Certes, ces doléances sont légitimes, mais le moment est très mal choisi pour des mouvements de grève. A moins qu’il ne s’agisse que d’une question de règlement de compte ou de sabotage des efforts des autorités de la transition. Sinon comment comprendre qu’une centrale, qui a accepté volontiers une trêve de revendications en janvier 2020 avec un régime démocratiquement mis en place, décide la même année d’aller en grève, sachant que le pays se trouve encore plus enfoncé qu’il ne l’était. Encore pire, pendant une transition, une période durant laquelle, l’on doit vider tous les contentieux sociopolitiques pour faire face aux défis majeurs de l’heure.
Au regard de la position actuelle de l’UNTM, l’on se demande aisément si ces grèves ont le seul but de défendre les droits et les intérêts des travailleurs. Parce que les circonstances qui avaient poussé l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, à demander cette trêve aux mouvements syndicaux demeurent toujours et même sont plus difficiles qu’avant. Nous devons comprendre enfin que les solutions à cette situation ne peuvent-être collectives et consensuelles. Ce qui est sûr, c’est que si nous voulons un Mali de notre rêve (un pays réconcilié, prospère avec ses valeurs d’antan), nous devons faire en sorte que cette transition réussisse.
Aujourd’hui, nul n’ignore la situation dans laquelle se trouve le Mali. Pendant ces dix-huit mois de transition, les différents mouvements syndicaux devraient se ressaisir et comprendre que toutes les doléances déjà sur la table de l’ancien régime doivent attendre les futures autorités qui seront démocratiquement mises en place. De même jusqu’à la fin de la transition, aucune nouvelle revendication ne devrait surgir, autrement dit : pas de grèves pendant la transition. C’est la seule façon de permettre aux actuelles autorités de pouvoir exécuter leur feuille de route dans le délai imparti.
C’est certainement ce que la coordination des comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS, et des DFM de la Primature et des départements ministériels a compris en décidant de se désolidariser du mot d’ordre de grève et demande à ses militants de travailler normalement pendant les jours suscités. Sur l’arrêt des activités de l’Office Centrale de Lutte contre la Corruption et l’Enrichissement Illicite (OCLEI), réclamé par l’UNTM, la coordination estime clairement que la lutte contre la corruption est un devoir syndical «et par conséquent nous devrons porter main forte à toutes les structures de contrôle et de vérification pour la déontologie, l’éthique et de notre engagement auprès des militants ».
Quant à la large participation de l’UNTM au Conseil National de Transition, les dissidents pensent qu’il faut donner la chance aux vrais acteurs de l’avènement de la quatrième République pour éviter l’échec de la refondation du Mali. Cette décision assez responsable doit forcement inspirer les autres mouvements syndicaux, du moins pour le reste de la période de la transition.
Ousmane BALLO
Source : Ziré