Après trois semaines des débats houleux et tumultueux, ce mercredi 9 octobre 2024, le procès de l’achat de l’avion présidentiel et les contrats de surfacturation des équipements militaires devrait rentrer dans sa seconde phase cruciale avec les réquisitions du contentieux de l’Etat, du parquet général et les plaidoiries de la défense.
Aussitôt repris ce mercredi matin après 24h de pause, le temps donné par la Cour pour que toutes les parties à ce procès s’arment en argumentation. Mais contre toute attente, cette session spéciale a été immédiatement troublée par des exceptions étonnantes qui auraient dû être réglées dès l’entame de ces assises par la Cour.
Le contentieux de l’Etat, au lieu de présenter son réquisitoire, a plutôt introduit une série d’exceptions. Parmi ces exceptions figurent notamment la comparution des anciens Premiers ministres (Oumar Tatam Ly et Moussa Mara) et Madani Touré, l’ex-ministre délégué au Budget sous régime de feu Ibrahim Boubacar Keita pour la manifestation de la vérité.
Le ministère public qui est en manque de preuves pour prouver la culpabilité des accusés s’est aussi immédiatement engouffré dans la brèche en appuyant avec tambour et trompette cette demande du représentant du contentieux de l’État.
Les conseils de la défense comme d’habitude ont rapidement réagi à cette demande qu’elle a qualifiée de « stratégie dilatoire » de la part des représentants de l’État dans ce procès. La défense a rappelé que la comparution des témoins avait déjà été réclamée dès le début du procès, mais sans succès.
Les avocats ont vigoureusement critiqué l’incompétence du parquet général représenté par Koké Coulibaly à présenter des preuves consistantes à la Cour après trois semaines de débats chaotiques, tout en dénonçant de passage le fait de soulever de nouveaux points si tardivement.
Le parquet général n’a pas tardé à répliquer comme à l’accoutumée aux accusations de la défense transformant ainsi la salle d’audience en un véritable lieu d’empoignades verbales.
Au regard des échanges très tendus, la Cour s’est retirée pour délibérer sur les exceptions soulevées.
La Cour présidée par le magistrat du siège Banassa Sissoko, conseiller à la Cour suprême de Bamako a décidé de suspendre l’audience sine die pour permettre la comparution des témoins susmentionnés et la réalisation d’une enquête complémentaire.
S’agissant de la liberté provisoire de quatre accusés, la Cour a instruit les conseils de la défense de suivre la procédure normale pour l’obtention d’une liberté provisoire.
D’ores et déjà, les avocats ont annoncé introduire une demande de mise en liberté pour leurs clients.
“On va se réunir pour la conduite à suivre pour formuler dans les meilleurs délais cette demande de mise en liberté provisoire. Parce que nous estimons qu’à ce stade, on peut laisser partir nos clients. Il n’y pas de risque de fuite. Les garanties de représentation sont là. On ne sait pas quand est-ce que cette phase d’instruction va durer. Ça peut prendre autant de temps que nécessaire. Nous estimons qu’il n’y a rien à se reprocher et les débats ont montré que ma cliente Mme Bouaré Fily Sissoko n’a rien à se reprocher. Elle est innocente et on va prouver ça à satiété”, a déclaré à la presse Me Tounkara, l’avocat principal de Bouaré Fily Sissoko.
Ousmane Mahamane
Source: Mali Tribune