L’Alliance pour une révolution verte en Afrique a contribué à des améliorations considérables dans la production de ces spéculations dans la région de Sikasso
La région de Sikasso est considérée comme la zone grainière par excellence du Mali avec un potentiel de production céréalière avoisinant les 4,5 millions de tonnes par an. Malgré cet important potentiel, la productivité des céréales, spécialement celle du maïs, est faible. Aujourd’hui, le rendement moyen du maïs chez les paysans est de 1,5 tonne/hectare, largement en deçà du potentiel de 4 tonnes et plus par hectare avec les variétés améliorées.
La faible productivité du maïs peut être attribuée à plusieurs facteurs dont la faiblesse et la baisse de fertilité des sols, la faible utilisation de nutriments et de variétés à haut rendement, les mauvaises pratiques de gestion de fertilité des sols ainsi que des conditions climatiques souvent défavorables.
Les agriculteurs maliens utilisent moins de 10 kg de nutriments/ha (en dehors des zones cotonnières et rizicoles). L’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) entend inverser cette tendance afin d’accroître la production alimentaire et de réduire la pauvreté dans les communautés rurales du grenier céréalier de Sikasso grâce à l’amélioration de la productivité des systèmes de culture à base de maïs.
Les cultures cibles sont le maïs et le niébé. Spécifiquement, le projet poursuit des objectifs de renforcement des organisations paysannes et des systèmes de vulgarisation pour une large diffusion des technologies de gestion intégrée de la fertilité des sols (GIFS), d’augmentation de la productivité du système de culture maïs-niébé par une large diffusion des technologies éprouvées de GIFS. Enfin, il vise à accroître l’accès des producteurs aux intrants, notamment les semences améliorées, les engrais et les insecticides.
Ainsi, dans le cadre de l’intensification du projet maïs/niébé dans la région de Sikasso, AGRA a encadré 4 secteurs, 12 villages et 656 producteurs en 2014. Il a également assuré la formation de 15 techniciens d’agriculture et des producteurs à la GIFS, organisé des rencontres et la formation de l’encadrement en GIFS, des rencontres villageoises d’information des producteurs et réalisé une enquête de renforcement des capacités des organisations paysannes (CPI) dans 54 villages.
Dans le secteur de Bougouni, en 2014, AGRA a procédé à la distribution de 10 tonnes de semences de maïs et 5 tonnes de semences sélectionnées de niébé (Yèrèwolo, Korobalé), à la distribution de 52 tonnes d’engrais complexe céréale et 86 tonnes d’urée conformément au KIP (Kick Start Input Package) au prix de la subvention gouvernementale. Enfin, AGRA a assuré la distribution de 3.300 flacons d’insecticides pour le niébé.
Elle a effectué les suivis culturaux des 5.300 « parcelles paysannes de production », les études socio-économiques des 54 villages de 7 cercles de Sikasso (ESPGRN), le prélèvement de sols et les analyses au Laboratoire sol eau plante de Sotuba, le bilan de la campagne et la gestion du magasin de warrantage dans les 54 villages.
Toujours dans le secteur de Bougouni, AGRA a organisé la formation des chefs secteurs et des chargés de programme à la GIFS, la formation des leaders paysans au warrantage, la formation des chargés de programme aux aspects socio-économiques du projet.
Les suivis culturaux et carrés de rendements, la formation des producteurs à la gestion du KIP, la mise en place d’un magasin de maïs dans chaque village, la réalisation d’une enquête socio-économique et la création d’une coopérative de producteurs de maïs/niébé par village, sont, entre autres, les activités menées par AGRA dans le secteur de Bougouni.
Environ 1045 tonnes de maïs sont disponibles à la vente dans les 54 villages, une dizaine de coopératives des producteurs de maïs/niébé sont installées et disposent d’un récépissé.
Sur les analyses de la qualité des sols, AGRA a abouti à des résultats qui pourront intéresser les chercheurs de l’Institut d’économie rurale (IER) et surtout le département du Développement rural qui envisage d’établir une cartographie détaillée possible de la pauvreté des sols. Le système de culture maïs/niébé se justifie dans la région grainière de Sikasso.
Le warrantage du maïs sécurise pendant 6 mois les exploitations agricoles contre le bradage et l’insécurité alimentaire et améliore les revenus. Le renforcement des capacités des organisations paysannes sécurise la production et le marché.
