toilettes publiques disponibles, seulement cinq sont fonctionnelles pour les centaines de patients et parents présents à l’hôpital. Difficile de rester plus d’une minute dans certaines toilettes. Les patients qui n’ont pas les moyens de se payer des chambres avec douches intérieures, sont obligés d’utiliser des toilettes bourrées de microbes. Ce qui peut causer d’autres maladies diarrhéiques parfois plus graves que celles pour lesquelles ils ont été transmis à l’hôpital.
Établissement public hospitalier de deuxième référence offrant des soins spécialisés, notamment la cardiologie, la chirurgie générale, la gastroentérologie, la neurochirurgie, la neurologie, ORL, la pédiatrie, la traumatologie et l’urologie, avec une capacité d’accueil de 500 lits, pour 694 agents, le CHU Gabriel Touré est censé être aussi une référence en matière d’hygiène et de propreté. Mais bien au contraire, l’établissement s’illustre par le manque de toilettes publiques dignes du nom. Les cinq toilettes actuellement utilisées sont des véritables foutoirs, plongeant parfois les usagers dans une véritable consternation.
En effet, jusqu’ici, il n’y avait que cinq toilettes publiques réservées aux usagers. Cinq autres ont été construites les trois dernières années pour compléter à dix. Ce qui faisait cinq toilettes pour hommes et cinq autres pour femmes. Mais le problème est que les cinq anciennes toilettes réservées aux hommes sont devenues inutilisables. Remplies de déchets, de couches à bébé et des vers, seules les personnes en situation d’urgence l’utilisent au péril de leur santé.
Les usagers aux abois !
Dépassés par la situation, les usagers prennent leur mal en patience, mais reconnaissent quand même le mépris dans lequel ils se trouvent. En file d’attente pour pouvoir accéder à des toilettes, un homme témoigne sous anonymat : « Ce n’est pas nouveau ça. Je suis venu trouver que les hommes utilisent les toilettes réservées aux femmes, parce que ce sont celles-là qui sont utilisables. Allez-y voir celles réservées aux hommes. Personne ne peut les utiliser. Parce que partout, ce sont des saletés, des déchets… C’est vraiment horrible. Je ne peux pas décliner mon identité. Mais la vérité, c’est que cet hôpital n’a pas de toilettes. »
Tout comme lui, Maïmouna Sidibé accompagne son mari depuis deux mois à l’hôpital. Pour elle, l’état des toilettes publiques est une véritable préoccupation et dépasse tous les commentaires. « Jamais, je n’aurai imaginé que l’Hôpital Gabriel Touré était comme ça. Nous avions une autre image de cet hôpital au village, mais là c’est vraiment mauvais. Laissez-moi vous dire ceci : un jour, un malade a chié dans ses habits devant les gens, tout simplement parce que la file d’attente pour les toilettes était trop longue et que personne ne pouvait donner la priorité à l’autre. Depuis ce jour, moi personnellement, je n’utilise ces toilettes que pendant des moments peu calmes. Mais, les malades ne peuvent pas s’abstenir longtemps comme nous autres qui les accompagnons », a-t-elle expliqué.
Rokiatou Maïga, est un autre usager. Elle a témoigné : « Cette embouteillage devant les toilettes est pratiquement le quotidien des usagers de cet hôpital. Les gens passent souvent une heure pour pouvoir avoir accès aux toilettes. L’année passée, je suis venue ici pour un accouchement d’une proche, la situation était toujours la même. Mais à l’époque, les hommes donnaient la priorité aux femmes ou aux malades. Malheureusement cette année, rien de tout cela n’existe ici. Toute simplement, parce que les gens n’en peuvent plus et la foule devient de plus en plus grande devant les toilettes. »
Au regard de ces réalités difficiles à supporter, si le nettoyage des ruelles de l’hôpital est une nécessité, il faut le dire, la construction en nombre et l’entretien des toilettes demeurent plus qu’une priorité aujourd’hui au CHU Gabriel Touré.
Amadou Kodio
Source : Ziré