Notre pays compte 96 sites de prise en charge des porteurs du VIH. Dans ces centres de soins, des mesures ont été prises pour préserver les patients de la pandémie à Covid-19
À l’instar de la communauté internationale, notre pays célèbre aujourd’hui la Journée mondiale du Sida que consacre le 1er décembre sur le thème : «Solidarité mondiale et responsabilité partagée». Elle offre une opportunité de mobilisation de la communauté et des décideurs sur le Sida et se veut aussi un soutien aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Lancée en 1988 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la lutte contre le Sida a été la première Journée internationale dédiée à la santé.
La célébration sera l’occasion de mettre en avant les actions menées dans notre pays et se projeter dans le futur. Le responsable de la prise en charge médicale à la Cellule sectorielle de lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et les hépatites virales, Dr Cheick Oumar Bah, rappelle que le premier cas de VIH dans notre pays a été découvert en 1985. Depuis lors, le nombre de cas n’a pas cessé d’augmenter.
C’est ainsi que le ministère de la Santé et du Développement social a pris la chose à bras le corps en considérant la maladie comme un véritable problème de santé publique. À cet effet, le département a élaboré des plans sectoriels de lutte contre le VIH. Étant donné qu’il n’y avait pas encore de traitement, le but de ces plans était d’organiser la prise en charge des infections opportunistes.
Tous les 5 ans, ce plan était évalué et un autre était proposé. Ce n’est qu’en 2000 que les malades ont bénéficié des premiers médicaments, c’est-à-dire les antirétroviraux (ARV). La disponibilité de ces médicaments justifie l’Initiative malienne d’accès aux ARV (IMARV) en 2001. D’après le responsable de la cellule sectorielle de lutte contre le VIH/Sida, cette initiative a permis à un grand nombre de malades d’accéder à ces médicaments.
Depuis, la lutte a pris une grande dimension. Du plan sectoriel, le pays est passé à des plans stratégiques. Pour lui, l’élément clé dans la lutte contre le VIH au Mali remonte à 2004 lorsque le président Amadou Toumani Touré a décrété la gratuité des ARV mais aussi du bilan biologique et des infections opportunistes dans le cadre de la Politique nationale de lutte contre le Sida. Au Mali, environ 55.000 personnes sont sous traitement antirétroviral. Ces chiffres sont inférieurs aux estimations. Par contre, selon les statistiques de l’ONU SIDA, il y a 140.000 personnes vivant avec le VIH dans notre pays.
Dr Cheick Oumar Bah a expliqué qu’avec une prévalence générale de 1,1%, notre pays figure parmi les moins touchés. Cette prévalence qui varie en fonction des sexes est plus élevée chez les femmes que les hommes. Le risque est également élevé chez les travailleurs du sexe, les orpailleurs, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les consommateurs de drogues injectables, les prisonniers. Selon le responsable de la Cellule, notre pays assure pleinement la prise en charge des PVVIH avec le soutien des partenaires nationaux et internationaux. Environ 80% des fonds de lutte contre le VIH/Sida viennent de l’extérieur.
Selon Dr Cheick Oumar Bah, la difficulté de mobilisation des ressources nationales reste un casse-tête. «Nous avons toujours souhaité que la tendance soit inversée», a-t-il témoigné. Chaque année, le Mali élabore un plan stratégique dans lequel sont déclinés des activités à mener. «Mais la majeure partie de ces activités n’est pas menée car les partenaires ne prennent pas tout en charge», relève Dr Bah en indiquant la nécessité d’avoir un fonds propre pour combler le gap.
«Au début, la prise en charge était assurée au niveau d’un seul site, le Centre d’écoute, de soins, d’animation et de conseils (CESAC). Ensuite la prise en charge a été décentralisée. Nous comptons actuellement 96 sites de prise en charge sur toute l’étendue du territoire national. En raison de la Covid-19, le programme a pris des mesures pour préserver le plus longtemps possible les PVVIH du coronavirus». Et d’expliquer que cela motive la dispensation de plusieurs mois de traitement pour éloigner les malades des formations sanitaires et les sensibiliser sur le respect des mesures barrières.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR