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Quand la voie électorale devient une impasse?

En reconnaissant la victoire du Président sortant avant même que la cour constitutionnelle ne rende son arrêt sur les résultats provisoires, la France a non seulement fait montre de mépris pour les institutions de notre pays, nos procédures constitutionnelles mais, elle a également indiqué la fin de la démocratie dans notre pays sous le régime IBK.

Les pays voisins en lui emboitant le pas, nous mettent dans l’embarras. Eux en ne respectant pas nos procédures constitutionnelles en matière électorale, ils ont violé les procédures communautaires en matière de Gouvernance et d’élections. La France comme nos voisins ont ravalé au rang de futilité les élections au Mali.

Certes, nul ne se fait d’illusion sur le courage de la Cour constitutionnelle du Mali pour aller dans le sens de l’histoire, mais de là, à ne pas sacrifier à la forme qui sied en la matière, ils témoignent d’une grande défiance vis-à-vis du Mali et de ses institutions majeures.
Dès lors, que reste-t-il à notre pays quand tous reconnaissent que la voie électorale devient une impasse ?

Les élections dans un régime démocratique, permettent de façon pacifique le renouvellement des sociétés, en se débarrassant des politiques et des responsables qui ont échoué ou qui ont cessé d’être efficaces.
Par des élections démocratiques des nations ont été capables d’assurer le renouvellement au sein de leurs sociétés ainsi que la relève des générations, sans les bouleversements souvent tragiques dans la gestion des affaires du pays.
Jamais, les Maliens ne sont autant mobilisés de façon quasi-permanente contre un pouvoir en place que celui du président sortant avec la soif de l’alternance au cours de ces élections.

Malgré leur engagement à se mobiliser contre l’insécurité, l’inaction, l’impuissance, la corruption, la prédation et la gabegie du pouvoir en place depuis cinq ans, ils semblent condamnés à subir les mêmes politiques et la même caste de dirigeants déterminés à ne pas être dérangés dans leur bonne vieille habitude. Les urnes se sont avérées inefficaces, impropres au changement parce que truqués de toute part.
Aussi, les réactions de nos partenaires et de nos voisins sonnent-elles comme de pas alertes vers la fin de la démocratie au Mali.

Depuis le coup d’Etat de 2012, le Mali peine à rétablir l’Etat de droit, les élections de 2013 n’y ont apporté aucune avancée significative, bien au contraire on assiste à sa remise en question. Cela a commencé avec la mise sous tutelle politique de la Cour constitutionnelle.

La tentative de mise au pas de l’ensemble de l’institution judiciaire. Les journalistes et la société civile ne sont pas épargnés, subissant attaques politiques et judiciaires. Symboles de cette situation, c’est le journaliste Bourama Touré qui disparait probablement assassiné et enterré quelque part et un interminable procès fait à son journal le Sphinx pour bien d’autres raisons. La procédure particulière employée pour fermer récemment la « Radio Renouveau » en dit long sur les dérives en cours.
Les démocrates et les sociétés civiles des autres pays de notre communauté d’intégration d’ancrage, la CEDEAO auraient tort de penser que cela n’arrive qu’au Mali.

La mission d’observation de l’Union européenne (UE) n’a constaté aucune « fraude », quand bien même, elle affirme avoir observé des problèmes « d’irrégularités procédurales » comme « deux cas de procès-verbaux pré-signés et pré-remplis » avant la fin du scrutin.
Au surplus, elle note que son mandat n’était pas de « juger si les élections sont crédibles ». On se demande ce qu’elle est venue faire au Mali, sinon que du tourisme électoral en donnant une caution internationale à un débâcle électoral dans tous les sens du terme.
De la fraude et la triche informatique, il y en a eu, elle passe par les 85 % de taux de participation fantaisiste dans la région de Kidal et dans le cercle de Ménaka ainsi que certaines localités éloignées comme celle de Salam dans la région de Tombouctou.

Il eût les 100% de vote au profit d’un seul candidat preuve de bourrage des urnes. Il eût des bulletins prévotés en faveur d’un seul candidat. En fin de compte les résultats des présidentielles ont été des notes distribuées aux uns et autres par le candidat sortant, somme toute des résultats fabriqués par ses soins. De tout cela l’Union Européenne qui n’a été présente que 400 bureaux de vote sur 23 000 bureaux de vote au total, n’aurait vu que des « irrégularités de procédure » et non « de fraude » un vrai euphémisme pour ne pas se prononcer sur le manque de transparence et d’équité du scrutin au Mali et partant sa non crédibilité.

Il n’y a aucun doute que nous avons assisté à un véritable coup d’Etat électoral dont les éléments matériels sont entre autres, le bourrages d’urnes massifs dans le nord et le centre du pays, les cartes d’électeurs indisponibles dans de nombreux bureaux de vote, fichier électoral mis en ligne vicié, trafic de procurations, irrégularités durant l’ensemble du processus de transmission et de compilation des résultats, incohérences flagrantes entre les suffrages exprimés en pourcentage et le nombre de voix attribuées, égarements de procès-verbaux de dépouillement, impossibilité de vérifier le nombre exact de localités dans lesquelles le scrutin ne s’est pas déroulé etc.

Au sortir déjà du premier tour, il était sans équivoque que les résultats provisoires annoncés ne reflètent pas le vote des Maliens parce qu’ils étaient tout simplement manipulés. Bien avant, l’environnement immédiat des élections était tout simplement vicié par l’utilisation abusive des moyens de l’Etat du fait du président de la République sortant, candidat à sa propre réélection.

La propagande de l’ensemble du Gouvernement sur le prétendu bilan du président de la République qui faussait de façon flagrante l’égalité de traitement des candidats en période électorale notamment par les média de service public. Il s’y ajoute, le retrait massif de cartes d’électeur par des personnes non titulaires et non habilitées gonflant artificiellement le taux de retrait des cartes, mais dont les véritables titulaires en sont privés.

De ce qui précède, le Malien est aujourd’hui outragé de voir spolier son vote. Les résultats proclamés éconduisent sa soif d’alternance et de renouveau exprimée de façon quasi permanent tout au long du quinquennat finissant. C’est pourquoi, les innombrables irrégularités soulignées plus haut et qui ont émaillé ces élection ne peuvent être acceptées dans une démocratie, en ce qu’elles traduisent un manque de respect pour notre peuple, une volonté délibéré de le déposséder de son choix.

Cette dépossession du Malien de sa dignité, est aujourd’hui accompagnée de menaces, mais c’est là une recette bien connues de nos compatriotes, d’autres l’ont fait avant le maitre du jour…
Mais, dès lors que tout nie le droit à la démocratie au Malien que reste-t-il pour action au peuple ? Assurément le droit à la résistance et celui de la reconquête de sa démocratie perdue.
Dans cette perspective toutes les voies de droit et toutes les actions politiques doivent être invoquées pour le peuple souverain.

Souleymane Koné, ancien Ambassadeur du Mali

 

Source: figaromali

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