Le Front uni contre le référendum, dans une déclaration signée ce mardi 20 juin, fait le procès du scrutin référendaire du dimanche dernier déroulé, selon ses membres, en violation de la loi. Pour cette opération test, le front appelle à la démission des membres de l’AIGE en raison de leur incompétence et de leur partialité à garantir ce scrutin crédible.
Opposé à l’organisation de la consultation référendaire sur le projet de nouvelle constitution ayant polarisé les forces vives de la nation, le Front uni contre le référendum a, dans une déclaration dont nous avons reçu copie, chargé les organisateurs dudit processus.
« Cette consultation, présentée comme légale et légitime, en réalité inconstitutionnelle et arbitraire, a été imposée au peuple malien en violation flagrante des dispositions pertinentes (articles 26, 40, 41, 71, 75, 85, 118 et 121) de la constitution du 25 février 1992, en vigueur, qui garantit pourtant les conditions, mécanismes et procédures pour un processus référendaire juste et transparent», indique le front.
Les griefs du Front contre le vote référendaire
Dénonçant les nombreuses irrégularités qui ont entaché ce référendum, le front fustige notamment l’usage des pratiques publicitaires à caractère politique et commercial (offre de tissus et tee-shirts) ainsi que leur port et usage, des dons et libéralités en argent ou en nature en vue d’influencer le vote d’un ou plusieurs électeurs par le gouvernement et ses partisans (camp du oui) ; l’usage des moyens de l’État dans la campagne par les autorités de la Transition, y compris le matériel de l’Armée.
Aussi, lors du vote par anticipation des Forces armées maliennes tenu le 11 juin dernier, le Front affirme avoir constaté que les principes n’étaient pas respectés avec l’absence de listes électorales pour les Forces de Défense et de Sécurité, conformément à « l’ordonnance dérogatoire », sans préjudice de leur présence sur les listes des Communes, avec la possibilité de voter deux fois (le 11 juin et le 18 juin 2023), rompant ainsi avec l’égalité et l’universalité du vote consacrées par la loi électorale.
Outre ces violations de la loi, le Front a également déploré la campagne attestée par des rapports et vidéos dans les bureaux de vote, comme en Commune II du District de Bamako et à New York (USA) ; de l’usage des téléphones portables dans les bureaux de vote.
De plus, le regroupement d’organisation politique et de la société civile relève la non-présence des représentants du camp du NON dans les bureaux du vote et à la centralisation des résultats. Ceci constitue aussi des irrégularités, selon le Front uni contre le référendum.
Par ailleurs, le Front uni a affirmé que le vote n’a pas été possible dans plusieurs localités à cause de l’insécurité empêchant ainsi de nombreux Maliens d’exercer leur droit de vote.
En plus d’être privés de ce droit fondamental, des présidents et assesseurs ont été enlevés et séquestrés par des hommes armés non identifiés dans certaines communes des cercles de Niono, de Djenné et de Niafunké. Sans compter que dans d’autres localités, les urnes ont été enlevées, ajoute la déclaration.
AIGE incapable d’être impartiale
Le Front uni a aussi regretté l’incapacité notoire de l’AIGE à organiser un scrutin et à être impartiale, pour demeurer l’appendice du gouvernement alors qu’elle organisait son premier test, à travers ce référendum. Pour ces raisons, il appelle à la démission des membres de l’autorité indépendante de gestion des élections.
Au regard de ces illégalités criardes et manœuvres frauduleuses savamment orchestrées, non exhaustives, le Front uni contre le référendum indique se démarquer de ce qu’il qualifie de fiasco et qui demeure le pire scrutin de l’histoire du Mali jamais organisé.
« Le Front uni appelle la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et toutes les personnes éprises de justice et de liberté à condamner fermement ce référendum illégal et illégitime, de la pire espèce », exhorte le front dans sa déclaration, soulignant que le peuple malien éprouvé méritait un processus électoral juste et transparent, où chaque voix compte et où les droits de tous sont protégés.
Par ailleurs, les responsables du Front, dans leur document, se sont prononcés sur l’avis de la Cour Constitutionnelle rejetant les requêtes relatives à l’annulation du décret de convocation du collège électoral pour le référendum, contraire à la Constitution qu’il vise.
Bien que le processus a eu lieu, le Front uni indique qu’il resterait vigilant dans sa lutte pour la justice, la démocratie et la dignité du peuple malien.
« Nous continuerons à travailler en collaboration avec d’autres mouvements et organisations pour faire entendre la voix du peuple, pour exiger que ce référendum soit purement et simplement mis à la poubelle de l’histoire », a déclaré le Front.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin