Élaguer les vieux manguiers, sélectionner les plantes de petite taille, veiller à l’aération par l’entretien… voilà quelques secrets d’une production en quantité et en qualité
La filière est une véritable manne pour des milliers de producteurs. Les principaux bassins de production sont les localités de Bougouni, Yanfolila, Sikasso, Koulikoro, Kati, Siby, Ségou. Rappelons que le manguier est un arbre de la famille des anacardiaceae, originaire d’Asie méridionale cultivé dans les pays tropicaux pour son fruit : la mangue.
Une partie de la production malienne de mangues est destinée au marché européen. Selon les statistiques 2018 de la campagne de commercialisation, le Mali a exporté 22 276 tonnes de mangues, contre 16 879 tonnes en 2017. Une évidente augmentation due en partie au traitement par des produits phytosanitaires mis à la disposition d’une unité pour le traitement des palettes de mangues destinées à l’exportation, c’est du moins ce que soutient le projet d’Appui à la compétitivité agroindustrielle du Mali.
Pourtant en dépit de ces chiffres réjouissants, les manguiers pâtissent beaucoup de leur grand âge et du manque d’entretien dans notre pays. Pour les spécialistes, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la productivité quoiqu’il existe des moyens d’en minimiser les conséquences.
Selon Mme Goro Aminata Goro, personnel d’appui de l’Unité des ressources génétiques (URG) à l’Institut d’économie rurale (IER), la production normale de la mangue commence à partir de 5 ans. De cinq à 10 ans, c’est une production vraiment normale. De 15 à 20 ans, la production commence à décliner. Mais dans des endroits favorables, l’âge a peu d’impact sur la productivité.
Si la taille du manguier est pour beaucoup dans le rendement, l’âge aussi compte, souligne Mme Goro Aminata Goro qui explique : « Si le verger vieillit, ça joue sur la production et la rentabilité diminue ». Selon la spécialiste de l’IER, à partir de 15 à 20 ans, il faut certaines mesures pour que le manguier continue à produire.
Mamadou Karabenta, chef de division étude et expérimentation à l’Office de protection des végétaux (OPV), est du même avis. Ce spécialiste conseille que pour minimiser les conséquences du poids de l’âge, il faut une opération de rajeunissement. Laquelle consiste à élaguer l’arbre, à diminuer donc le feuillage, les branches. « La répartition de la sève sera ainsi concentrée sur la plante, vous diminuez aussi l’activité photosynthétique et la plante se régénérera », explique-t-il. Après cette opération, le manguier va commencer à rentrer dans une phase active de production, assure Mamadou Karabenta.
besoin d’entretien – Pour le spécialiste de l’Office de protection des végétaux, le verger moderne est une option viable face aux autres défis que la filière doit surmonter : les attaques des nuisibles. Dès la première année, conseille-t-il, on sélectionne d’abord la taille des plantes, une taille qui ne dépasse pas celle d’un homme normal. « Ceci a beaucoup d’avantages pour le producteur, explique Mamadou Karabenta, car débout, il peut cueillir ses mangues et les mettre à l’abri. »
Le spécialiste fait remarquer que généralement nos vergers sont si touffus qu’on ne voit même pas le soleil quand on y pénètre. « Ceci favorise des foyers de mouches des fruits. L’infestation par les mouches a un impact négatif sur nos exportations », fait-il remarquer.
Notre interlocuteur estime que 30% des producteurs de manguiers pratiquent le rajeunissement. Il explique que la culture de la mangue est en général une activité familiale. Il arrive parfois qu’au moment de la récolte interviennent de nouveaux acteurs : le pisteur, le négociant local, puis l’exportateur.
Autre problème de taille au niveau de la production de la mangue : le fait que les vergers soient très souvent des biens collectifs. Les propriétaires les ont légués à leurs descendants. « Du coup, le verger se trouve être la propriété de plusieurs personnes. Alors qui va l’entretenir, s’interroge Mamadou Karabenta qui signale que sans entretien le verger ne peut produire à hauteur de souhait.
En dépit de ces difficultés, notre pays produit environ 200 000 tonnes de mangues. «L’exportation n’atteint que 30% de notre production globale», déplore Mamadou Karabenta. Nous n’avons même pas atteint les 50% de la production et déjà on a des problèmes de mouches des fruits».
Le spécialiste estime que la sélection des manguiers de petite taille permet de diminuer le taux d’infestation par les mouches et de booster la quantité de mangues exportables. Les manguiers de petite taille donnent beaucoup de fruits parce qu’il y a l’ensoleillement et l’aération. «En plus des défis liés à l’âge, les mouches des fruits constituent une contrainte majeure à la production des mangues. Les femelles pondent des œufs sur les fruits. Après éclosion, les larves ou asticots se développent dans la mangue provoquant ainsi sa pourriture », explique notre interlocuteur.
Mamadou Karabenta explique que les manguiers n’ont pas besoin d’apport d’eau en saison sèche. Mais il conseille des techniques culturales consistant à faire un labour de fin de cycle qui permet à l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol et de se mettre à la disposition des plantes pour qu’elles l’utilisent pendant les périodes difficiles.
Il conseille aussi un entretien régulier qui permet d’aérer les arbres. « Quand le manguier commence à fleurir, il y a des branches inutiles qu’on doit enlever pour mettre la sève à la disposition des fruits, développe-t-il. Enfin quand on fait la culture des mangues, il faut faire une culture pure. Vous trouverez dans nos vergers des goyaviers à l’intérieur des mangueraies, des papayers ou bien d’autres spéculations qui ne sont pas la mangue. Cela contribue à intensifier les foyers de mouches dans le champ. Il faut veiller à planter des manguiers seuls et ne pas les associer à d’autres plantes ».
Mohamed Z.
DIAWARA
Source: L’ Essor