En marge de l’évaluation de la mission de Transparency International au Mali les 20 et 24 octobre, la Fondation Friedrich Ebert (FES), en collaboration avec Transparency International et la Maison de la Presse, a organisé, avec des journalistes maliens, une table ronde sur le thème « Médias et lutte contre la corruption : best practices ». C’était le vendredi 24 octobre à la Maison de la Presse en présence du fondateur de Transparency International, Peter Eigen, du co-fondateur, Peter Conze, du représentant Résidant de la FES au Mali, M. Jan Falbusch, du représentant de la Maison de la Presse.
Les présentations et les discussions ont porté essentiellement sur l’évaluation de la mission de Transparency International au Mali, le rôle des médias dans la lutte contre la corruption et les actions de Transparency International envers les médias. L’objectif de cette table ronde était d’échanger avec les journalistes sur les enjeux de la communication sur la corruption et leur montrer l’importance de leur place dans la lutte contre la corruption au Mali.
Le rapport baromètre, réalisé par la fondation Ebert sur l’état de la corruption au Mali, soutient qu’il y a eu une hausse considérable de la corruption telle que vue par 86% des Maliens. Selon les sondages, c’est le secteur de la justice qui bat le record avec 78% suivie de la police (75%), l’école (65%), les Douanes (64%), les municipalités et les services de santé.
Selon les conférenciers de Transparency International, les médias maliens peuvent jouer un rôle de choix dans la lutte contre la corruption à travers des investigations et des reportages sur la prévalence de la corruption. Pour Peter Conze, la presse (libre) peut changer beaucoup de choses en révélant des affaires, et faire chuter même un régime. Il a pris l’exemple du Watergate aux Etats-Unis avec le président Richard Nixon.
Pour le représentant Résidant de la FES, M. Jan Falbusch, l’efficacité de la presse dépend de l’accès aux informations et de la liberté d’expression, tout en soutenant que le journaliste doit faire des investigations, en créant notamment une situation générale pour que le gouvernement ne lui cache pas les informations dont il a besoin.
Lors de cette rencontre, les hommes de média ont largement échangé avec les responsables de la fondation Friedrich Ebert sur les contraintes liées à l’accès des journalistes à l’information relative aux dossiers de corruption. Les journalistes n’ont pas manqué d‘exprimer leur besoin, notamment d’être outillés, ou protégés par des textes.
Rappelons que Transparency International (TI) est une ONG d’origineallemande ayant pour principale vocation la lutte contre la corruption desgouvernements et institutions gouvernementales dans le monde. Elle a été fondée par Peter Eigen en 1993 et a aujourd’hui un rayonnement international, possédant des sections autonomes dans 80 pays du Nordcomme du Sud. Elle rejette ainsi toute supériorité des premiers sur les seconds quant à la lutte contre la corruption et déplore souvent la baisse dans le classement de certains pays développés, notamment au sein de l’Union européenne.
Transparency Iinternational est surtout connue pour publier régulièrement des indices mondiaux sur la corruption : classement des États, taux de corruption par pays ou encore régularité des échanges internationaux. Elle se place également en observateur du fonctionnement démocratique des institutions nationales en émettant des avis sur les actions gouvernementales. C’est le cas par exemple en 2009 vis-à-vis de l’intention de Nicolas Sarkozy de supprimer le poste de juge d’instruction, qu’elle considérait en son temps comme un risque majeur.
Daniel Kouriba
Source: Tjikan