Le mercredi 19 avril 2023, le gouvernorat de Gao a procédé à la désignation des membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) pour la 7e région. Au terme du processus, des organisations de la société civile ont dénoncé ce qu’elles qualifient de ‘’tripatouillage’’ voire de ‘’hold-up électoral’’. Raison évoquée : la violation des dispositions prévues par la loi concernant le choix des représentants devant siéger au sein de l’AIGE par l’administration régionale, à savoir le tirage au sort.
Dans une correspondance adressée au Chef de l’exécutif régional, en date du 24 avril 2023, des organisations de la société civile de Gao, dont entre autres, l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH Section de Gao) ; la Coalition des Anciens des Mouvements et Organisations de la Résistance Civile de Gao (CAMORC) ; le Mouvement Éveil Mali ont exprimé leur indignation face au rejet du principe du tirage au sort retenu comme étant le mode de désignation des membres de l’AIGE.
Pour ces organisations, cela constitue une violation de la loi électorale. De ce fait, elles invitent le Gouverneur à ouvrir une enquête pour situer les responsabilités.
Les Faits
Selon la version des signataires, après deux reports de suite où le chef de cabinet a tenté la mise en place, sans succès, dû principalement au refus de certaines organisations, notamment le bureau de la société civile de Gao et leurs acolytes, d’accepter le principe du tirage au sort à défaut du consensus, conformément aux dispositions de la loi électorale, une campagne a été engagée par ces derniers en phase avec certains collaborateurs du Gouverneur pour tenter de dissuader les différents protagonistes au processus.
L’objectif étant de trouver un dénouement de la situation autour de leur choix.
Ainsi, dans la journée du mercredi 19 avril 2023, de 9h å 14h, les mêmes tentatives et stratégies de diversion étaient au rendez-vous avec des élèves mobilisés disposant des mandats au nom des organisations fictives, dont les principales tâches dans la salle étaient de bruiter pour des fins d’intimidation, de sabotage et de manquement aux principes édictés.
Une mission que ces ados ont éloquemment accomplie au vu et au su des autorités qui ont essuyé des menaces, des injures grotesques sans la moindre inquiétude des auteurs.
«Aucune instruction ou réplique pour restaurer l’ordre dans la salle n’a été cependant donnée, ni des autorités présentes ni de la part de l’impressionnant dispositif sécuritaire mobilisé. Toute chose qui laisse à croire l’exercice de la théorie du complot », déplorent les signataires.
Ainsi, ont-ils fait savoir, c’est à ce scénario digne d’un film Hollywoodien et l’incapacité des autorités à s’assumer, ne se reste qu’appliquer les textes dont elles ont fait lecture au tout début auxquelles les uns et les autres ont assisté.
Selon nos sources, après les différents scénarios d’intimidation et de tentative de consensus sans cesse, un conseiller spécial s’est permis, à la surprise générale, d’inviter l’ensemble des mandataires déguisés d’écrire le nom de leur choix sur le mandat puis le déposer dans une urne.
C’est ainsi que sur 40 mandats dépouillés, le nom d’un seul candidat s’est retrouvé 36 fois.
Cependant pour dissiper les preuves et les traces du scénario, les mêmes élèves mobilisés se sont emparés de l’urne au vu et au su de nos chères autorités.
Considérant ces multitudes de vices de procédures et de violation des textes, les signataires invitent le chef de l’exécutif régional à ouvrir une enquête afin de situer les responsabilités et reprendre dans des conditions dignes en phase avec le texte, le processus pour donner de la légitimité au choix de Gao.
«C’est avec consternation et une indignation profonde que nous avions assisté à un tripatouillage des dispositions prévues par la loi concernant le choix des représentants devant siéger au sein de l’AIGE. À savoir le consensus ou le tirage au sort», indique la missive.
« Nous nous opposons farouchement à de telles pratiques contre lesquelles d’ailleurs les autorités de la Transition sont résolument engagées, en plus qui ternissent l’image de notre région mais surtout entachent tout le processus tout en laissant des taches d’huile tout au long », protestent-ils.
Avant de conclure : «Nous ne reconnaissons point en l’état, le nommé issu du hold-up du mercredi 19 avril 2023, et nous userons de tous les moyens légaux, de droit dont nous disposons pour restaurer et faire respecter la loi ».
À rappeler que cette rencontre consacrée au choix du représentant de la société civile de Gao au niveau de l‘Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) était placée sous la présidence et la supervision de M. Inamoud YATTARA, Directeur de cabinet ; M Amadou BAH, Conseiller aux Affaires juridiques; M. Mohamed TOURE, Conseiller spécial, tous du gouvernorat de Gao et des deux huissiers de justice ; en plus d’une impressionnante équipe des forces de sécurité mobilisées pour la couverture sécuritaire de l’événement.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info Matin