Entamé depuis le 1er septembre, cette réunion a été une occasion d’évaluer ce processus de retrait qui doit être effectif avant le 31 décembre prochain. Ainsi, faisant le point, le chef de la MINUSMA, El-Ghassim WANE a informé le conseil du plan détaillé de ce retrait axé sur deux phases avant la liquidation de la MINUSMA.
Une mission complexe
« Fermer une mission établie sur une période de 10 ans en 6 mois est une entreprise complexe et ambitieuse. Cela implique le rapatriement de 12947 membres du personnel en uniforme, la cessation de service de 1786 employés en civil. Le rapatriement de près de 5500 conteneurs et d’équipements appartenant aux contingents et à l’ONU et près de 4000 véhicules », a indiqué El-Ghassim WANE, pour montrer le travail d’hercule qui attend sa Mission d’ici fin décembre.
Outre le rapatriement et le désengagement progressif du personnel civil et en tenue militaire, la Mission doit rétrocéder 12 camps et d’une base opérationnelle temporaire dans notre pays.
Le responsable onusien a expliqué que la 1ère phase du retrait de la Mission a été achevée, il y a quelques jours, avec le transfert et la fermeture des postes avancés et les plus petits.
« Nous avons réduit notre emprunt géographique de 25% », a expliqué le responsable onusien, en précisant que cette étape qui a commencé le 3 août a concerné les camps de Ogossagou, de Ber, de Goundam s’est achevée avec Ménaka.
Ces emprises ont été transférées aux autorités maliennes à travers la signature avec des responsables de la MINUSMA de documents attestant l’état des camps et du respect des obligations environnementales par la Mission onusienne.
A cet effet, il a rassuré que la MINUSMA est en train d’œuvrer à la destruction des engins dangereux, malgré la contrainte de temps, et la réduction progressive de ses agents.
A ce stade, M. WANE a salué les avancées notables enregistrées lors de cette 1ère phase venant à être bouclée. Toutefois, il a soulevé quelques difficultés dans la mise en œuvre de cette phase, en l’occurrence l’insécurité, le climat.
« A la fin de cette phase, nous avons rapatrié 1096 en uniforme. Cependant 79 conteneurs de matériels et d’équipements ont déjà été transférés hors du Mali. Une nouvelle réduction du personnel est attendue à la fin de septembre. Elle concerne 291 personnels civils, y compris les volontaires. Ce qui représenterait 33% de l’effectif de la MINUSMA », a-t-il indiqué.
Éviter des incidents inutiles
A cette phase, si la rétrocession des emprises de Goundam, de Ménaka et Ogossagou n’ont pas posé de problèmes, celle de Ber, a déploré M. WANE, a été émaillée par des violences entre les parties signataires de l’Accord (les forces armées maliennes et la Coordination des mouvements de l’Azawad) rendant ainsi la rétrocession difficile ; sans compter les attaques dont la Mission a été la cible en quittant Ber.
« La Mission a accéléré ce retrait de deux jours, en raison de la dégradation de l’état de la sécurité dans le secteur, notamment des risques à la sûreté et à la sécurité des membres du personnel des Nations Unies », a affirmé M. WANE.
Alors que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation est en panne depuis novembre 2022, les incidents inutiles de Ber sont de nature à compromettre le document pour la paix et également le retrait amorcé de la MINUSMA.
Profitant de cette circonstance, le chef de la MINUSMA a encore rappelé que les emprises de la Mission ne peuvent être transférées qu’aux autorités maliennes.
Selon lui, ce sont ces consignes qui sont en train d’être exécutées.
Par ailleurs, il s’est réjoui de constater qu’aucune partie signataire à l’Accord n’est animée d’une intention de recourir à la violence. Parce que, commente-il, toute violation grave du cessez-le-feu serait lourde de conséquences pour le Mali et, au-delà, et compliquerait toute tentative de reprendre le processus de paix.
