Une vive tension était perceptible hier lundi à Tessalit dans les perspectives de la rétrocession du camp de la MINUSMA entre les Forces armées maliennes (FAMa) et une partie du CSP en l’occurrence la branche la CMA opposée aux transferts des emprises aux autorités de la transition. Les attaques à l’arme lourde de ce groupe séparatiste ont été repoussées par les FAMa dont la riposte a fait des victimes parmi les rebelles, annonce un communiqué de la hiérarchie militaire.
Si la première phase du retrait demandé par les autorités de la transition était confrontée à moins de difficultés, la 2e phase semble être beaucoup plus contraignante pour la MINUSMA à cause les hostilités entre les FAMa et les rebelles de la CMA.
Hier encore, « Des tirs à l’arme lourde des groupes terroristes ont visé ce matin un aéronef des FAMa à l’approche de l’aéroport de Tessalit », indique le communiqué de l’armée. Selon les FAMa, l’attaque avait pour but d’empêcher l’atterrissage de l’aéronef à l’aéroport de Tessalit, mais « ces positions ennemies ont été neutralisées » par les vecteurs aériens.
« Toutes les dispositions sont prises pour continuer le processus d’occupation des emprises de la MINUSMA par les FAMa», souligne le communiqué.
Ce déploiement de nos soldats s’inscrit de la volonté des autorités de notre pays d’occuper toutes emprises et camp de la MINUSMA conformément aux principes du Conseil de sécurité des Nations unies qui soutiennent que les « emprises de la MINUSMA ne peuvent être rétrocédées qu’aux autorités maliennes ».
« Dans le cadre de la prise de contrôle des camps de la mission de l’ONU au Mali, nos troupes sont arrivées jeudi à Tessalit », a déclaré à l’AFP un responsable militaire. Il s’agit pour les autorités d’éviter toute surprise de l’anticipation du retrait de la MINUSMA et son laxisme dans l’occupation du camp de Kidal.
Une atmosphère électrique qui ne laisse pas indifférent la population civile en dépit des messages d’assurance véhiculés çà et là. Beaucoup d’entre elle ont dû fuir la ville pour se mettre à l’abri d’une éventuelle hostilité entre nos soldats et les rebelles ayant tourné la veste pour s’en prendre à l’armée. Ce déplacement massif est annoncé sur X anciennement appelé (Twitter) par plusieurs sources.
Prenant la mesure de cette situation, la Mission onusienne a également réagi dans un communiqué sur X en confirmant ces échanges de tirs entre l’armée et les terroristes et a affirmé qu’elle fait tout son possible pour achever ce processus dès que possible, y compris, si nécessaire, en accélérant son retrait du camp de Kidal, prévu à l’origine pour la mi-novembre.
«Aujourd’hui, 16 octobre 2023, dans un climat de haute tension, la MINUSMA a entamé le processus de retrait de ses camps dans la région de Kidal, en commençant par Tessalit et Aguelhok», relève la note.
En outre, le MINUSMA a exprimé sa préoccupation face à «la détérioration rapide des conditions de sécurité pour la vie de centaines de soldats de la paix», comme en témoigne l’échange de tirs hier à Tessalit.
Le Conseil de sécurité des Nations unies, garante de la sécurité mondiale, face à la violation de ses principes se contente d’une déclaration laconique pour exprimer son inquiétude face à la situation.
« Les Nations Unies sont gravement préoccupées par l’intensification des tensions et une présence croissante dans le nord du Mali, qui risque d’empêcher le départ ordonné de l’armée et dans les délais de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), et de mettre en péril le transfert en toute sécurité du personnel des Nations Unies et des biens appartenant aux pays contributeurs de troupes et aux Nations Unies. Cette situation compromet également les opérations aériennes menées par la Mission qui protègent sa réduction et facilitent son retrait », a indiqué le bureau du secrétaire général Antonio GUTERRES dans une déclaration rendue publique le lundi 16 octobre.
Après avoir gardé le silence depuis plus d’un mois, le porte-parole du Antonio GUTERRES passe complément à côté d’exiger aux rebelles de Kidal le respect des principes des Nations unies et d’afficher sa fermeté au respect strict de ce qui a été convenu au Conseil de sécurité. Malheureusement ni l’un ni l’autre.
Il faut rappeler que la rétrocession à l’armée nationale de toutes les emprises libérées par la force onusienne s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations-unies du 30 juin dernier, mettant fin au mandat de la Minusma. Les casques bleus de l’Onu devraient quitter le Mali au plus tard le 31 décembre prochain.
PAR ABDOULAYE OUATTARA
Info Matin