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Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’: ‘‘toute solution passe par une conférence politique’’

Les conclusions du Dialogue National Inclusif (DNI) du 14 au 22 décembre ; le Sommet de la ‘’clarification’’ de Pau du 13 janvier, tels étaient les deux principaux sujets d’analyse de la Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’, lors de sa conférence de presse de ce samedi, au Mémorial Modibo KEITA, sous la houlette de sa Présidente du Directoire, Mme SY Kadiatou SOW.

 

L’ancien Premier ministre Modibo SIDIBE, le Chef de file de l’Opposition, Soumaïla CISSE, le Secrétaire général de la CSTM, Amadoun Amion GUINGO figuraient parmi les personnalités qui ont honoré de leur présence cette conférence de presse de ‘’clarification’’ de la Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’.

L’espoir trahi

Dans son état des lieux, la Plateforme rappelle une situation socio-politique qui a atteint des niveaux inégalés, en 2019, avec la persistance des violences, en particulier dans les régions ‘’dites du Centre, du Nord’’ marquées par des assassinats, des enlèvements (…) dont la conséquence est la détresse de populations isolées, déplacées, la déstructuration de l’économie rurale, la destruction des ponts, les attaques meurtrières contre les FAMa…

Pour la Plateforme, l’année 2019 s’achève sur cette note triste, désespérante et sans perspective de lendemain meilleur pour notre peuple.

Rentrant dans le vif du sujet, elle souligne : ‘’les Maliens dans leur grande majorité fondaient un grand espoir sur la tenue d’un véritable Dialogue national inclusif pour apporter des réponses appropriées aux conséquences désastreuses de la crise multiforme que nous subissons depuis 2012’’. Mais, ç’a été la déception puisque ‘’le Président de la République et son Gouvernement ont bouclé ce 22 décembre 2019 un processus de Dialogue national inclusif bien loin de celui qu’il annonçait à la Nation le 16 avril 2019 :’’l’idée d’un cadre de dialogue plus vaste, plus représentatif, plus inclusif fait son chemin et emporte mon adhésion… Ce qu’il nous faut, c’est un format qui ne laisse personne sur le quai, qui rassemble les segments les plus divers de notre société… Ce qu’il nous faut, c’est un consensus solide pour notre avenir politique, institutionnel, social, je devrais dire sociétal’’’’.

Le DNI à la loupe

Quelle analyse des conclusions du DNI ? La Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’ pointe du doigt un DNI ‘’formaté’’ visant à faire entériner l’Accord politique de Gouvernance (APG) ; le fait que les recommandations soumises au pouvoir discrétionnaire du Président de la République n’ont aucun caractère contraignant.

Autre grief : le renvoi de la relecture de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR) aux mécanismes prévus à l’article 65 qui reviendrait à laisser le Gouvernement en tête-à-tête avec les Mouvements et les représentants de la communauté internationale et à consacrer un droit de veto aux parties signataires : aucune révision n’est possible sans leur consentement express. Pourquoi le DNI n’a pas déterminé les points qui fâchent dans ledit APR dont il recommande la relecture ? S’interroge la Plateforme qui, subséquemment, dénonce une violation flagrante de l’APR par la CMA, le MNLA, le HCUA et le MAA, lors de leurs récents congrès, par une démonstration de force consistant à exhiber leurs arsenaux militaires.

En ce qui est de la révision constitutionnelle, la Plateforme fustige le refus des autorités de reconnaître la crise post-électorale née de la présidentielle et sa fuite en avant sur la proposition de se retrouver pour poser les bases d’une bonne organisation des législatives. Elle mitraille également le prétexte des reports justifiés par la situation sécuritaire qui s’est dégradée davantage aujourd’hui. À quoi ont servi ces reports, s’interroge-t-elle.

Mme SY souligne qu’il fallait préalablement les réformes nécessaires ; faute de quoi les partis politiques seront piégés et il y aura beaucoup de candidatures indépendantes.

« Nous n’avons pas de recette, mais nous disons qu’il est impossible d’organiser ces élections sans exclure certaines zones », alerte la Présidente qui paraphrasant quelqu’un soutient : ‘’ce DNI est un déni des réalités’’ et d’affirmer sans ambages, à propos des législatives : ‘’nous n’allons pas accompagner le Gouvernement qui continue à passer outre certains principes républicains auxquels nous sommes attachés’’

.Deux actions immédiates

Pour les recommandations relatives au front social, la Plateforme voit deux actions immédiates : l’exécution des engagements de l’État et des employeurs du secteur privé ; l’observance d’une trêve sociale qui ne se décrète pas. À propos, Mme SY interpelle les autorités sur l’exemple de sacrifice qu’elles donnent : qu’est-ce qui est fait pour réduire le train de vie de l’État ? Est-ce que la crise empêche les autorités de mener des activités qui n’apportent rien aux Maliens ? « C’est vrai qu’il faut penser à l’avenir de nos enfants, mais cela est de la responsabilité première du Gouvernement et du Président de la République. S’ils ne peuvent, qu’ils viennent discuter, au lieu de tenir des propos méprisants’’, s’est insurgé Mme SY à propos du Dialogue avec les jihadistes, la Présidente a dit : ‘’nous sommes obligés de constater que le Président et le Gouvernement sont en train de mener les Maliens en bateau. Cela faisait partie des recommandations de la Conférence d’entente nationale. Mais, ceux que nous dirigent réellement ont dit qu’il est hors de question, le Président a dit qu’il n’en est pas question’’. ‘’Si à l’époque, on avait envoyé des signaux, peut être que beaucoup de vies seraient sauvées’’ a-t-elle ajouté.

La nécessaire stratégie propre

Sur le Sommet de Pau, la Plateforme estime qu’en focalisant l’intervention militaire sur la zone des trois frontières, cela reviendrait à livrer les populations à elles-mêmes et aux groupes jihadistes, sans oublier de condamner les propos de l’hôte dudit sommet. Elle soulève des questionnements : quelle sera la réaction des groupes terroristes face à cette stratégie ? Quel temps faudra-t-il pour que les FAMa aient la capacité d’assumer leur mission régalienne ? La présence des troupes françaises dans les pays du G5 Sahel au motif de lutte contre le terrorisme n’est-elle pas une autre façon de sécuriser les pouvoirs en place face à leurs peuples désabusés… ?

Mme SY fait rassure et interpelle : ‘’nous ne refusons pas qu’elles (NDLR : les forces étrangères) viennent nous aider, mais tant que nous n’aurons pas notre propre stratégie, nous serons toujours là à appliquer ce que les autres auront pensé pour nous’’.

In fine, déclare la Plateforme : ‘’nous n’avons pas de solution, mais toute solution passe par une conférence politique, avec les forces politiques et sociales’’.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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