En décembre 1991 déjà, devant le foisonnement des radios et journaux privés, les professionnels du monde de la communication ont tenu leurs premières journées de réflexion (du 19 au 24 décembre) afin de s’organiser pour mieux s’adapter au nouveau contexte social et politique. Ces journées ont été d’une réflexion approfondie sur le secteur de l’information et de la communication.
Le secteur des médias qui, pendant longtemps, a été le monopole de l’Etat s’est ouvert aux initiatives privées. Pour se faire la liberté de presse a été reconnue et garantie. C’est justement en reconnaissance de ce rôle que la Constitution de la IIIe République (promulguée par le décret n°92-037/P-CTSP du 25 février 1992), en son article 7 dit : « La liberté de presse est garantie. Elle s’exerce dans les conditions fixées par la loi. L’égal accès pour tous aux médias d’Etat est assuré par un organe indépendant dont le statut est fixé par une loi organique ».
Suite aux recommandations de ces journées l’Etat en conformité avec la Constitution, a élaboré différentes lois concernant le secteur médiatique. Ces lois et leurs décrets d’application ont montré un certain nombre d’insuffisances, dont l’inadéquation des procédures d’octroi et de retrait d’autorisation, la mauvaise définition des procédures de contrôle et surtout la multiplicité des intervenants dans la régulation du secteur.
Nos autorités, championnes en élaboration et toilettage des textes, ont ainsi adopté la loi n°2012-019 du 12 mars 2012 relative aux services privés de communication audiovisuelle pour corriger les insuffisances antérieures. Malgré cette loi, certains segments des médias restent encore verrouillés par le fait des autorités.
Si le monde des médias peut s’estimer heureux en ce qui concerne la liberté de créer des journaux et radios privés, force est de reconnaître que pour les télévisions privées nous n’en voyons quasiment pas même si on peut énumérer quelques-unes. Celles-ci ont-elles été autorisées par l’Etat à diffuser ? Avec quelle licence diffusent-elles. En d’autres termes, fallait-il libéraliser ou non ?
Au regard du rôle que joue la presse au Mali la réponse ne peut être que positive. Cependant, tout ne baigne pas dans l’huile : le secteur est confronté a pas mal de problèmes d’où sa vulnérabilité actuelle.
Force est de reconnaître que cette libéralisation de l’espace médiatique n’est pas seulement perçue avec la même image en raison de l’agression physique, emprisonnement des journalistes et autres menaces. Il apparaît clairement que la libéralisation de l’espace médiatique reste inévitablement un sujet de réflexion.
Oumar B. Sidibé