A l’issue de la semaine russe de l’énergie tenue du 11 au 19 octobre 2023 à Moscou, la délégation malienne conduite par le Ministre de l’Economie et des Finances a obtenu un certain nombre de promesses sous formes de mémorandums. Parmi celles-ci figurent la construction de centrales nucléaires pour la production d’énergie. Certes, ceci est à saluer, mais au regard des impacts négatifs du nucléaire en cas de problèmes, n’était-il pas mieux que nos autorités privilégient les énergies recouvrables comme le solaire dont le Mali dispose d’un important potentiel ?
Depuis des décennies, les puissances mondiales ont compris que les énergies fossiles s’épuiseront tôt ou tard. C’est pourquoi, elles se sont orientées vers d’autres sources d’énergies comme le nucléaire. Mais avec les mauvaises expériences de Thernobyl en ex URSS et Fushikoma au Japon, elles ont scruté la voie des énergies renouvelables et particulièrement l’énergie solaire.
Énergie renouvelable, énergie inépuisable
Une énergie renouvelable est une énergie dont les réserves sont inépuisables et qui n’ont aucun impact négatif sur l’environnement. On dit qu’elle est renouvelable parce que sa vitesse de formation est supérieure à sa vitesse d’utilisation. Elle n’engendre pas ou peu d’émissions polluantes et de déchets. Elle contribue à lutter contre les rejets de gaz carbonique et l’effet de serre et favorise la bonne gestion des ressources locales sans compter que son exploitation génère des emplois. Les sources d’énergies renouvelables sont le soleil, la chaleur de la terre, le vent, les marées, les chutes d’eau et même la croissance des végétaux. Autrement dit, les types d’énergies renouvelables sont : l’énergie solaire (photovoltaïque et thermique), la biomasse, l’énergie éolienne, l’énergie géothermique, et l’énergie hydraulique. Les énergies renouvelables représenteraient de nos jours 18% de la production mondiale d’électricité dont les 90% proviennent essentiellement de l’énergie hydraulique. C’est pour dire que les énergies renouvelables sont peu exploitées dans le monde. Conscientes de cela, les puissances du monde sont en train de plus en plus vouloir expérimenter ces énergies, particulièrement le solaire.
Le solaire a un avenir radieux
Excellent pour notre moral et source de vitamine D, le soleil est une mine inépuisable d’énergie ! Chaque année, l’astre produit plus de 20 fois les besoins énergétiques mondiaux. L’énergie solaire ne représente encore aujourd’hui que 1 % des capacités de production électrique mondiale mais elle semble promise à un avenir radieux. « C’est une énergie en pleine croissance autant au niveau mondial qu’en France où elle croît le plus vite », témoigne William Arkwright, Directeur général d’ENGIE Green.
En France, le solaire représente aujourd’hui 15 GW installés, pour l’essentiel, sur les toits de bâtiments tertiaires, sur des ombrières de parkings et dans des friches industrielles ou ferroviaires.
La récente loi d’accélération des énergies renouvelable entend bien démultiplier cette capacité de production d’énergie solaire pour dépasser les 100 gigawatts (GW) en 2050. On l’utilise pour fabriquer de l’électricité ou de la chaleur à partir de deux grands types de technologies : le photovoltaïque et le thermique. En d’autres termes, les infrastructures solaires évoluent vite, très vite. De plus en plus grandes et performantes (la méga centrale espagnole Nunez en est le parfait exemple), elles sont aussi de plus en plus complexes. La France verra bientôt se développer une immense ferme solaire flottante, la plus grande du continent. Un projet porté par l’entreprise allemande QEnergy. Cette future ferme flottante sera construite au nord de Dijon, sur une ancienne carrière de pierres. Cette zone, baptisée les îlots Blandin s’étend sur une surface généreuse de 127 hectares. Initialement, la centrale devait avoir une capacité de production de 66 MW, mais celle-ci a été augmentée à 74,3 MW.
Pour établir une comparaison, cela revient à la puissance électrique nécessaire pour alimenter plus de 7 000 maisons pendant une journée. Un résultat plutôt satisfaisant. Cette ferme sera composée de 134 649 panneaux solaires, répartis sur six îles flottantes. Selon leur positionnement, celles-ci seront soit ancrés aux berges ou au fond de l’eau. La conception entière de l’infrastructure a été pensée pour respecter au maximum l’environnement. Matériaux durables et made in France pour la plupart.
Avec une mise en service prévue pour le début de l’année 2025, les îlots Blandin pourront alimenter pas moins de 37 000 foyers. L’impact environnemental de la ferme est estimé à une réduction annuelle des émissions de CO2 à 18 000 tonnes à l’échelle nationale une fois qu’elle fonctionnera. Un projet d’envergure à surveiller de près, qui conjugue respect de l’environnement et innovation.
En juin 2023, des scientifiques du California Institute of Technology ont annoncé la réussite d’un test de transmission d’énergie solaire vers la Terre. Une première mondiale. L’avenir d’une énergie solaire illimitée se trouve peut-être dans l’espace. Pour la toute première fois, une station solaire en orbite a transmis sur Terre de l’électricité produite à partir de ses panneaux solaires. Le California Institute of Technology (Caltech) a conduit cette expérimentation dans le cadre du projet Space Solar Power Demonstrator (SSPD). Il s’agit d’une sonde spatiale qui a décollé début janvier 2023. A son bord, plusieurs prototypes destinés à tester la viabilité de technologies de collecte et de transmission de l’énergie solaire vers notre planète : DOLCE (Deployable on-Orbit ultraLight Composite Experiment), une structure pour tester les mécanismes de déploiement des panneaux solaires spatiaux ; ALBA qui évalue 22 types de cellules photovoltaïques confrontées à l’environnement extrême de l’espace ; MAPLE (Microwave Array for Power-transfer Low-orbit Experiment), un réseau d’émetteurs micro-ondes qui convertit et transmet l’énergie solaire.
Au regard seulement de ces deux cas, l’on peut se rendre compte de l’importance de l’énergie solaire. En tant que pays sahélien, le Mali n’en manque pas. Le voisin sénégalais a beaucoup investi dans le secteur. Il en est de même pour le Maroc.
(Dans les prochaines parutions, il sera question de l’état des lieux des énergies renouvelables au Mali).
Par Sidi Modibo Coulibaly, Expert-Consultant en communication ayant élaboré la Stratégie de communication et de gestion et partage de connaissances sur les énergies renouvelables au Mali.
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