Alors que le référendum prévu pour ce dimanche a été reporté sine die, le projet de nouvelle Constitution fait polémique. Cette fois-ci, c’est les religieux qui contestent le principe de la laïcité au Mali.
Après la polémique autour de la question des langues, cette fois-ci, c’est le tour de la laïcité d’être remise en cause par certains religieux musulmans. Le projet de nouvelle Constitution affirme que le Mali est une “République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique laïque et sociale”.
Mais certains leaders religieux ne sont pas d’accord avec ce principe de laïcité. Ces dernières semaines, beaucoup d’imams ont réservé leurs sermons de vendredi à la laïcité et ont appelé les fidèles musulmans à s’y opposer farouchement. Alors que le référendum prévu pour ce dimanche a été reporté sine die, la Ligue malienne des imams a demandé au gouvernement le retrait pur et simple du mot “laïcité” dans le projet de nouvelle Constitution et le remplacer par “Etat multiconfessionnel”.
Pour bon nombre de religieux, c’est ce principe de laïcité qui a conduit le Mali dans cette situation politico-socio-sécuritaire parce que les dirigeants maliens se cachent derrière cette astuce de laïque pour claustrer la ou les religions.
Avec ce concept “Etat multiconfessionnel”, il s’agit d’un Etat où les différentes confessions se répartissent la gestion comme le cas du Liban ou du Nigeria où quand le président est chrétien, le Premier ministre doit être musulman et vice versa. Idem pour les députés qui sont repartis par quota entre les différentes confessions : sunnites, chiites, chrétiens, maronites.
Selon Jacques Dembélé, chercheur à l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako “on ne peut pas être au service de Dieu et du monde. Il faut juste choisir son camp. Soit, on est à la mosquée et à l’église, soit on est dans la gestion des affaires du monde”.
“Les fidèles Maliens doivent commencer à se questionner sur la sincérité de leurs chefs religieux. On ne peut pas être imam ou pasteur et aspirer à la gestion politique. Les deux ne riment pas”.
Le chercheur Jacques Dembélé a pris l’exemple sur le cas du Liban. Au Liban, il y avait eu une guerre civile qui a duré de 1975 à 1990 avec des soubresauts jusqu’à nos jours. “C’est ce que nous voulez du Mali ? L’autre cas est le voisin du Liban, la Syrie. Qui est aussi dans des problèmes à cause du multi-confessionnalisme ? Tous les États qui ont plusieurs confessions et qui veulent la paix ont opté pour la laïcité : la Russie, la Chine, plusieurs Etats africains. L’Etat du Mali doit s’assumer”, tranche notre chercheur.
Ousmane Mahamane
Source : Mali Tribune