Au regard de la dimension communautaire de la crise qui affecte le centre du Mali, et conformément à son mandat, la MINUSMA inscrit la cohésion sociale et le dialogue intercommunautaire au cœur de ses actions. De janvier à octobre 2020, en étroite collaboration avec les autorités régionales et avec l’appui de la Division des Affaires Civiles (DAC) de la Mission, les communautés Bambara, Bozo, Dogon, Marka et Peulh ont pris part à des échanges dans le cadre d’un projet de « Dialogue communautaire et résolution des conflits communautaires dans cinq localités cibles dans la région de Mopti et à Ségou ». Les fonds Suisse ont financé ce projet à hauteur de 23.615.075 Francs CFA, à travers le Bureau des Conseillers spéciaux des Nations Unies pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger.
Fatou Thiam, Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA à Mopti a laissé entendre que ce projet a offert un espace de dialogue aux différentes communautés concernées qui ont exceptionnellement discuté de leurs problèmes, examiné ensemble leurs différends, et qui par la suite, ont décidé d’avancer ensemble pour restaurer la paix et le vivre-ensemble entre elles.
Dans le cadre de ce projet, s’est tenue une série de cinq dialogues intercommunautaires qui ont ciblé 14 communautés et impliqué directement plus de 250 personnes issues des groupes d’intérêts et des parties concernées. Parmi elles, les leaders traditionnels, communautaires et religieux, les autorités locales et communales, les femmes et les jeunes. L’objectif est decontribuer à la restauration de la communication, la cohésion sociale et le vivre ensemble, à travers le dialogue et la médiation entre des communautés affectées par des conflits à l’échelle locale.
Dans la région de Mopti, le contexte de conflit qui, depuis 2016 a pris de l’ampleur entre les communautés ciblées par ce projet, se caractérise notamment par des litiges fonciers ou encore, par de profonds désaccords sur la gestion et l’utilisation des ressources naturelles. Au fil des années, ces mésententes ont débouché sur d’autres incidents qui ont aggravé les rapports entre les communautés, affectant ainsi la cohésion sociale et la confiance mutuelle. Les cinq dialogues ont donc constitué une étape significative dans les efforts de restauration de la cohésion sociale dans ces zones profondément touchées par les violences ethniques. Dans la plupart des cas, des chefs religieux ont facilité l’initiation du dialogue et prôné le pardon entre les communautés.
Signature de quatre accords de réconciliation…
Sur les cinq dialogues, quatre ont abouti à la signature d’accords de réconciliation et à l’établissement de mécanismes de suivi pour leur mise en œuvre. Il s’agit d’accords entre les communautés, pour le premier conflit, issues de la commune de Toguéré Coumbé dans le cercle de Ténenkou ; pour le deuxième, celles du village de Woko de la commune rurale de Néma Badenya Kafo, dans le cercle de Djenné. Le troisième concerne les villages de Mougna et Kossouma de la commune rurale de Nema Badenya Kafo, dans le cercle de Djenné.
« Dans ma commune, Peulh et Bozo ont grandi ensemble et chacun avait son ami dans l’une ou l’autre communauté. Cette initiative de dialogue a été salutaire, car nous ne savions plus comment aborder nos différents. Je suis fier aujourd’hui de faire partie de ceux qui œuvrent pour ramener ceux qui avaient quitté la zone, à cause de ces conflits », a témoigné une autorité communale.
Le dialogue suivant concerne la commune de Dioungani, cercle de Koro, où depuis 2017, la vingtaine de villages et la trentaine de hameaux abritant des Dogons et des Peulhs, connaissent un conflit complexe, à la fois inter et intracommunautaire. Entre les Peulhs et les Dogons, y compris entre ces derniers eux-mêmes, les questions liées à l’accès et à la gestion de la terre, des ressources naturelles ainsi que le vol de bétail, entre autres, ont fini par dégrader le climat social.
Les nombreuses négociations entre les leaders locaux des différentes communautés ont abouti à la signature d’un accord de réconciliation intercommunautaire, le 20 septembre 2020. Afin de pouvoir capitaliser sur ces acquis, le système des Nations-Unies a inscrit Dioungani dans ces zones prioritaires, dans les régions du Centre du Mali.
Dans le cas des villages Nouh Bozo et Nouh Peulh, respectivement situés dans les communes rurales de Kewa et de Diafarabé, cercles de Djenné et de Ténenkou, des pas importants ont également été franchis, en matière de réconciliation de ces communautés.Ces dernières sont parvenues à l’adoption commune de solutions pratiques pour la délimitation des zones de pêche le long du fleuve Niger qui sépare les deux villages. Si dans ce cas, il n’y pas eu d’accord signé, le projet a d’abord permis d’établir le dialogue entre les principaux protagonistes puis, de restaurer des relations harmonieuses entre elles, a affirmé la mission onusienne.
Pour que les communautés restent engagés sur la voie de la paix
De concert avec les autorités locales et les leaders des communautés, les différents partenaires ont mis en branle plusieurs dynamiques de dialogues directs et de résolutions de conflits, pour parvenir ensemble à des solutions pratiques acceptées par toutes les parties. Selon le Coordonnateur-terrain de la Division des Affaires Civiles de la MINUSMA à Mopti, M. Jens KRISTENSEN, la collaboration avec les autorités communales et locales, l’Equipe régionale d’Appui à la réconciliation (ERAR), en tant qu’organisme étatique et l’ONG locale partenaire, l’Initiative Malienne d’Appui au Développement local (IMADEL),
« permet d’assurer non seulement une approche inclusive en prenant en compte la diversité et les spécificités locales, mais aussi le suivi des résolutions adoptées par les communautés pour cheminer ensemble dans le sens de la paix durable et du vivre-ensemble ».
Boubacar DIARRA, avec C.com
Source : Le Soir De Bamako