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Ras Bath, porte-parole du CDR : « L’arrestation de Bakary Togola est un élément qui contribue à redorer le blason de la justice »

Depuis l’arrestation de Bakary Togola, les commentaires inondent les réseaux sociaux et les journaux maliens. Même si certains, surtout les plus sceptiques, pensent que le procureur anti-corruption, Mamoudou Kassogué, échouera dans son combat,  d’autres trouvent l’arrestation de l’ami d’IBK comme une renaissance de la justice malienne. Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, porte-parole du CDR est de ceux qui croient qu’à travers l’arrestation de Bakary Togola et certains de ses complices pour  présomption de détournement des ristournes des paysans, la justice  malienne redore son image. Aussi, a-t-il, dans une interview qu’il nous accordée hier par  téléphone,  félicité le procureur Mamoudou Kassogué pour son appel à témoins dans l’affaire des « avions cloués au sol ».

 

Lisez l’interview

Que pensez-vous de l’arrestation de Bakary Togola ?

L’arrestation de Bakary Togola est, selon moi, est un signal fort, un indicateur du réveil d’une justice réclamée par les Maliens. Le montant reproché à Bakary Togola est un grand manque à gagner pour les paysans. L’impact de ce manque à gagner sur l’agriculture et l’économie est grand. Donc,  que la justice cherche à savoir la destination de ce fond,  les auteurs de son détournement, c’est une très bonne chose. Aucun segment de la société ne peut se développer sans  la justice. La justice est à la base de tout, elle est l’élément indispensable de tout développement.  Que l’appareil judiciaire soit là pour protéger l’intérêt de   chacun, pour garantir la liberté de tous, pour permettre à tous, en cas d’abus, d’être remis dans leurs droits, est gage de stabilité. La justice n’est pas que la répression, elle est un facteur de développement économique. Imaginez  tous les montant qu’on a perdu dans la surfacturation, dans la construction des routes qui sont dégradés deux ans  après, les équipements militaires …Quand la justice fait son travail comme il le faut, chacun est rassuré d’investir dans ce pays. Au-delà de ce que les gens disent, cette action  est un signal fort pour la justice, elle-même. Cette justice qui, par son comportement,  a été décrié, vomie, bannie par les citoyens, se réveille enfin. Cette  arrestation de Bakary Togola  est un élément qui contribue à redorer l’image et le blason de la justice.  En cela, le mérite revient au ministre de la justice, au président de la République et au procureur près le tribunal de grande instance de la commune, en charge du Pôle économique et financier de Bamako. C’est à  travers ce Procureur que nous avons appris que le Président de la République et le Garde des sceaux apportent leur soutien et accompagnement à la justice. Cela est un engagement fort et salutaire.  Cela voudrait dire que le ministre de la Justice, Me Malick Coulibaly et le président de la République se sont engagés à ne pas s’interférer  dans  les actions de la justice. Le ministre de la justice dont on connait le passé, un espoir pour une société juste, rassure le peuple par son acte par rapport à l’image qu’on a de lui. Et le procureur a très bien dit qu’il n’est pas un procureur à charge, qu’il n’est pas un  procureur de règlement de compte, qu’il est un procureur pour l’application de la loi…Une belle assurance !

Un autre aspect de ce signal fort de la justice est  que Bakary Togola qui a été arrêté est bien un proche au président de la République, il a joué un rôle important à sa réélection. Dans un pays où les proches du président sont beaucoup protégés, cette arrestation de Bakary Togola nous donne  confiance à cette justice. Si elle  avait commencé par quelqu’un proche de l’opposition, on aurait pu penser que c’est un règlement politique. Mais du moment où cette renaissance de la justice a commencé par un proche du président, on peut dire que la justice se réveille enfin, pour marcher vers le  chemin tant souhaité.

