Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta a inauguré, hier, un monument dédié aux agents des douanes morts pour la patrie, et a rendu un hommage mérité aux soldats de l’économie.
L’administration douanière est l’une des plus anciennes de notre pays et l’une des plus modernes aussi, car elle doit être capable de réagir, selon le contexte économique. La douane est chargée, de par ses vastes compétences, de mettre en œuvre et de faire respecter les dispositions législatives et réglementaires, chaque fois que des personnes ou des marchandises traversent nos frontières. C’est un maillon essentiel du fonctionnement de l’économie nationale. Elle n’est efficace que s’il existe des règles appliquées de manière harmonisée aux frontières. Ces règles s’étendent à tous les volets de la politique économique, des échanges préférentiels, aux contrôles sanitaires et environnementaux, en passant par la protection des intérêts économiques, au moyen d’instruments non tarifaires et de mesures de politique extérieure.
Cette administration, sollicitée pour la mobilisation des ressources financières intérieures vitales pour le pays, est aujourd’hui plus que jamais mise à contribution pour soutenir les finances publiques face aux difficultés économiques du pays. C’est donc pour célébrer, surtout pour rendre un hommage mérité à ceux qui, dans l’exercice des nobles tâches et en raison de la sensibilité des missions dévolues, ont consenti les sacrifices ultimes pour la patrie.
C’est donc un président de la République particulièrement fier qui fit son entrée, hier aux environs de 9h30, dans la cour de la direction générale des Douanes pour célébrer les soldats de l’économie. Il fut accueilli par le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, et plusieurs membres du gouvernement présents ainsi que les douaniers au complet. Après cet accueil empreint de beaucoup de convivialité et surtout de retrouvailles pour les doyens de la douane, à l’instar de Dianka Kaba Diakité (haut cadre de la douane qui a été, à deux reprises, directeur général et aussi ministre des Finances), le chef de l’Etat a procédé à la coupure du ruban symbolique avant de déposer une gerbe de fleurs au pied du monument. Hymne national joué à la perfection et revue des troupes impeccablement alignées, le cérémonial solennel millimétré n’a duré qu’une demi heure.
Dans une interview à la presse, le président Ibrahim Boubacar Keita a indiqué que ce monument représente, désormais, l’hommage de la Nation entière aux douaniers ayant fait l’ultime sacrifice pour le pays, dans l’exercice des nobles tâches qui leur sont confiées. «C’est donc avec beaucoup de respect et de considération que je me suis recueilli sur ce monument, pour rendre un hommage mérité à ces hommes et femmes de la douane qui ont sacrifié leur vie pour la patrie mais, aussi, à ceux qui continuent de se battre pour persévérer dans l’effort afin de permettre à l’Etat d’atteindre ses objectifs budgétaires, malgré les difficultés économiques actuelles», a t-il indiqué.
Le président Keita a, ainsi, rappelé les missions délicates de la douane qui, selon lui, ne se résument pas seulement à la mobilisation des ressources mais, et surtout, à la régulation du commerce à travers la facilitation des échanges, en tenant compte des exigences de la mondialisation et d’appui aux autres administrations, à travers la protection des intérêts de l’Etat et des citoyens en luttant contre les commerces illicites et la criminalité transnationale.
UN LIEU DE RECUEILLEMENT – Il faut noter que l’édifice, ainsi inauguré, est baptisé «Monument aux Morts». Une expression qui, selon le directeur général des Douanes, Aly Coulibaly, traduit le respect d’une mémoire collective mais aussi le souvenir du sacrifice de l’agent des douanes tombé pour la Patrie.
Très ému, il a rendu un vibrant hommage à tous ses collègues morts dans l’exercice de leurs fonctions dont le dernier en date est le jeune Mohamed Dicko (agent de constatations) tombé, mercredi dernier à Banamba sous les balles assassines de bandits armés.
«Le Monument aux Morts sera, désormais, un lieu de recueillement. Ainsi, à défaut de funérailles officielles, la mémoire de l’agent des douanes pourra être saluée par les siens. Ce monument n’est certainement pas une revendication d’une reconnaissance puérile mais plutôt un espace de recueillement pour louer les sacrifices de l’agent disparu. Mieux, à travers cet édifice, le souvenir de son acte héroïque restera toujours vivace», a-t-il assuré.
L’éMOTION PALPABLE- L’autre temps fort de cette cérémonie, très intense, a été l’hommage rendu aux 42 agents des douanes qui ont fait valoir, cette année, leurs droits à la retraite. A cette occasion, le directeur général des douanes a reçu des nouveaux retraités leurs effets et insignes de corps avant de leur remettre des chèques symboliques. S’adressant à eux, il indiquera : «Il m’est particulièrement difficile d’échapper au traditionnel mot d’adieu attendu par cette assemblée mais il n’est, surtout, pas aisé de trouver les mots de circonstance. En effet, travailler à vos côtés, pendant des années, partager les moments de joie mais aussi de crainte, nous a permis de tisser des liens de famille très forts. Chers collaborateurs, chers ainés, vous voilà aujourd’hui arrivés au terme de vos riches carrières qui, loin d’être une sanction, est surtout un grand moment dans la vie de tout fonctionnaire», a-t-il lancé.
Le patron des douanes du Mali ajoutera que cette cérémonie est, surtout, l’heure de la reconnaissance et de la consécration, car tous les serviteurs de l’Etat n’ont pas toujours la chance de vivre de telles expériences pour des raisons diverses. «Au moment où vous quittez l’administration des douanes, au terme d’importants services rendus à la République, je saisis cette occasion solennelle pour vous témoigner la reconnaissance de votre famille de la douane ainsi que celle de toute la République», a dit Aly Coulibaly.
Il s’est dit convaincu que ces départs laisseront un grand vide, tant ses désormais anciens collaborateurs ont brillé par leur «engouement, dévouement, loyauté, conscience professionnelle, respect de la hiérarchie, sérieux». «Vos jeunes collègues, ici présents, sauront capitaliser sur la riche expérience que vous leur léguez pour poursuivre la construction d’une douane toujours plus performante», a-t-il conclu.
Doussou DJIRé
L’Essor