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Propos du premier ministre sur les compressés et retraités par anticipation : L’UNTM proteste, rappelle le Choguel Maïga à l’ordre et menace

Le bureau exécutif national de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) n’arrive toujours pas à digérer les propos du Premier ministre sur les droits des compressés et retraités  par anticipation lors de son interpellation devant le Conseil national de la transition (CNT), le jeudi 21 avril 2022. Dans sa correspondance n°095/BE-UNTM/SG du 6 mai 2022, signé par son secrétaire général, Yacouba Katilé et adressée au chef du gouvernement, la centrale syndicale rappelle que les dires du chef du gouvernement selon lesquels les problèmes des compressés et des retraités par anticipation ne sont pas prioritaires pour le gouvernement ont attristé le monde du travail.

L’UNTM réitère au Premier ministre que le problème concerne les droits qui ont des fondements salariaux des ex-travailleurs qui ont fait des sacrifices pour que les programmes d’ajustement structurel du Mali ne soient voués à l’échec. “L’Etat étant une continuité en dépit des vicissitudes politiques, vous-même, faut-il le rappeler, aviez ordonné en 2021 que les compressés et retraités par anticipation ouvrent des comptes en banque d’où seront payés leurs droits avant  la fête de Tabaski.  Cette décision donnait à notre Transition une crédibilité, une sympathie qui étaient largement louées partout, y compris à l’étranger parmi nos compatriotes établis à l’extérieur. Dès lors, vous comprendrez aussi que l’UNTM qui, aux dires de gens de plus en plus nombreux y compris dans votre entourage, n’est pas en odeur de sainteté auprès de vous, ne puisse pas ne pas réagir pour déplorer qu’à travers elle, d’innocentes personnes sont privées de leurs droits acquis sur la base de leurs salaires qui ont des valeurs humaines incontestables et cela sous votre autorité. Dans les discussions sur la trêve, nous faisions remarquer que les droits des victimes des programmes d’ajustement structurel ne sauraient être gérés à l’aune de la trêve, mais qu’il fallait les apurer pour adoucir l’extraordinaire dénuement où les intéressés se  trouvent”, insiste le secrétaire général de l’UNTM.

Il déclare à l’intention du Premier ministre qu’au-delà des problèmes évoqués, l’UNTM est brimée sous sa propre impulsion au sein du M5-RFP pendant les rencontres auxquelles elle assiste dans le cadre du M5-RFP, en demandant aux départements de faire  la promotion des syndicalistes et de leurs organisations qui ont fait, selon lui, la lutte pour le changement. “C’était le signal contre notre centrale partout. N’ayant aucun regret de ses prises de position d’hier à aujourd’hui, l’UNTM a fait pour le succès du changement plus que nombre de protagonistes ayant agi dans l’ombre du M5-RFP. Mais encore, aujourd’hui plus qu’hier son seul vouloir, sa seule mission historique est la défense des intérêts des travailleurs et de ceux suprêmes du peuple malien, ce qui n’est pas le cas pour les  spécialistes de calculs politiques.  Ainsi donc, parce que l’on a des ressentiments contre l’UNTM, le Snec, certains hauts responsables de la centrale, on a décidé, au mépris du droit et de la liberté  syndicale (partie intégrante des droits humains fondamentaux), vous et vos amis dans  le gouvernement, dans le Conseil national de transition (CNT), dans ce qui reste du M5-RFP,  décidiez de ne pas donner satisfaction à la centrale historique, initiatrice sans regret aucun des événements du 26 mars 1991, de l’indépendance nationale, des  grands changements socio-économiques et politiques depuis 1960. Mais, notre force c’est aussi que nous sommes derrières les conventions de l’ONU, les résolutions de l’OIT, les lois de la République du Mali. Les accords conclus le 5 février 2021, selon tous les instruments juridiques internationaux ont la même valeur que les lois nationales”, martèle le SG de l’UNTM.

Sabre au clair

Selon l’UTM, le Premier ministre refuse la relecture du décret n°2011-05/P-RM du 10 février 2011 qui est cependant à l’avantage des citoyens victimes d’une gouvernance calamiteuse qu’il prolonge en brimant la centrale, par voie de conséquence, des pauvres citoyens qui sont les membres.

“Monsieur le Premier ministre, vous refusez de rétablir dans leurs droits des responsables syndicaux licenciés soit pour fait de grève, soit sous le prétexte de la Covid-19 (Syama, Bramali et bien d’autres services…) La grève est reconnue par les conventions des Nations unies, de l’OIT, de la Constitution et de la Charte de la Transition du Mali. Ce refus est une violation pure et simple des règles de l’Etat de droit. Vous refusez une révision des codes portant création des bureaux de placement privé (BPP) qui exploitent seul des milliers de jeunes travailleurs maliens.

Vous refusez que le Patronat et l’UNTM ouvrent des discussions pour l’octroi des augmentations de salaires que le privé n’a pu satisfaire ni en 2014, ni en 2019, ni en 2021, en incitant les employeurs à ne pas mêler l’UNTM dans vos  discussions. Vous refusez toute intervention pour le respect de l’intégrité des domaines de l’ORTM et de l’IER laissés aux mains des spéculateurs fonciers parce que l’UNTM en fait une revendication essentielle. Nous aurions pu soulager le calvaire des fonctionnaires face à la cherté de vie à travers des mesures consensuelles.  Puisque c’est l’UNTM, vous vous y refusez. Nos salariés, toutes catégories confondues, auraient pu gérer autrement l’accumulation des hausses de prix, car ne touchant pas des salaires et indemnités en millions, qu’est-ce qui peut les retenir ?  A côté de nous, les charges publiques de Transition sont bénévoles. Voilà une marque de patriotisme qui vous a manquée, vous et vos camarades. Le syndicalisme peut entrer dans le jeu politique national. Toutes les conventions et résolutions le consacrent. Donc, faites attention !”, dit-il.

La centrale syndicale assure qu’elle ne nourrit aucun ressentiment contre qui que ce soit, aucune rancune, aucun désir de revanche et qu’elle et ses membres soutiennent le président de la Transition en lequel le peuple se reconnait.  “Cela a justifié l’option libre et souveraine d’arrêter les grèves, de ne plus déposer de nouvelles revendications, pourvu que, les anciennes soient progressivement apurées.

Vous et votre tendance M5-RFP, et membres du gouvernement, pensez que tout respect des accords signés est une abdication devant ‘le casse-pied’ que constitue l’UNTM. D’accord, mais c’est oublier que l’UNTM peut beaucoup plus que ça. La ligne rouge est la tentative de prolifération du négationnisme de la révolution démocratique du 26 mars 1991 et de ses résultats sans lesquels aujourd’hui ne sera pas. Il ne faut plus que cela se répète!”, assène encore le patron de la Bourse du travail.

L’UNTM appelle le Premier ministre à l’ordre. Car, pour elle, il n’est pas opportun de soulever les questions susceptibles de renforcer des ombrages dans ses relations avec l’UNTM et avec membres du gouvernement. Pour l’UNTM, le problème des compressés et des retraités par anticipation restera le symbole de la reconnaissance pour les services rendus à la nation au moment de leurs activités professionnelles.

L’UNTM espère compter sur un haut esprit de responsabilité pour un dénouement rapide du problème. Ce qui ne fera que redoubler davantage le capital d’adhésion des masses laborieuses aux options de la Transition.

Elle exprime enfin le vœu que cela se réalise sous la haute direction du Premier ministre.

Siaka Doumbia

Source: Aujourd’hui-Mali

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