Mais l’arrestation de Bakary Togola est un test  par rapport à la survie de la justice malienne dans cette nouvelle direction, et par rapport à l’engagement du peuple à avoir une bonne justice. Si le procureur résiste  à toutes les pressions politiques, parce qu’il en aura bien sûr,  le cas de Bakary Togola va donc être le chemin pour conduire le bateau de manière souhaitée à bon port,  que nul saurait arrêter. Si le président IBK et le ministre refuseront  de céder aux pressions des hommes politiques tapis dans l’ombre, le procureur va bien réussir sa mission d’une justice  équitable, digne et imperturbable. La société civile, le peuple malien,  en général, qui a tant réclamé une justice pareille, doit s’ériger en sentinelle de protection afin que le procureur, à défaut de bénéficier de  soutien politique, puisse bénéficier du soutien et de la protection de la société civile. La société civile doit encourager  et soutenir ces actions de la justice afin que les acteurs puissent être motivés et à poursuivre leur  travail comme la Loi a dit.

Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako, en charge du Pôle économique et financier, Mamoudou Kassogué a fait un communiqué, en début de cette semaine, dans lequel il appelle tous les Maliens  disposant d’informations sur l’affaire dite des « avions cloués au sol » dont l’enquête en cours, à saisir, dans l’anonymat soit-il, le parquet pour l’évolution rapide des enquêtes. Ce communiqué divise les Maliens : certains estiment qu’il ne devrait pas le faire, pendant que d’autres  trouvent  que le procureur, à travers ce communiqué, a mis la balle dans le camp des Maliens. Qu’en pensez-vous, M. le porte-parole du CDR ?

Ce communiqué est un bon signal encore pour la justice malienne. Nous sommes très contents d’avoir un procureur qui pense de la même manière que nous par rapport à la justice et qui s’intéresse à toutes les informations relatives à la gestion des deniers publics et à la bonne marche des affaires publiques. La réponse à l’Appel à témoins du procureur est une obligation pour les  Maliens. Et l’irrespect de cette obligation est une infraction qui peut valoir à la personne  d’être poursuivie pour rétention d’information, et  non-contribution à la recherche de la vérité.  Le communiqué du procureur, dans la forme, atteste la bonne foi de cette équipe à la tête de la justice. Aussi, ce communiqué du  procureur en charge du Pôle économique et financier prouve sa connaissance de son travail en tant que procureur de la République. Même s’il est une  autorité chargée de poursuivre ceux qui sont en infraction, il n’est pas le seul à être au courant de toutes les infractions.  Il n’est pas omnipotent, il n’est pas omniscient pour être, voir ou entendre partout. Donc, tout détenteur de dossiers de détournement pourrait,  dans l’anonymat, l’approcher et l’informer de ce qui se passe. Cela lui permettra d’être en possession de maximum d’informations afin de pouvoir faire efficacement son travail. Cet appel à témoins,  dans l’affaire des « avions cloués au sol »,  est très important compte tenu de plusieurs raisons : le  pays en guerre depuis 2013, le nombre élevé de morts  causées par l’insécurité, les surfacturations dans l’achat des armements. Donc tout citoyen qui se sent patriote,  qui a connaissance d’un élément permettant au procureur d’étayer l’opération qui a permis l’achat de ces avions « cloués au sol », doit saisir le parquet de la commune III du district de Bamako. Le contraire peut être considéré comme une complicité.  Cet appel à témoins doit être relayé dans toutes les  langues du Mali et doit être expliqué aux citoyens. Les détenteurs des informations doivent inclure la saisine du parquet dans leur devoir.  C’est pourquoi j’ai invité Clément Dembélé à dénoncer le procureur qui, selon lui, a annoncé ne poursuivre quelqu’un que quand l’affaire atteint une somme  de 4 à 6 milliards. Que Mamadou Sinsy Coulibaly aussi remettre la liste des fonctionnaires les plus corrompus au procureur.

Enfin, nous remercions le ministre Malick Coulibaly. Nous sommes très contents de ne pas nous être trompés sur lui lorsqu’il venait d’être nommé. Nous remercions le procureur de la République qui, de par sa connaissance, sa technique d’explication, nous a donné des éléments indicateurs d’une bonne justice.

Par Boureima Guindo

Source : Le Pays

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