En définitive, la Gestion intégrée de la fertilité des sols (GIFS) est un outil d’amélioration de la fertilité des sols pauvres de la région de Sikasso. La production de maïs en 2014 était de 1.744.026 tonnes, ce qui représente 25% des 6.980.733 tonnes de céréales produites dans notre pays. Cette céréale devient du coup la deuxième après le riz en importance de production.
M. COULIBALY
LE COUPLAGE MAIS-NIEBE A CHANGE LES VIES
L’Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA) a organisé la semaine dernière une visite de terrain afin de recueillir les témoignages de paysans encadrés dans les différentes zones d’encadrement. Ainsi, la délégation s’est rendue dans le village de Flaboula, un des 19 villages de la commune urbaine de Bougouni. Cette localité fait partie du secteur agricole de Bougouni où la technique culturale du maïs associé au niébé est vulgarisée par le projet Agra/IER, maïs/niébé.
La délégation a discuté avec quelques membres de la coopérative « Kotognogontala » de la localité. Zantigui Diakité, le chef de village, a apprécié la démarche : « nous saluons nos encadreurs de Bougouni qui nous amené cette technique. J’avoue qu’au départ de l’essai, je n’étais pas très sûr du rendement. Mais après les récoltes de la première année, j’ai été agréablement surpris du résultat. Aujourd’hui, grâce à la culture du maïs associé au niébé, je peux dire que la pauvreté a reculé dans notre village. Nous bénéficions en plus des graines de maïs, du fourrage de niébé et de grains de niébé. Même nos animaux en profitent ».
Yoro Diakité, un membre de la coopérative, assure que les bienfaits de cette technique sont énormes : « d’abord nous vendons le fourrage, une partie du maïs et nous consommons le reste ». Chacun des membres exploite environ 0,25 hectare et à la récolte, on peut obtenir entre 4 et 5 sacs de 100 kg de maïs et 4 sacs de niébé. « C’est vraiment encourageant », a jugé Yoro Diakité avec une mine satisfaite.
Drissa Coulibaly, un autre membre de la coopérative, révèle qu’avec sa femme et son garçon ils exploitent 0,75 hectare. « Depuis 3 ans, la vente de fourrage de niébé me procure des revenus confortables. Avec cet argent, j’ai construit 2 appartements, j’ai pu acheter des bœufs de labour. Donc pour moi, la culture du maïs associé au niébé est une très bonne opportunité. Elle aide à lutter contre la pauvreté », a confirmé Drissa Coulibaly.
Son collègue Adama Diakité ne tarit pas d’éloge à l’endroit d’AGRA. « Le projet a changé notre vie, aujourd’hui, l’autosuffisance alimentaire est là. Tout le monde produit et nous pouvons vendre le surplus pour faire face aux autres dépenses comme les frais de scolarité de nos enfants, leur habillement et les fournitures scolaires », énumère Adama Diakité.
Madjougou Doumbia est une ménagère de Flaboula. « Nous avons vu la différence entre ce que nous faisions avant et ce que nous faisons maintenant. Avec ma parcelle de 0,25 hectare, je parviens à aider mon mari et acheter les fournitures scolaires de mes enfants. Cependant nous les femmes n’avons pas d’équipements, il nous faut attendre que les hommes terminent leurs travaux champêtres pour espérer leur emprunter les charrues et les bœufs que nous rétribuons à la récolte. Une journée de location de la charrue nous coûte 5000 Fcfa », a révélé Madjougou Doumbia.
A Ouré, dans la commune rurale de Zantiébougou situé à 22 kilomètres de Bougouni sur la route de Sikasso, la délégation a rencontré des paysans de la coopérative « Den nabalo » qui compte 203 membres.
Abdou Doumbia est le trésorier de la coopérative. « Je suis heureux aujourd’hui en prenant la parole ici sur les avantages de la culture du maïs associé au niébé. Depuis 3 ans, nous récoltons entre 5 et 6 sacs de maïs. Cette quantité de maïs était impensable à obtenir sur un quart d’hectare même avec l’accompagnement de nos encadreurs de Bougouni. Tout le monde ici est heureux. Grâce au système de warrantage, nous avons pu enregistrer des nouveaux adhérents au sein de notre coopérative ».
Ousmane Traoré a salué l’amélioration qu’AGRA a apportée dans les modes de culture. L’association de la culture du maïs avec le niébé a fait quelques miracles unanimement salués par les paysans bénéficiaires de la technologie. Ils ont remercié le projet AGRA qui leur a permis d’augmenter leurs revenus et d’améliorer leur alimentation propre et celle du bétail grâce aux importants gains financiers que leur procure la technologie vulgarisée.
M. C.