« Les autorités ont affirmé n’avoir aucune intention d’entrer en confrontation avec les mouvements signataires et ont réaffirmé leur engagement au dialogue. De même, les mouvements signataires ont exprimé leur volonté de résoudre le problème de manière pacifique et de contribuer à la création de conditions nécessaires à la reprise du processus de paix», a-t-il rapporté.
La 2e phase commence en septembre
Cette étape sera suivie de la 2eme phase qui débutera ce 1er septembre jusqu’au 31 décembre. Elle sera articulée autour de trois séquences distinctes de fermeture et de restitution de bases à l’État malien. Au total, 6 camps devraient être transférés aux autorités de la transition. Cette rétrocession est prévue, selon le chronogramme suivant : du 1er septembre au 30 novembre, ce sera la fermeture des bases de Tessalit et d’Aguelhok (secteur nord) et du camp à Douentza (secteur centre) ; le redéploiement des membres du personnel en tenue des bases satellites à Mopti, Gao et Bamako ; et le rapatriement par la suite des unités concernées dans leurs pays d’origine respectifs.
Ensuite, du 1er au 15 décembre, il est annoncé la fermeture des camps à Mopti et Kidal, le rapatriement des troupes concernées et le transfert du matériel à Gao et Bamako.
Enfin, du 15 au 31 décembre : fermeture du camp d’Ansongo, retrait et réduction des forces de Gao et diminution de la présence à Bamako ; maintien sur
Place de détachements arrière pour garder le matériel appartenant aux contingents. Suivant la mise en œuvre de ce plan, à la date du 31 décembre, il y aurait une réduction de la majeure partie des agents en tenue de la Mission et de maintenir une seule unité de gardes pendant la phase de liquidation, conformément à la résolution du retrait de la MINUSMA.
Les contraintes
« Cette phase sera extrêmement difficile ou des convois de plus de 1000 camions devraient parcourir au moins 300 km. A cela s’ajoute le fait que le terrain est difficile et l’insécurité omniprésente », a alerté le chef de la MINUSMA.
Les contraintes de l’étape de Tombouctou sont liées notamment aux logistiques parce que la MINUSMA ne peut transporter plus de conteneurs par jour.
« Avec de telle limitation, le retrait de 2000 chargements va nécessiter l’identification d’autres itinéraires supplémentaires », a déclaré M. WANE, ajoutant également que la situation au Niger n’est pas sans conséquence sur le processus de retrait. Selon le chef de la MINUSMA, via ce pays, il est prévu d’assurer le rapatriement de certains équipements des contingents.
« Après ces deux phases, la période de liquidation débutera le 1er janvier 2024 », a annoncé M. WANE.
En raison du délai de retrait serré de la Mission, ainsi que la cessation immédiate de son mandat substantiel qui n’a pas prévu de période transitoire, dans ce contexte, a-t-il reconnu certaines tâches ne pourront pas être transférées de manière effective.
A cet effet, le Royaume Uni alerte le Conseil de sécurité d’être prêt à revoir le plan pour éviter un départ précipité qui pourrait avoir des conséquences énormes.
En réaction à ces propositions, selon le diplomate malien, Issa KONFOUROU, il n’est pas question pour le Mali d’accorder un autre délai à la Mission. Le départ de la MINUSMA doit se faire, selon la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, a-t-il été catégorique.
Également, sur le rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio GUTERRES portant le plan de retrait, le diplomate malien a dit être surpris que la MINUSMA subit des limitations de liberté de circulation sur le terrain au moyen de convois d’escorte et d’un appui aérien, tout au long du processus de réduction, de retrait et de liquidation. Parce que, selon la Mission, le 27 juin 2023, le Gouvernement de transition au Mali a donné pour instruction aux autorités douanières de limiter l’importation d’articles par la MINUSMA et ses prestataires.
Des allégations qui sont en revanche rejetées par le diplomate Issa KONFOUROU. Toute chose, selon lui, qui n’est pas en cohérence avec l’esprit de collaboration entre son pays et les responsables de la MINUSMA et même de l’ONU.
PAR SIKOU BAH