Même si les sanctions ciblées décrétées par la CEDEAO, le 7 novembre dernier, n’empêchent pas l’Etat malien d’exister, le renforcement de ces mesures coercitives entraînerait un dangereux isolement du pays. Ce que le chef de l’Etat devrait tout faire pour éviter.
Mieux vaut tard que jamais. Le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta vient de prendre ses responsabilités en amorçant des discussions avec une frange importante des forces vives, la classe politique en vue de rassembler les Maliens autour des défis du moment.
Après avoir visiblement repris la main en prenant le devant de la concertation avec les forces vives, en particulier les forces politiques, le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta affiche son intention de jouer toute sa partition pour éviter que le pays sombre dans l’isolement total.
Par cette prise de responsabilité, le chef de l’Etat, non seulement, désavoue son Premier ministre, mais semble vouloir faire amende honorable vis-à-vis des exigences de le CEDEAO, et de la communauté internationale en générale.
En effet, en recevant les leaders politiques qui exigent le respect du délai de la Transition et refusent de participer aux assises nationales de la refondation annoncées pour fin décembre, le Colonel Assimi Goïta démontre que le Premier ministre n’arrive pas à rassembler la classe politique. Il veut afficher son engagement à dialoguer et le cas échéant à convaincre les interlocuteurs sur son désir d’aider à refonder l’Etat malien. Cela veut-il dire que le chef de l’Etat désapprouve la méthode Choguel Maïga ? Trop tôt pour l’affirmer clairement, même si des indices le laissent penser. Il s’agit du fait que cette rencontre s’est déroulée en l’absence du chef du gouvernement, qui plus est un leader politique ayant porté la voix du mouvement M5-RFP, dans la lutte pour faire tomber le régime IBK.
En outre, cette initiative du chef de la Transition traduit son intention d’aller à l’écoute des voix contraires, qui se situent sur la même longueur d’onde que la CEDEAO et la communauté internationale quant au respect rigoureux du délai de la Transition. Mas le Colonel Assimi Goïta va-t-il écouter ses contradicteurs, qui viennent de refuser une nouvelle fois de participer aux assises nationales de la refondation auxquelles le Premier ministre tient comme à la prunelle de ses yeux ? Le président de la Transition peut-il renoncer à ce forum pour privilégier une nouvelle feuille de route rangeant en priorité le chronogramme électoral sollicité par les partenaires du pays ? Cela n’est point évident, étant donné que les termes de référence de ces assises, son panel et sa commission d’organisation sont déjà validés et opérationnels. En prenant une telle option, ce sera un véritable camouflet au chef du gouvernement, qui ne jure que par la tenue de ces assises. Or, en s’inscrivant dans la logique du Premier ministre Choguel Maïga, qui assure que c’est ce forum qui adoptera le chronogramme électoral, le pays s’expose aux sanctions supplémentaires de la CEDEAO et de la communauté internationale.« Nous lui avons surtout conseillé d’éviter de nouvelles sanctions au pays et de prendre les dispositions nécessaires pour cela », a indiqué un leader politique au sortir de la rencontre entre le chef de l’Etat et le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie. Et un autre d’expliquer que le gouvernement peut détacher le chronogramme électoral des assises ; ce qui évitera l’isolement international au pays. « Nous avons vu un président de la Transition qui a souci de la situation du pays et qui œuvre à trouver une issue heureuse à la Transition. C’est pourquoi il doit rencontrer toute la classe politique jeudi prochain », a confié un leader politique ayant pris part à la rencontre au palais présidentiel.
Par ailleurs, il semble que le chef de l’Etat, assisté du ministre de l’Administration territoriale, est disposé à reprendre les discussions régulières du Cadre d’échanges des partis politiques avec le gouvernement. Et, il se murmure que des démarches sont initiées pour ramener certains acteurs politiques à de meilleurs sentiments. Surtout que tous sont conscients que le calendrier d’élections générales en février 2022 est désormais impossible. Il nous revient que le Colonel Assimi Goïta, son ministre de l’Administration territoriale et leurs éventuels émissaires de bons offices pourrait tout faire pour parvenir à un minimum de consensus de rallonge de la transition. Il s’agira d’une programmation des élections pour le mois d’avril ou mai devant servir à plaider auprès de la CEDEAO pour une certaine compréhension de la situation et des impératifs sécuritaires. D’ici là, le ministre des Affaires étrangères doit sillonner, dans les prochains jours, les capitales des pays voisins pour décrisper la tension entre Bamako et la CEDEAO dans la perspective du prochain sommet de l’organisation sous-régionale, le 12 décembre prochain.
Kassoum TOGO
Source : Mali-Horizon