Dans quelques jours se tiendra à Bamako le 27ème sommet Afrique-France. Crée en 1973 sur une initiative du Président Hamani DIORI du Niger dans la capitale française, c’était une réunion de famille selon Léopold Sedar SENGHOR, ancien Président du Sénégal. Certains l’on qualifié de réunion du pré-carré français en Afrique.
En réalité les rendez-vous France-Afrique sont longtemps restés essentiellement sous la logique du pré-carré, jusqu’à l’adhésion des pays lusophones et anglophones. Ce qui a donné au sommet plus d’envergure en lui conférant un lieu de rendez-vous du donner et du recevoir.
Toutefois cette évolution ne doit pas masquer la continuité qui définit certains aspects de la politique africaine de la France qui notons-le peu changé en fonction des alternances politiques et idéologiques en Afrique qui sont une réalité.
Rien n’illustre mieux cette continuité de la vision paternaliste de la France en Afrique, que les pressions faites sur le Mali et la Centrafrique, qui à un moment étaient en phase de perdre leurs territoires à cause de groupes armés aux desseins inavoués en 2012 et en 2013.
Même si l’intervention militaire de la France appelé opération « SERVAL » au Mali et « SANGARIS »en Centrafrique a été saluée comme la bienvenue à l’époque. Elle a été par la suite critiquée car ses détracteurs ont estimé que les Français en ont profité pour dicter aux populations malienne et centrafricaine des solutions de sortie de crise incongrues. Pour le cas du Mali, la France a empêché les forces armées maliennes (FAMAS) à entrer à Kidal. Les forces françaises ont fait le reste du boulot sans les forces maliennes.
Hollande avait dit à l’époque, qu’il ne laissera pas le Mali récupérer Kidal par les armes. IBK n’y croyait pas, il a tenté et la suite est connue. Jusque-là, on ne connait pas le nombre de morts dans les rangs des FAMAS. Une cinquantaine de morts a été annoncée officiellement pour faire taire les rumeurs.
Ensuite, François Hollande est venu imposer à IBK un accord soit disant pour la paix et la réconciliation nationale. Cet accord négocié à Alger et signé à Bamako le 15 mai 2015 n’a pas fini de dévoiler au grand jour, tous ses secrets. Il est très difficile de savoir quelle a été la part de responsabilité du Président IBK, de son haut représentant, et des autres membres de la délégation gouvernementale dans le processus d’Alger.
L’Algérie continue de fustiger jusqu’à présent le mutisme des membres de la délégation malienne pour les différents rounds des négociations d’Alger. Les consignes rendues publiques parmi celles qui ont été données par le président IBK à cette délégation à savoir l’intégrité territoriale, l’unité nationale, forme républicaine et laïque de l’état étaient beaucoup trop sommaires. Par ces faits de la délégation malienne, l’Algérie a eu la corde au cou.
Aussi bien le haut représentant du Chef de l’Etat dans les négociations, que le Ministre des affaires étrangères ils ont tous qualifié le dit accord d’acceptable, d’équilibré. Mieux pour défendre leurs positions, ils ont fait comprendre au peuple malien qu’il n’y a pas d’accord parfait.
Même les treize pages d’observations des forces vives de la nation à savoir les Parties politiques et la Société civile ont été rejetées en totalité à Alger sous la pression française.
La Cour Constitutionnelle n’a été consultée, ni sur l’accord d’Alger, ni sur la loi du 30 mars 2016 qui installent les autorités intermédiaires dans les régions du nord qui constituent, en somme une administration parallèles des rebelles à cette étape.
Jusque-là, on se demande pourquoi, la Cour Constitutionnelle ne s’est pas autosaisie de l’accord d’Alger ?
La réponse à cette question est claire, c’est la manière dont ses membres ont été élus qui constitue un frein à leur efficacité. Les membres de la Cour Constitutionnelle travaillent pour le régime et non pour la République. Le résultat des négociations d’Alger est là ; un accord incapable d’être appliqué ; les groupes armés revendiquent toujours plus de pouvoir au nord dont l’aboutissement sera de facto l’autonomie.
Quant à François Hollande, il a qualifié ledit accord d’historique en son temps. Quel est son avis aujourd’hui par rapport à cette qualification de l’accord d’Alger ?
Le secrétaire général adjoint Hervé LADSOUS disait l’autre jour concernant le bilan de son mandat au Mali, que depuis la signature l’accord, il n’a pas bougé en terme de mise en œuvre. Cela est le constat d’échec d’un accord imposé à IBK par la France. A son tour IBK l’a imposé aux maliens.
Avant l’accord d’Alger, il y a eu le 16 juillet 2016, un premier accord dit de coopération de défense avec notre Etat qui a été signé pour renforcer le poids juridique de la reconquête malienne qu’elle avait perdu en janvier 1961.
Dans ledit accord Paris agira selon seulement ses besoins. L’Etat malien ne peut pas mobiliser les troupes françaises pour les besoins de la cause nationale. Cet autre accord piétine allègrement la souveraineté du Mali. Ce qui fait que dix-neuf mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation Kidal n’est toujours pas malien.
C’est dans ces conditions que le sommet Afrique-France va se tenir dans un pays recolonisé par la France. Quelle honte pour IBK, Hollande, les Partis de la majorité qui ont perdu leurs langues.Ils sont tous devenus des Kouyaté au service d’un régime et non du Mali pour un temps en trahissant le peuple malien.
A cette vague des comploteurs contre la République, il faudra ajouter les religieux qui ont eux aussi chanter les louanges de l’accord. Que peuvent-ils encore dire au peuple concernant le statut de Kidal ?
Deux Républiques, deux armées, deux administrations ?
Qu’est-ce que la France exploite au nord depuis l’éviction des FAMAS de Tessalit ? Pourquoi ceux qui ont fait le griot concernant l’accord d’Alger ne dénoncent-ils pas ce sommet parce que Kidal n’est pas malien jusque-là ?
Badou S. KOBA
Source: Le Carrefour