Sans nul doute, la signature de l’Accord de paix a suscité une lueur d’espoir pour le retour définitif de la paix au Mali. Plus de 6 mois après, le constat laisse un goût d’inachevé. Car, le processus de réunification de notre pays peine à bouger malgré le désir clamé des uns et des autres.
Après le parachèvement de la signature de l’Accord pour la paix et réconciliation nationale le 20 juin dernier, le peuple meurtri du Mali caressait le rêve d’une réunification de son territoire, divisé de fait en deux entités territoriales à savoir : le Nord et le Sud. Car, la signature d’un accord en pareille situation entre les belligérants (Etat du Mali et les mouvements armés du nord) sous entend que les parties se sont mises d’accord sur les grands principes permettant de réunifier le pays et de s’attaquer aux différentes racines de la récurrente rébellion à dominance touarègue. Tel est à tout point de vue l’objectif fondamental de l’Accord. Mais aujourd’hui, il est regrettable de constater que plus de 6 mois après la signature de l’Accord, la ville de Kidal n’est toujours pas sous l’autorité de l’Etat central. Il demeure jusque-là sous le joug des mouvements armés de la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA). Pour preuve, le refus catégorique de ces mouvements armés de voir organiser l’élection législative partielle dans la circonscription électorale d’Ansongo, plus précisément dans la localité de Talataye, au motif que cette commune rurale est une entité administrative de l’Azawad, est significatif à plus d’un titre et souligne la partition de fait du Mali. Le hic dans cette situation est que tout se passe sous le nez et à la barbe des forces partenaires de notre pays, qui demeurent curieusement passives. Et pourtant, si elles ont une utilité au Mali, c’est de permettre à notre pays de recouvrer l’intégralité de son territoire.
Jeu de dupes
C’est un secret de polichinelle que les forces partenaires du Mali ne sont pas suffisamment engagées pour la réunification diligente de notre pays. Surtout quand on sait que les termes de l’Accord pour la paix et la réconciliation sont clairs comme de l’eau de roche en ce qui concerne l’unité nationale. Plus précisément le chapitre I relatif au principe d’engagement des parties dans la mise en œuvre de l’Accord dont l’article 1 alinéa 1 stipule que «les parties, dans l’esprit de la feuille de route, réitèrent leur attachement aux principes ci-après: le respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc». Si on s’en tient à cette disposition de l’Accord, on comprend nettement que les mouvements armés signataires ne devraient nullement constituer une entrave à la tenue correcte de l’élection législative partielle dans la circonscription électorale de Talataye. En dépit de certaines déclarations tendancieuses pour se démarquer des actes de sabotage qui ont été commis, tout laisse à penser que certains d’entre eux se cachent derrière les djihadistes pour empêcher l’exercice de la souveraineté de l’Etat sur son territoire. Mais la où le bat blesse, c’est l’attitude des forces partenaires, plus précisément la Minusma. Car, cette force des Nations Unies devrait appuyer l’Etat du Mali en tant que membre de plein droit de l’ONU pour qu’il puisse recouvrer l’intégralité de son territoire. «L’Organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres», dispose l’article 2, alinéa 1 de la Charte de l’ONU. Mieux, la résolution 2227 indique clairement que la Minusma doit concourir, dans les limites de ses moyens et dans ses zones de déploiement, à l’organisation d’élections locales transparentes, régulières, libres et ouvertes à tous, en apportant notamment l’aide logistique et technique voulue et en mettant en place des mesures de sécurité efficaces, conformément aux dispositions de l’Accord. Ce qui s’est passé à Talataye est illustratif de leur passivité. Quant à la force Barkhane dont la mission consiste à neutraliser les terroristes, n’est plus très active dans le septentrion depuis belles lurettes. Car, les djihadistes ont signé leur retour. Et pourtant, elle n’est pas en manque de moyens matériels et logistiques pour accomplir merveilleusement sa mission.
Le peuple doit prendre son mal en patience
Sans nul doute, la signature de l’Accord de paix a suscité une lueur d’espoir pour le retour définitif de la paix au Mali. Plus de 6 mois après, le constat laisse un goût d’inachevé. Car, le processus de réunification de notre pays peine à bouger malgré le désir clamé des uns et des autres. La question qui taraude les esprits des Maliens est de savoir à quand la réunification du Mali ? De toute évidence, même si certains acteurs diront que le processus traîne à cause des étapes préalables consignées dans l’Accord, la réunification du Mali ne figure nulle part dans l’Accord comme une partie intégrante dans le cadre de la mise en œuvre. Ne serait-ce que d’accepter l’organisation des élections de proximité. En tout cas, l’impasse qui plane sur le cas de la ville de Kidal en dit long. Il semble opportun que le peuple se donne la main pour exiger la libération totale de la ville de Kidal. Sinon, on n’est pas encore sorti de l’auberge.
Boubacar SIDIBE
Source : Le Prétoire